Le Premier ministre a soutenu avec force hier que la décision de Maurice de juger un certain nombre de pirates présumés et d’incarcérer les coupables n’a fait l’objet d’aucune pression de l’Union européenne. Cette démarche, affirme Navin Ramgoolam, fait partie des responsabilités internationales de Maurice. « We need to partner with the international community to address the burden posed to Mauritius by acts of piracy », a-t-il fait comprendre, en insistant sur le fait que tous les pays de la région ont le devoir de jouer leur rôle dans la lutte contre le fléau de la piraterie.
Résumant les débats sur ce texte de loi hier soir, Navin Ramgoolam a expliqué que la conclusion d’un accord entre Maurice et l’Union européenne en juillet dernier a fait l’objet de longues discussions qui ont débuté depuis 2009. « L’accord conclu a fait l’objet d’intenses et rudes négociations au point que la Baronne Ashton, haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la sécurité, le cite régulièrement dans les forums internationaux comme un exemple à suivre par les autres pays », dit-il.
Répondant à Veda Baloomoody, le PM a exprimé son étonnement que le texte de l’accord conclu entre Maurice et l’Union européenne ne porte aucune signature. Il affirme avoir demandé des précisions à cet effet aux personnes responsables. Navin Ramgoolam estime toutefois que le député mauve aurait dû pendre la peine de lire l’accord complètement. « Il se serait alors rendu compte que l’article 4 de l’accord affirme que les pirates présumés doivent être traités de manière humaine conformément aux principes des droits de l’homme comme prévu par la Constitution de Maurice ».
Le Premier ministre a justifié la signature de l’accord avec l’Union européenne pour la simple raison que cela était nécessaire afin d’obtenir le financement pour la construction d’une nouvelle prison. Celle-ci pourra être utilisée par les autorités mauriciennes une fois qu’une solution aura été trouvée au problème de la piraterie. Il a aussi expliqué qu’une équipe de commandos mauriciens a été formée pour les besoins de la lutte contre la piraterie.
M. Ramgoolam a aussi soutenu que les juges mauriciens sont tout à fait en mesure de traiter les cas de piraterie avec professionnalisme.
S’agissant des « pirates présumés », les autorités mauriciennes, dit-il, ne sont pas obligées d’accepter tous ceux qui lui sont proposés. Maurice se réserve le droit de refuser l’accueil de certains pirates.
Extension du problème
D’autre part, poursuit le chef du gouvernement, après leur jugement les pirates présumés qui n’auront pas été trouvés coupables ne seront pas autorisés à rester à Maurice, notre pays n’étant pas signataire de la Convention concernant le droit d’asile. De plus, un accord a été conclu avec l’United Nations Office for Drug and Crime pour le transfert de ces ressortissants somaliens dans leur pays.
Le Premier ministre a insisté sur les effets de la piraterie sur le fret maritime et les assurances. Ce qui a des répercussions sur le coût de la vie à Maurice. Insistant sur la responsabilité internationale de notre pays, il a fait comprendre que Maurice a le devoir de participer pleinement à la lutte contre la piraterie et ne peut se contenter d’une attitude passive face à ce problème. « Qu’est-ce qui se passerait si des Mauriciens étaient attaqués par des pirates ? Quelle aide pourrions-nous solliciter auprès de la communauté internationale alors que nous n’avons rien fait pour aider à combattre la piraterie ? » a-t-il lancé.
Cette idée avait été reprise auparavant par Arvin Boolell, Yatin Varma et Shakeel Mohamed, qui ont été unanimes à dire que « nous ne pouvons nous défiler devant nos responsabilités ».
Dans son intervention dans le cadre des débats sur cette question, Paul Bérenger s’est appesanti sur la situation en Somalie. Il a fait mention du rapport du conseiller spécial du secrétaire général des Nations unies, qui a attiré l’attention sur l’extension du problème dans la région et la nécessité pour la communauté internationale d’intervenir directement en Somalie. Une des suggestions de Jack Lang a été la création d’un tribunal au Rwanda.
Paul Bérenger a expliqué que l’Opposition n’a pas pris position contre le jugement et l’incarcération des pirates présumés à Maurice mais qu’elle a des réserves au sujet de ce projet. Il a exprimé son inquiétude concernant le fait que les pirates présumés seront jugés dans les tribunaux ordinaires à Maurice, notamment la Cour suprême et la Cour intermédiaire. De plus, en attendant la construction des nouvelles prisons, les pirates seront incarcérés dans celle de Beau-Bassin. Paul Bérenger a aussi évoqué le risque que des terroristes infiltrent les pirates présumés et a fait part de ses inquiétudes au sujet des risques que cela représenterait pour Maurice.
PIRACY AND MARITIME VIOLENCE BILL — Navin Ramgoolam : « Aucune pression de l’Union européenne »
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