– Une plus grande autonomie de la MPA recommandée
L’importance de l’autonomie et de l’indépendance financière de la Mauritius Ports Authority (MPA) figure parmi les recommandations formulées par la Competition Commission à la suite d’une étude réalisée avec la contribution d’experts étrangers. « La gouvernance ainsi que les relations entretenues par la MPA avec le gouvernement doivent changer. La MPA veut agir comme un régulateur stratégique indépendant », soulignent les auteurs du rapport. Le document préconise également une prise en charge de la CHCL par un opérateur privé.
L’étude consacrée au secteur portuaire avait pour but d’identifier les obstacles à la compétition dans ce secteur en prenant en compte des effets des règlements, des opérations et des conditions susceptibles d’affecter l’efficacité dans le port. Les attributions de l’étude incluent la compréhension de la gouvernance dans le port et concernent également tous les Stakeholders dans le secteur du port, dont ceux engagés dans les exportations, les importations, le transbordement ainsi que le port franc.
Le rapport souligne d’entrée de jeu que l’économie mauricienne est fortement dépendante des importations et des exportations. « As sole port, the port services 99% of the country’s external trade in goods, as well as inter islands trade. Any inefficiencies will lead to high freight costs, delay in imports and exports, and a loss of international competitiveness of the country on the world market, with knock-on effects on the growth of the economy », affirme le document rendu public par la Competition Commission.
Le fait incontournable demeure qu’au Container Port Performance Index 2022, le port de Maurice était classé 327e sur 348 ports en raison de sa très mauvaise performance au niveau du port de conteneurs. Le rapport observe également que de nombreux articles de presse ont souligné l’inefficience des opérations portuaires, en particulier en ce qui concerne la manutention des produits et du Cost of Trade ».
Les auteurs du rapport relèvent également que les tarifs portuaires n’ont pas changé depuis 1990 et que la révision apportée en 2000 et ces tarifs figurent parmi les plus bas pratiqués dans le monde. Les frais portuaires représentent autour de 5% des coûts maritimes à Maurice. Toutefois, les utilisateurs des services portuaires sont disposés à payer plus cher à condition que l’efficience portuaire s’améliore.
Un port plus efficient est en effet susceptible d’attirer des navires beaucoup plus grands, ce qui aurait contribué à réduire le coût du fret maritime, peut-on encore lire dans le document. Tout en insistant sur l’importance d’une MPA plus indépendante, le rapport refuse de recommander l’établissement d’un régulateur privé indépendant. « Nous recommandons l’autonomie de la MPA ainsi que son indépendance financière afin de lui permettre d’être un régulateur stratégique efficace », est-il noté.
Pour les auteurs du rapport, un des signes évidents de l’inefficacité de la MPA est le fait que de nombreux postes administratifs sont restés vacants et sont occupés par des suppléants. Les critiques les plus fréquentes par rapport aux opérations portuaires concernent la CHCL, qui est la seule organisation assurant la manutention des conteneurs. « The CHCL seems unable to invest quickly and effectively in the new equipment that is clearly already overdue and its operational performance is widely disparaged by Port User », lit-on dans le rapport.
La Competition Commission estime que la MPA devrait être en mesure de rappeler la CHCL à l’ordre. Par conséquent, le rapport recommande que les représentants de la MPA ne siègent plus sur le conseil d’administration de la CHCL. Une telle présence donnerait en effet lieu, selon les auteurs du document, à des conflits d’intérêts, car la MPA ne peut critiquer la gestion d’une organisation dans laquelle siègent ses propres représentants.
Toujours concernant la CHCL, le rapport dénonce le fait que celle-ci opère en deçà des objectifs de productivité au niveau des portiques avec, pour résultat, que le nombre de navires desservant Port-Louis a baissé. Cette situation constitue une source d’inquiétude, prenant en considération que le gouvernement veut positionner Maurice comme un hub portuaire au niveau régional et veut augmenter les revenus portuaires.
Quant à savoir si un opérateur privé de conteneurs pourrait faire son entrée dans le port en vue de créer plus de compétition et, ainsi, améliorer la performance portuaire, les auteurs du rapport considèrent que cette option n’est pas faisable en raison du faible volume de conteneurs traités et l’absence d’espace nécessaire pour un deuxième quai de conteneurs.
Il cite le rapport réalisé par De Langen de 2021, qui était parvenu à la conclusion qu’un port de conteneurs devrait pouvoir traiter 900 000 TEU par an pour opérer efficacement. Or, Port-Louis traite actuellement seulement 450 000 TEU, soit la moitié de la capacité optimale. Quant à l’espace, le rapport note que « if and when the island terminal is built, this will become possible and highly desirable, so any such terminal should be designed with the needs of a second,competing container handling company in mind ».
Privatisation de la CHCL
En vue de l’amélioration de l’efficience portuaire, le rapport recommande par ailleurs la privatisation des services de manutention des conteneurs à travers la participation partielle ou complète de la gestion de la CHCL « which may require a majority or 100% performance regime ». Les auteurs arrivent à la conclusion que la « CHCL’s current performance is demonstrably poor, to the detriment of all consumers and business or Mauritius ». Mais aussi que les problèmes ainsi que la mauvaise performance portuaire relèvent partiellement de l’administration de la compagnie d’État.
Cette performance est également provoquée par les retards enregistrés au niveau des investissements qui sont attribués aux procédures d’appel d’offres, est-il noté. Le rapport de la Competition Commission plaide de fait en faveur de l’arrivée d’un Global Terminal Operator.
Il souligne : « operational control is more important than ownership, but to be in effective control the operator needs to be assured of a continuing stake in the business and to realise the returns from investments and performance improvements. Such assurance may well require a majority ownership stake as well as guarantees in any concession contract. This should assure the operator the rights to its property and to any profits that arise from good performance. The concession contract should also provide tough performance targets, investment requirements and any public policy priorities such as on charges that the government may need to impose. »
La Competition Commission est d’avis que « such operator would ideally be appointed through a competitive process although the complexity of the concession probably requires a negotiation phase rather than a simple round of bidding ».
Cette option de privatisation ainsi que l’introduction d’un opérateur privé pour booster la compétition et la performance fait l’objet d’une longue analyse. Le rapport s’appesantit cependant sur l’importance d’un « strong, independent regulator, capable of assessing and imposing tough conditions upon what is likely to be a large multinational entreprise ».
Le rapport passe en outre en revue les produits importés en vrac, comme le ciment, le charbon, les produits pétroliers, le blé et les graines de soya. Il évoque également les différents services offerts dans le secteur portuaire.
Concernant Rodrigues, les échanges commerciaux avec l’île sont opérés par la Mauritius Shipping Corporation Ltd (MSCL), qui assure un service maritime trois fois par mois au minimum. La MSCL travaille avec une agence maritime, à savoir Velogic. Les tarifs maritimes, eux, sont contrôlés par le gouvernement.
Le manque de développement d’infrastructures portuaires dans l’île entraîne souvent des retards dans l’embarquement et le débarquement des marchandises, note-t-on. Les auteurs du rapport recommandent ainsi que le gouvernement considère un modèle plus compétitif pour la desserte maritime à Rodrigues afin de remplacer le service gouvernemental « which seems to perform poorly ».