Répondant aux questions de la presse hier après une cérémonie de signature d’accord à l’hôtel La Bourdonnais, Olivier Becht, ministre délégué auprès de la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, affirme que « la France et Maurice partagent la même vision des relations internationales ». À la recherche d’un multilatéralisme où chaque Etat serait sur un pied d’égalité avec les autres, il dira : « Nous voulons des États qui respectent le droit, la démocratie et la dignité de la personne humaine. Dans le monde dans lequel nous vivons, il est bon d’avoir des amis comme les Mauriciens, qui sont à nos côtés pour défendre ces valeurs dans le cadre des relations internationales. »
Votre visite coïncide avec l’ouverture de la COP28 à Dubaï, et il se trouve que les accords que vous avez signés avec les autorités mauriciennes sont liés au développement durable et au changement climatique. Y a-t-il un lien entre les deux ?
Il n’y a pas de lien direct avec la COP28, mais en vérité, tout est lié. Pourquoi ? Parce que le climat change. On se rend compte que les territoires qui avaient des ressources en eau à peu près égales tout au long de l’année se retrouvent aujourd’hui subitement devant une crise hydrique et sans eau. Il ne pleut plus pendant des mois et des mois, et puis, tout d’un coup, il y a des précipitations abondantes, et on a plusieurs mois d’eaux qui tombent en même temps. Cela veut dire qu’il faut gérer les ressources en eau de manière différente. C’est impératif, parce que l’eau est indispensable à la vie, pour l’agriculture… Il faut savoir préserver cette ressource en eau. Ce sont des politiques publiques que nous allons, nous, États du monde de cette planète, devoir développer, et plus particulièrement dans l’océan Indien. C’est un plaisir et un honneur aussi d’être aux côtés de Maurice pour aider Maurice à développer sa politique.
L’éducation et les infrastructures semblent être des sujets qui vous intéressent, puisque vous avez visité le viaduc de Sorèze et le Lycée des Mascareignes ce matin…
L’éducation nous intéresse beaucoup. De l’éducation que nous donnons à nos enfants dépend notre avenir. Il faut donner la meilleure éducation possible pour donner la meilleure chance à nos enfants de réussir dans la vie. C’est ce que veut aujourd’hui tout parent pour ses enfants. Nous avons la chance, à Maurice, d’avoir cinq lycées français, qui accueillent plus de 5 000 élèves. Nous avons eu la chance ce matin de visiter le Lycée des Mascareignes, qui a mis en place une section sport-étude, c’est-à-dire de l’excellence sportive de haut niveau, qui représentera peut-être l’île Maurice ou la France aux Jeux Olympiques de Los Angeles, en 2028. C’est un bonheur de voir ces jeunes disposer de nouvelles infrastructures et d’un internat, pour pouvoir rester pour certains le soir s’ils le souhaitent.
Le pont est un bel ouvrage réalisé par des entreprises françaises. Donc, la France est également intéressée avec les infrastructures ?
Je connais Maurice depuis 22 ans. J’y viens très régulièrement avec ma femme et mon fils pour me reposer en tant que touriste. Je suis impressionné par le progrès que Maurice a réalisé depuis ces 20 dernières années en matière d’infrastructures, et surtout en matière d’infrastructures routières. J’ai été ce matin sur le viaduc de Grande-Rivière-Nord-Ouest, qui est encore en chantier. Le projet est élaboré par une entreprise française qui emploie à plus de 85% des Mauriciens. C’est un ouvrage majeur qui permettra de relier plusieurs autres ouvrages de circulation entre plusieurs parties du pays.
Voyez-vous Maurice jouer un rôle majeur dans l’Indo-pacifique, que vous avez mentionné ?
Maurice est un État majeur et fondamental dans cette zone de l’Indo-pacifique. Maurice se développe comme un hub entre l’Afrique et l’Inde, mais aussi entre les autres pays de l’Afrique de l’est et de l’océan Indien, les pays de l’ASEAN et l’Australie. Nous avons déjà une très forte relation d’amitié entre la France et Maurice, mais nous avons aussi de nouveaux partenariats à construire pour bénéficier de cette prospérité dans cette zone la plus dynamique du monde. C’est une zone où la France est présente à travers Mayotte, La Réunion, et la Polynésie française à travers la Nouvelle-Calédonie. Il y a plus de 1,6 million de Français qui vivent sur les territoires français dans la zone indo-pacifique.
Nous voulons être un partenaire pour construire cette prospérité commune à la fois dans les grands défis que sont la lutte contre les trafics, notamment de drogue et la piraterie, mais nous devons également être actifs dans les domaines que sont la transition énergétique et la protection de l’environnement. Mais aussi la révolution digitale, qui est un défi à relever ensemble, et ensuite toutes les infrastructures dont vous avez parlé, et bien sûr la culture, qui nous permet de partager un destin commun.
La France et Maurice partagent également la même vision des relations internationales. Nous voulons un multilatéralisme où chaque État serait sur un pied d’égalité avec les autres. Nous voulons des États qui respectent le droit, la démocratie et la dignité de la personne humaine, et dans le monde dans lequel nous vivons, il est bon d’avoir des amis comme les Mauriciens, qui sont à nos côtés pour défendre ces valeurs dans le cadre des relations internationales.