Port-Louis (Ward 5) : La drogue et les inondations comme enjeux

Le Ward 5 de Port-Louis comprend principalement Vallée-Pitot et une partie de Plaine-Verte. C’est dans cette région dont sont issus des ex-marchands ambulants en majorité opérant dans les limites de la capitale. D’ailleurs, le sujet a toujours été un des thèmes majeurs lors des différentes campagnes électorales dans ce Ward. Si des habitants reconnaissent quelques développements, d’autres se plaignent que leur situation ne se soit guère améliorée durant la dernière décennie.

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Les critiques proviennent surtout de la région de Vallée-Pitot où les citoyens se disent laissés pour compte. Abdool Carrim, résidant rue Alma, dira que le fléau de la drogue gangrène cette localité depuis plusieurs années. « C’est un fléau majeur ici et malgré des renseignements que les travailleurs sociaux donnent à la police, rien de concret n’est fait. À ma connaissance, il n’y a pas eu une grande opération antidrogue à Vallée-Pitot depuis longtemps », dit-il. Il regrette que beaucoup de jeunes soient victimes de ce fléau et estime qu’indirectement, la mairie a sa part de responsabilité. « Il y a un manque d’infrastructures sportives et de loisirs », crie-t-il. S’il y a bien un centre polyvalent à Vallée-Pitot, des habitants estiment qu’il offre très peu de services.

Khalil, un ado de 17 ans de Cité-Rozemont, affirme que les jeunes n’ont pas de lieu de loisirs adapté. « Il y a un terrain de foot appartenant à l’école primaire de Vallée-Pitot. Sauf que le lieu n’est pas bien éclairé. » Et celui-ci de faire comprendre : « Si ena 100 zenes ki anvi zwe foutbol dan Vallée-Pitot, ena zis enn terin, kouma pou departaz sa ? »
Ce collégien dira que de temps en temps, ses amis et lui se rendent au jardin d’enfants de Vallée-Pitot pour une partie de foot. « Nous savons que le lieu n’est pas bien adapté. Me nou tras-trase », laisse-t-il échapper.

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Auparavant, ils se rendaient au Champ-de-Mars, mais ils ont fini par abandonner le terrain suite à des aménagements de la PTP et la présence intimidante de gros bras qui surveillaient ce site. Avec le retour du Mauritius Turf Club, cet ado espère retrouver les joies d’antan et un espace plus élargi pour s’adonner à la pratique de son sport favori, le foot.

Dans la zone connue comme Chalet à Vallée-Pitot, le problème de glissement de terrain polarise l’attention. « Lorsqu’il y a de grosses averses, des roches tombent en direction de nos maisons », fait part une retraitée. Cette dernière confie que la police et des officiers de la mairie de Port-Louis (Local Emergency Operations Command) lui demandent de quitter sa maison lors des grosses pluies, mais elle refuse. « Zot dir mwa al dan sant. Mo pa pou ale. Zot bizin trouv enn solisyon pou sa problem-la », peste-t-elle.

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Le changement climatique affecte aussi Vallée-Pitot et la route principale de Boulevard Victoria. « Malgré une profondeur de deux mètres environ, le pont déborde lors de grosses averses. La route devient un torrent et il est difficile de circuler », confie Akbar. Il souligne qu’il y a la mosquée Abu Bakr Siddique tout près qui est durement affectée.
« L’eau entre dans la mosquée et fait d’énormes dégâts. Lors du passage du cyclone Belal, il a fallu refaire le lieu comme changer les moquettes, la peinture et mener des réparations. Cela a coûté beaucoup d’argent, mais nous avons pu compter sur des personnes généreuses. » Akbar lance un appel à la municipalité pour nettoyer le pont de la rue Boulevard Victoria plus régulièrement. « Dimounn bizin pran zot responsabilite e aret zet salte dan pon-la », dénonce-t-il.

De nombreux habitants de Vallée-Pitot se disent plus ou moins satisfaits de l’exercice de ramassage d’ordures. Cependant, ils déplorent une lenteur administrative au regard d’autres problèmes comme l’éclairage des routes au Chalet et le réasphaltage de certaines rues.

Le-Mauricien a remarqué un désintérêt pour les prochaines élections municipales dans cette région. « Bann konseye-la ki pouvwar ena ? Apar fer ramas salte, met lekleraz, met koltar lor sime », se demande M. Foondun, que Le Mauricien a rencontré rue Boulevard Hugon. Il soutient qu’il y a des problèmes plus importants à régler comme les ravages de la drogue, le taux d’échec à l’école primaire de Vallée-Pitot ou encore le chômage parmi les jeunes de l’endroit.

Le Ward 5 comprend aussi une partie de Plaine-Verte, dont le jardin. S’il n’y a pas un véritable engouement pour les municipales à ce stade, certains résidents diront qu’ils vont tout de même accomplir leur devoir civique le 4 mai. « Il y a eu quelques changements après les élections générales. Par exemple, le terrain de foot de l’école Idrice Goomany est désormais ouvert chaque après-midi pour que les jeunes puissent pratiquer le sport. Le gazon est taillé régulièrement », témoigne Manally. Alors que rue Magon, il y a la piscine municipale de Plaine-Verte.

« Il y a un problème avec le chauffage depuis des mois. La mairie n’a pas réglé le problème. La piscine était fermée dans le passé à cause d’un problème avec son système de pompage », affirme un habitué. Il estime que la mairie ne disposerait pas assez de fonds pour les différentes réparations. Et juste à côté de la piscine se trouve un terrain de foot synthétique en décrépitude. Il n’existe même pas une partie du gazon synthétique.
L’un des chantiers majeurs de la mairie de Port-Louis durant le dernier mandat demeure la rénovation du centre Idrice Goomany. Auparavant, ce lieu était délabré alors que des sportifs n’arrivaient plus à s’adonner à des exercices. Le projet a coûté environ Rs 100 millions et le lieu a été reconverti en deux grandes salles pouvant accueillir des événements sociaux ou encore des mariages. Les sportifs se sont consolés avec la construction de la Plaine-Verte Sport Arena.

Cependant, quelques habitants, comme Cader, déplorent que cette construction ait été faite au détriment des plus petits. « Les autorités ont détruit un jardin d’enfants pour construire ce centre sportif. Mais ils n’ont proposé aucune alternative où les enfants puissent jouer. »
Cader confie qu’il n’a pas encore pris de décision s’il ira voter ou pas pour les municipales. Et concernant la performance des conseillers sortants, il affirme qu’un ou deux seulement étaient sur le terrain continuellement.
Le Ward 5 comprend aussi le jardin de Plaine-Verte, un des rares espaces verts dans la capitale. Si le lieu semble être plus ou moins entretenu, cependant il y a un manque de poubelles. Certaines sont tout simplement débordées ou n’ont plus de surface, laissant tomber tous les déchets. Entre-temps, la partie du jardin à côté du Square Khadafi est source de problèmes. Ce lieu est devenu un repère pour des drogués. « Nou bizin fer netoyaz an prezans lapolis. Gagn sering, papie aliminium brile, fiol medsinn. Kapav blese ar sa », confie un employé de voirie dans l’enceinte de la mairie de Port-Louis.
Ce dernier affirme que la police chasse les toxicomanes de temps en temps, mais qu’ils reviennent après quelques jours. « Parfwa kan zot kas poz, nou ezite nou netway zardin. Nou gagn menas. Dimounn plegne ki twalet pa prop, me se pa nou fot. Tou le gramatin nou netwaye. Ariv tanto, gagn fiol, boutey ek malpropte dan twalet. »
Or, le poste de police de Plaine-Verte se trouve juste à côté du jardin. « Ou fer mwa kwar gard pa kone ki deroule dan za zardin-la ? » s’interroge-t-il.
Contrairement à la région voisine de Vallée-Pitot, cette partie de Plaine-Verte ne fait pas face à des inondations. Mais les habitants demandent que les drains soient nettoyés régulièrement et que les équipements de l’open gym dans le jardin soient entretenus.
Les habitants que Le-Mauricien a rencontrés disent vouloir expliquer la situation aux élus de leur circonscription plutôt qu’aux conseillers municipaux. « Bann konseye pena ase pouvwar. Kan nou al get bann depite ki travay-la avanse. » Il y a eu quatre lords-maires de 2015 à 2025, dont deux étaient issus du Ward 5, nommément Mahfooz Cadersaib et Issop Nujuraully. Lors des municipales de 2015, seules 5 984 personnes avaient accompli leur devoir civique sur un total de 16 246 électeurs. Il avait fallu 2 404 votes seulement à Issop Nujuraully pour sortir en tête de liste.

 

Le scrutin municipal comme tremplin pour accéder à l’hôtel du GM

Plusieurs élus de Plaine-Verte et Vallée-Pitot sont passés par les élections régionales pour se forger une réputation en politique avant de gagner l’hôtel du gouvernement plus tard. Parmi les anciens conseillers de la mairie de Port-Louis élus dans les localités mentionnées dessus et qui sont devenus députés, citons (feu) Siddick Chady, Anwar Husnoo (feu) Reza Issack, Salim Abbas Mamode et Cehl Meeah. Il n’y avait que six Wards à Port-Louis et ce n’est qu’après une réforme du gouvernement central que les wards à Port-Louis sont passés à huit pour les municipales de 2012. Élus dans d’autres Wards, des personnalités comme Eshan Juman, Mahen Gondeea, Ludovic Casernes, ou encore Bobby Hurreeram ont à un moment de leur carrière politique siégé sur le conseil de la mairie de Port-Louis.

TABLEAU- PORT-LOUIS (Ward 5)
Nombre d’électeurs inscrits : 16 687

Surtee Soonee GS : 5 279
G.M.D Atchia SSS : 2 143
Dr Idrice Goomany GS : 4 363
Jean Lebrun GS : 3 882
Ex Medco Trinity : 1 020

 

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