– Les directives viendraient du ministère des Administrations régionales
La plaque commémorative, installée le 7 août 2021 par Rezistans ek Alternativ (ReA) pour rappeler la solidarité mauricienne contre la marée noire provoquée par le naufrage du MV Wakashio, n’est pas du goût des autorités. Du moins, c’est la lecture de cette affaire suivant les événements de ces derniers jours. Quatre mois après le dévoilement de la plaque, le Chief Executive de Grand-Port a en effet ordonné qu’elle soit retirée. Des sources au conseil, dirigé par l’opposition, indiquent toutefois que les directives viendraient plutôt du gouvernement.
Le 14 janvier dernier, une lettre émanant du Conseil de district de Grand-Port et signée du Chief Executive Sheilendra Peerthum informe Ashok Subron, représentant de ReA, qu’il devra faire enlever la plaque commémorative installée au Mahebourg Waterfront. La raison évoquée est qu’il n’a pas respecté les conditions imposées, notamment d’avoir placé une plaque en granite au lieu d’une stèle et de n’avoir pas communiqué préalablement le texte qui serait gravé, comme demandé par le conseil. ReA a ainsi été sommé de retirer la plaque avant le 17 janvier, faute de quoi, le conseil s’en chargerait.
Toutefois, hier, la plaque commémorative était toujours sur place, au Mahebourg Waterfront. La question qui se pose, c’est pourquoi le Conseil de district de Grand-Port émet une telle requête quatre mois après le dévoilement de la plaque. La coïncidence est que cette directive intervient au même moment où ReA a pris position en faveur des habitants de Bambous-Virieux, dont plusieurs ont été arrêtés et relâchés sous caution en raison d’une manifestation contre les coupures d’eau récurrentes dans la localité.
Sur la plaque en granite installée à Mahébourg, on peut lire : « 25 Ziyet 2020, Nofraz MV Wakashio lor brizan Pointe d’Esny ; 6 août 2020, Delwil Wakashio fane. Krim ekolozik koumanse. Aswar, aktivist Rezistans ek Alternativ lans loperasion boue artizanal sarlon-lapay kann. Abitan Mahebourg ek lepep Moris zwenn, met lame ansam, pou sov lavi lamer ; 12 septam 2020, Manifestation istorik dan Mahebourg, kot Lepep reklam nesans Nouvo Moris. » Dans sa lettre, en réponse au Chief Executive de Grand-Port, Ashok Subron indique que ce texte avait déjà été communiqué au président du conseil, Rajiv Jangi, avant le dévoilement de la plaque commémorative.
À ce moment-là, il n’y avait cependant eu aucune objection. Ashok Subron affirme avoir été informé oralement par le président que le conseil avait approuvé l’installation de la plaque commémorative. Le 6 août 2021, ajoute ce dernier, le comité organisateur a reçu un courriel signé de Mme S. Domun-Fagoonee, informant que la demande avait été acceptée, tout en précisant les conditions. D’où la question : pourquoi le conseil a-t-il changé d’avis après quatre mois ? Selon Ashok Subron, les instructions viendraient d’en haut.
Déjà, le 26 août 2021, après l’installation de la plaque, le Chief Executive Sheilendra Peerthum avait informé ReA que le conseil ne pouvait lui accorder l’autorisation pour l’installation d’une stèle, cette fois, qui devait être dévoilée le 12 septembre 2021. Il est prié d’en faire la demande à Landscope Mauritius, propriétaire des lieux. Le comité décide donc de remettre ce projet à plus tard.
Concernant la plaque commémorative, ReA campe sur sa position. Dans la lettre envoyée au Chief Executive de Grand-Port, Ashok Subron affirme avoir appris du président que cette décision n’a pas été prise au niveau du conseil de district, mais viendrait du ministère des Administrations régionales. Il se dit également choqué d’avoir appris que c’est le texte inscrit sur la plaque qui poserait problème, selon l’attaché de presse du ministre des Administrations régionales.
Dans cette conjoncture, ReA souhaite que la question soit débattue au conseil de district de Grand-Port et que les élus des villages du sud puissent donner leur avis. Le collectif se réserve également le droit de prendre des actions appropriées pour « défendre la mémoire du peuple et la mobilisation contre la marée noire du Wakashio ».
Rappelons que le conseil de district de Grand-Port est le seul où les partis de l’opposition sont en majorité. Ce n’est pas la première fois qu’une décision passe outre le conseil. L’inauguration d’un terrain de foot à Quatre-Sœurs, où le président, habitant de la localité, n’était pas convié, en est un exemple. Ce dernier a par la suite été interrogé par la police, qui lui reproche d’avoir fait bloquer l’accès audit terrain le jour de l’inauguration.