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Post-cyclone Belal – Port Louis Waterfront : la carte postale paradisiaque écorchée par des débris

Spectacle de désolation au Port-Louis Waterfront. Des monticules de boue jonchant le sol empêchent le passage piétonnier. Le cyclone tropical Belal a écorché l’image carte postale paradisiaque du Port Louis Waterfront. Des tonnes de déchets renvoyés par la mer aux Mauriciens, comme des réfrigérateurs, des téléviseurs, des matelas et surtout des bouteilles en plastique y ont trouvé refuge. Des images d’une saleté incroyable que l’opération nettoyage en cours tentera de reléguer au second plan le plus rapidement possible.

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La mer a tout renvoyé de ses déchets – et pas que de la boue et des branches –, de l’esplanade jusqu’aux galeries, en passant par le Foodcourt et les magasins situés au Port-Louis Waterfront. Les dégâts sont considérables, avec des infiltrations d’eau de toutes parts. Il aura fallu des pelleteuses et la mobilisation des services de nettoyage, mais malgré cela, vendredi matin, le travail se poursuivait encore, au grand désarroi des Portlouisiens qui essayaient de se frayer un chemin au front de mer. Sans succès.
Presque une centaine de tonnes de déchets, incalculables, pour ceux opérant à rétablir l’ordre sur le front de mer. Des cordons jaunes de sécurité sont installés comme pour des scènes de crime, avec pour seule vision d’horreur de la boue crasseuse entassée. Le décor en prend un sale coup.

« Ou pa kapav pas la misie. Fer letour, al parti metro pou ou sorti kot lapos », martèle la responsable de la sécurité, postée au Caudan. Elle a beau donner de la voix, personne ne l’écoute. Pourtant, cette solide dame reste polie et ferme, congédiant les plus téméraires avec une politesse qui force le respect.

« Metro pa pe roule », lance un couple. « Pa ler pou fer magazin dan labou ! Kot ou pe ale ? Pou ou sekirite madam ! Si pa fer sa, ou blese, ki pou dir ? Pa’nn fer nou travay ? » rajoute-t-elle.

Patty, une touriste anglaise, se dit bouleversée: « Mauritius is like my home. It’s terrible what a cyclone can do. » Les Mauriciens semblent ne toujours pas comprendre l’étendue des dégâts. Pour eux, comme il n’y a plus d’alerte cyclonique, la routine a repris. Les questionnements fusent; ils veulent qu’on rouvre les tunnels. Les touristes, eux, filment l’étendue des dégâts. Plus on marche du métro du Caudan jusqu’à la poste, plus on constate que la vie, parfois, ne tient qu’à un fil. Il suffit d’un cyclone, en l’occurrence Belal, pour plonger cette partie de la ville dans l’obscurité.

Cela fait plus de 30 minutes que les gens essaient, sous un soleil de plomb, de tracer leur chemin. La peau burinée et cette envie d’un besoin d’évasion soudaine. Le bitume du Port-Louis Waterfront a cette même sensation d’étouffement que les hommes, sauf que lui est couvert d’une épaisse boue. Il faudrait des tonnes de lavages pour évacuer tout cela. Encore heureux qu’il n’y ait aucune odeur nauséabonde.

C’est le chaos ! Le Port-Louis Waterfront a perdu de son éclat. Les magasins sont fermés, tout n’est que désolation. Les tractopelles continuent sur leur lancée, des allées et venues continuelles depuis mardi dernier.

La colère des eaux

Laurent, la quarantaine, parle de la colère des eaux qui, profitant du passage du cyclone, ont rendu aux Mauriciens en plein visage tous les déchets qu’ils y ont jetés. Pas que des bouteilles en plastique, mais aussi des réfrigérateurs, des téléviseurs, des matelas. Bref, de tout ce qu’un foyer comporte et dont on s’en est débarrassé dans tous les coins. La montée des eaux a tout ramené. Visible à l’œil, comme pour secouer tout un chacun à adopter un geste de responsabilité. « Pa zis servis meteo ki ena tor pa finn averti atan lapopilasion. Dimounn osi bizin aret zet salte partou », lance ce quinquagénaire.

« En 25 ans, c’est du jamais-vu au Port-Louis Waterfront », laisse entendre Laurent avec un hochement de tête. Il reste perplexe. Pourtant, des cyclones se sont abattus maintes fois sur l’île, mais Belal a été le plus révélateur. « Cette montée des eaux a pris les gens par surprise, et pas qu’au Port-Louis Waterfront. Regardez les vidéos près du Jardin de la Compagnie, avec ces innombrables voitures piégées. Et cette dame qui a dû grimper sur le toit de sa voiture… »

Raj, qui connaît bien les lieux, parle de la montée des eaux depuis le Grenier du Port-Louis Waterfront. « Il ne faut pas confondre le Port-Louis Waterfront et le Caudan. Le Port-Louis Waterfront commence à partir du grenier, englobe le magasin AX, Dodo, jusqu’au MCiné. Il y a le tunnel Sud, Dr Ferrière, et le tunnel Nord, Sir William Newton. Beaucoup de magasins du Port-Louis Waterfront ont été affectés. Face à la mer, on a le coaster’s sheds, incluant le foodcourt et l’ascenseur panoramique. Belal a tout balayé sur son chemin. »

Un agent de sécurité indique que si les portes des tunnels du Port-Louis Waterfront et du Caudan n’étaient pas fermées, cela aurait créé plus de chaos. « L’eau est arrivée sous mes reins. Bon nageur ou pas, moman-la ti difisil. Pa gagn letan panse. Bizin sorti ladan. »

Des commerçantes gérant des Prime Locations se disent en état de choc. Lovena explique : « 15 zan mo la. Mo finn gagn sier frwad. Port-Louis Waterfront li nouvo baz, me pa finn eparnye par siklonn. Mon assurance m’a téléphoné, et il n’y a eu de dégâts que de la montée des eaux. Mais nous avons perdu beaucoup en termes de ventes. Depuis mardi, nous sommes en arrêt de travail en attendant le retour à la normale. La location avoisine Rs 48 000 par mois. Nous espérons pouvoir rentrer dans nos frais », lâche-t-elle avec un air de dépit.

Steve parle pour sa part en métaphore d’un Port-Louis Waterfront au visage défiguré. « Il faut arrêter de couvrir les drains de canalisations. Il faut que, dès le mois d’août, septembre, octobre et novembre, il y ait un suivi périodique des drains, et ne pas attendre le passage d’un cyclone en décembre, janvier ou février. Il faut faire des enquêtes sous les ponts et voir la situation. Il faut pousser les autorités à réagir, à aller à la source. Apre inondasion, fode pa ena bann eboulman lor montagn. »

Steve poursuit : « Il faut arrêter avec les grillages, les slabs, comme on les appelle, qui empêchent l’évacuation des eaux. Il faut voir sur les montagnes, les drains, les ponts, aller à la source, quitte à utiliser des drones pour un meilleur repérage. Si pa aret sa, sak siklonn nou bann larout pou vinn bann larivier. »

Kooshall Nundlall, Center Manager du Port-Louis Waterfront, parle aussi de « choc déplorable » lié au passage de Belal. « Au niveau des dégâts matériels, ce sont des pertes considérables. L’eau s’est infiltrée de partout, avec des déchets dont on ne s’attendait pas. Il est grand temps que chaque personne fasse sa propre réflexion sur la manière dont on doit traiter les déchets. Chaque foyer mauricien doit se responsabiliser. C’est une leçon à retenir ! »

Mais ce vendredi, une croisière avec des milliers de passagers faisait escale à Port-Louis et le front de mer ayant perdu de son lustre…

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