À quelques semaines des élections municipales, les habitants de Ward 8, englobant Cité-La-Cure et Vallée-des-Prêtres, expriment leur mécontentement avec ferveur. Derrière les sourires résignés, la lassitude est palpable. Entre la pénurie d’eau, les déchets à ciel ouvert et les routes laissées à l’abandon, la population exige des actions concrètes, au-delà de simples promesses électorales.
Dans les ruelles animées de Ward 8, entre les murs défraîchis de la Cité-La-Cure et les collines verdoyantes de la Vallée-des-Prêtres, un désir commun émerge parmi les 12 545 habitants : l’attente d’un véritable changement. Les doléances se multiplient, et les attentes sont claires. Les habitants espèrent que cette fois, les promesses électorales ne resteront pas lettre morte.
L’eau, un luxe devenu quotidien
La première plainte qui revient sur toutes les lèvres est l’absence d’accès régulier à l’eau potable. Dans plusieurs quartiers de Cité-La-Cure, de nombreuses familles vivent encore dans des conditions précaires, sans eau courante, tandis que leurs robinets restent à sec pendant des jours. « Depuis des années, nous n’avons pas d’approvisionnement régulier à la maison. Nous devons acheter des bouteilles ou aller chercher de l’eau dans un réservoir éloigné. Parfois, nous avons même du mal à trouver de l’eau pour nous baigner. La municipalité devait remplacer les tuyaux d’eau pour résoudre ce problème, mais le projet a été abandonné. Ce n’est pas vivable ; ce n’est pas normal en 2025 », déclare une habitante excédée de la région.
D’autres quartiers ne disposent que de deux heures d’eau par jour, ce qui est insuffisant, ajoute Gérard. « Le réservoir s’ouvre à trois heures du matin. Cependant, lorsque nous nous réveillons, l’eau a déjà cessé de couler. À quelle heure devrions-nous nous réveiller pour remplir nos récipients ? » se demande-t-il. Il a également précisé que les habitants vivent non seulement sans eau mais souvent sans électricité. Bien que les candidats aux élections multiplient les promesses, la population demeure sceptique : « Tout le monde promet, mais personne ne fait quoi que ce soit. » Un autre résident rajoute: « ce problème ne date pas d’hier. Il nous faut une solution durable. »
Accumulation de déchets
Un autre obstacle majeur réside dans l’accumulation des ordures dans les rues. Les camions de collecte se font rares, parfois absents pendant plusieurs semaines. En conséquence, des dépotoirs d’ordures se forment, entraînant de mauvaises odeurs qui envahissent les habitations et augmentent les risques pour la santé. Cette situation devient un véritable terreau pour les insectes et les rongeurs, aggravant la propagation de maladies. « C’est un vrai problème sanitaire. Les enfants tombent malades à cause de cela : fièvre, infections, allergies… mais personne n’agit », déplore un autre habitant du quartier. Les résidents se sentent de plus en plus démunis et vulnérables face à l’inaction des autorités. « Il est essentiel de redoubler d’efforts pour restaurer la propreté et la sécurité dans notre environnement », insiste-t-il.
Des routes impraticables
Dans certaines zones de Cité-La-Cure, les routes sont en terre, non asphaltées, et deviennent impraticables à la moindre pluie. Cela complique la circulation des voitures, et même celle des piétons. Les habitants dénoncent un manque total d’entretien de la part des autorités municipales. « Pendant la saison des pluies, les enfants rencontrent de grandes difficultés pour se rendre à l’école, car les routes deviennent boueuses et glissantes », explique une habitante. Dans un quartier plus bas, les chemins asphaltés sont en très mauvais état. « Ces routes ont été fortement négligées. L’ancien régime a creusé pour installer des tuyauteries il y a deux ans, mais depuis, rien n’a été fait. Les routes restent endommagées, avec de gros trous », s’insurge-t-on quasi unanimement.
Les autres habitants se plaignent aussi de l’absence de trottoirs sécurisés et de la situation d’assainissement dans le quartier. « Les gens de Ti-Rodrigues doivent se contenter de toilettes à fosse, et en cas d’inondation, ces toilettes débordent, entraînant la contamination par de l’eau sale et des déchets. Cette situation est non seulement désagréable, mais elle pose également de sérieux risques pour la santé publique. C’est vraiment dégoûtant de vivre dans de telles conditions », regrettent-ils. Ils font ressortir que les autorités doivent prêter une oreille attentive aux préoccupations des habitants et agir rapidement pour assurer un cadre de vie sain et sûr pour tous.
Un ras-le-bol général
Dans d’autres régions, les jeunes expriment un besoin crucial d’infrastructures : il n’y a ni bibliothèque, ni centre sportif ou de loisirs dignes de ce nom, et très peu d’activités encadrées. « Nous n’avons rien ici pour nous occuper ou nous former. Nous traînons dans les rues, et après on nous accuse d’être des délinquants », confie Jérémie, 19 ans. Il a pour preuve l’état du jardin d’enfants, qui est en mauvais état avec des équipements cassés, et estime que le terrain de football nécessite également des rénovations.
À Vallée-des-Prêtres comme à La-Cure, les habitants se sentent abandonnés. Outre le problème d’accumulation d’eau entre autres, ils rencontrent également des difficultés de transport au quotidien, comme le non-respect des horaires de bus, l’absence de taxis et les problèmes d’embouteillage. « Nous ne demandons pas la lune. Juste de vivre dignement. C’est notre droit », lance une habitante comme un pavé dans la mare des municipales. Alors que les candidats multiplient les visites, les discours et les promesses, les citoyens de Ward 8, eux, demandent des preuves. « Cette fois, on veut des résultats. Pas juste des paroles. Sinon, à quoi bon voter ? ». Plusieurs habitants pointent également le manque de dialogue entre la mairie et les citoyens. « On ne nous consulte jamais. Il faut qu’un conseiller municipal vienne vraiment écouter », explique électeur à la retraite de Vallée-des-Prêtres.
Les promesses des candidats
Interrogés sur les préoccupations des habitants, plusieurs candidats engagés dans la course municipale exposent leurs priorités pour Ward 8. Chetan Boojhawon, candidat de l’Alliance du Changement, reconnaît l’ampleur des défis auxquels les habitants font face et affirme sa détermination à les résoudre. « Nous tenons à assurer les habitants que nous sommes à l’écoute de leurs besoins et de leurs préoccupations. Nous ferons tout notre possible pour améliorer la qualité de vie des citoyens de Ward 8. Nous demandons à chacun de garder confiance en nous pour apporter des solutions durables. Comme le dit notre slogan : « ansam nou netway nou lavil ». Ensemble, nous pouvons créer un avenir meilleur pour notre communauté », affirme-t-il.
De son côté, un candidat indépendant, avance que l’accès à l’eau sera au cœur de son mandat : « Nous ne pouvons pas parler de développement si les familles n’ont même pas d’eau au robinet. Je m’engage à travailler avec les autorités compétentes pour régler ce problème une bonne fois pour toutes. ». Il a également promis une réforme du système de gestion des déchets.
Concernant les routes non asphaltées, plusieurs candidats disent vouloir accélérer les projets d’infrastructures abandonnés par l’ancien régime dans les zones négligées, mais les habitants restent prudents : « Nous entendons cela à chaque élection. Tous les politiciens se ressemblent : ils promettent des choses, puis disparaissent une fois qu’ils ont obtenu ce qu’ils voulaient », confie un résident sceptique. « Nous ne recherchons pas seulement un candidat capable de prononcer de belles promesses, mais un leader qui a la volonté d’agir et de transformer notre quotidien. »