Le coup double de la State Trading Corporation (STC) , organisme para-étatique en situation de détresse financière, avec une hausse de 33,3% du prix du gaz ménager suivie d’un autre 33,3% de celui du carburant en quatre mois, n’est pas digéré sur le plan du pouvoir d’achat. L’Association des consommateurs de l’île Maurice (ACIM) dénonce ainsi la politique « dominer » du gouvernement envers la population. Notamment à travers les nombreuses taxes imposées sur le carburant.
Jayen Chellum, secrétaire général de l’ACIM, dit noter « une grande colère » dans le pays. Il ajoute que « c’est la population qui doit agir pour que le gouvernement mette un frein à l’escalade des prix ». Une première manifestation contre la hausse abusive des prix sera organisée à Port-Louis la semaine prochaine.
« Un coup de massue sur la tête des consommateurs et une situation inacceptable »… C’est ainsi que le secrétaire général de l’ACIM qualifie les dernières augmentations des prix des produits pétroliers à la pompe et du gaz. Il déplore particulièrement la manière dont le gouvernement, à travers le ministre du Commerce et de la Protection des consommateurs, Soodesh Callichurn, a décidé de procéder à ces augmentations.
« D’abord, on augmente le prix du gaz par Rs 60, soit 33%, et 24 heures après, le prix de l’essence monte par Rs 6,10, et celui du diesel par Rs 4,50, soit 10%. C’est une politique purement dominer », s’insurge-t-il.
La question qui se pose, poursuit Jayen Chellum, est de savoir quel sera l’impact de ces hausses sur le taux d’inflation. « Déjà, nous sommes dans une situation où l’inflation a atteint 10,7%, presque 11%.
On attendra de voir ce qu’il en sera dans quelque temps. Car on a augmenté deux produits stratégiques prix en considération dans le calcul », dit-il.
Le gaz ménager, ajoute-t-il, est utilisé par plus de 400 000 familles à Maurice. « C’est dire combien de personnes seront affectées par ces augmentations. Il y a environ 600 000 véhicules sur les routes, dont plus de 100 000 motocyclettes, la plupart utilisées par des personnes au bas de l’échelle pour aller travailler. Le diesel est utilisé dans le commerce et l’industrie. Il y aura donc une cascade d’augmentations qui suivront », prévoit-il.
Jayen Chellum souligne que la roupie s’est dépréciée par 40% depuis 2017. « Les légumes ont augmenté par 60%, la viande par 4,8%, le riz par 6,1%, les œufs par 9,4%, le beurre par 86% et le fromage par 11%, entre autres. Jusqu’où irons-nous ? » se demande-t-il.
« Aujourd’hui, le directeur de la State Trading Corporation (STC) vient dire que la compagnie est en train de faire des pertes. Pourquoi ? Il faut rappeler qu’on a puisé de ses fonds pour effectuer des transferts en faveur du ministère des Finances. Si la compagnie est en train de faire des pertes, c’est au ministère des Finances de lui venir en aide, pas à la population. L’ancien ministre Cader Sayed-Hossen a dit qu’il avait laissé un fonds de Rs 1,7 milliard dans les caisses de la STC quand il a quitté le gouvernement. Qu’a-t-on fait de cet argent ? On a puisé dans les réserves de la STC et on a brisé l’élasticité du mécanisme de contrôle. »
Cette politique visant « à vouloir faire porter le chapeau aux consommateurs, relève de l’abus », dit-il.
Dans cette perspective, l’ACIM prévoit une série d’actions à partir de la semaine prochaine. D’abord, une manifestation dans la capitale. La date exacte sera communiquée ultérieurement. Une lettre sera envoyée à la police pour l’informer de cet événement. « Mais l’ACIM seule ne peut tout faire. Nous faisons des manifestations et les gens ne viennent pas. Certains se contentent de commenter sur Facebook. C’est pour cela que le gouvernement se croit tout permis, car il sait que la population va rester tranquille. Est-ce qu’on va continuer à subir ? Il faut commencer à bouger », lance-t-il en guise de cri de mobilisation.
« À travers ces augmentations abusives, le gouvernement est en train de tester en même temps la capacité de la population à tenir le coup. Quelques-uns font du bruit, mais la majorité reste tranquille. Alors la voie est libre. Ils peuvent faire ce qu’ils veulent », prévient-il en ajoutant que « cette politique est faite pour absorber les pertes encourues à cause du ministère des Finances ».
Outre la manifestation à Port-Louis, qu’il qualifie d’événement régional, Jayen Chellum annonce une grande manifestation nationale, qui se fera avec la collaboration d’autres organisations. « Nous prévoyons également une opération casseroles dans la capitale et nous invitons les femmes à venir en grand nombre exprimer leurs difficultés à nourrir leur famille. Aujourd’hui, il y a des parents qui se privent de repas pour permettre à leurs enfants de manger »,indique le secrétaire général de l’ACIM.
Une opération escargot sera aussi organisée pour dénoncer les prix abusifs de l’essence et du diesel. Jayen Chellum demande aux automobilistes de se préparer pour cet événement, dont l’objectif sera de rouler entre 20 km et 30 km par heure sur les principaux axes routiers.
Le secrétaire général de l’ACIM rappelle que si l’essence et le diesel coûtent aujourd’hui Rs 67,40 et Rs 49,60 respectivement, c’est en raison du nombre de taxes qui y sont imposées. « On paye aujourd’hui pour les vaccins, pour la construction des routes et ainsi de suite, ce qui alourdit le prix. Il faut enlever tous ces frais additionnels pour permettre aux consommateurs de respirer», réclame-t-il.
Il a fait une comparaison avec d’autres pays, dont le Canada, où l’essence se vend presque au même prix qu’à Maurice, mais où le salaire moyen est nettement supérieur. « En Malaisie, où le salaire moyen est de Rs 35 000, soit presque comme chez nous, l’essence se vend à Rs 22 le litre »,rappelle-t-il.
Parmi d’autres actions, Jayen Chellum réitère sa demande pour un débat national sur la MBC concernant le prix des produits pétroliers. « Qu’ils envoient le ministre du Commerce ou le directeur de la STC, je suis prêt à les affronter. La MBC est un service public, elle doit nous donner l’occasion de nous exprimer », propose-t-il.
Jayen Chellum dit aussi constater « une colère populaire dans le pays actuellement et que c’est l’une des raisons du renvoi des municipales par le gouvernement». Il invite ceux qui ont voté pour le présent gouvernement à faire entendre leur voix.