PILS – Journée internationale des jeunes : « La santé sexuelle, partie intégrante de l’épanouissement humain »

  • Jacques Achille, responsable des communications stratégiques : « Nos jeunes ont soif et un grand besoin de bonnes informations afin d’être bien dans leurs têtes et leurs corps »

Samedi 17, l’ONG PILS (Prévention, Information et Lutte contre le Sida) a animé un atelier de travail d’une journée autour de l’importance de la santé sexuelle des jeunes. Exercice qui s’inscrit dans le cadre de la Journée internationale des Jeunes, observée le 12, et de la campagne nationale sur l’importance de la santé sexuelle, lancée par PILS. « Une quinzaine de jeunes, filles et garçons, âgés de 18 à 25 ans, actifs dans la société civile et dans des établissements scolaires, ont participé à une expérience très interactive, autour de la thématique principale, ce qui a révélé leur grande soif et besoin de bonnes informations relatives à tout ce qui concerne la santé sexuelle. Nous avons compris que ces jeunes se sentent perdus et paumés, car dans le circuit classique – école et maison – ils n’arrivent pas à avoir une écoute et un dialogue franc répondant à leurs questions », indique Jacques Achille, directeur des Communications stratégiques de PILS. De fait, indique-t-il, « il serait fort souhaitable que les adultes revoient les méthodes utilisées à l’égard des jeunes, afin de veiller à ce que ces derniers soient partie prenante des activités et projets, autant que des réponses à leurs problématiques. Ce qui aidera considérablement à changer la donne ! »

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« Nou sosiete ena tro boukou tabou ! Dimounn ena tandans ena prezize san konn dimounn : si mo kouver, zot pou panse mo bloke. Si mo abiy sexy, zot pou panse mo enn tifi fasil…  » Ces mots sont ceux de certains des participants de l’atelier de PILS, samedi à Port-Louis. « Nous avons compris que ces jeunes se retrouvent avec leurs questionnements et comme il n’existe quasiment pas de structures vers lesquelles ils peuvent se tourner pour avoir les bonnes informations, souvent, ils s’enferment dans leur ignorance… », explique Jacques Achille.

Le responsable des Communications stratégiques de PILS poursuit : « ces jeunes nous ont confié qu’ils se retrouvaient, encore en 2024, dans un contexte où ils ne peuvent satisfaire leur curiosité, sur ces problématiques, ni à l’école ni à la maison. Zot dir lekol, profeser koz biolozi ar zot, ek lakaz, size la telma tabou, ena paran refize mem abord kestion-la ! Et dans bien des cas, ces adultes qui acceptent d’entamer la discussion mettent davantage l’accent sur les interdits et le côté négatif du sexe, rendant ainsi l’acte et le sexe des éléments qui inspirent davantage le dégoût plutôt qu’autre chose ! Ce qui, inévitablement, influence considérablement ces jeunes pendant qu’ils grandissent et s’épanouissent. Et avec ce que cela comporte comme risques que leurs comportements en soient fortement impactés. »

« Sexe égale porno… »

« Les jeunes confient, entre autres, que, faute d’avoir accès aux bonnes informations, certains se tournent vers la pornographie. Ils développent ainsi de fausses perceptions de la sexualité après avoir visionné des films. Les filles ont trouvé que certains hommes développent des complexes et vont vers des médicaments et des outils comme des Extenders. Il y a, évidemment, un manque de dialogue sur la pornographie ! » dit-il encore en guise de constat.  Mais pas que, justement. Ce qui amène les membres de PILS à souhaiter une réelle révision de l’éducation sexuelle et sa dispensation.

Une démystification s’impose donc, suggère PILS. D’où cette démarche, dans un premier temps, avec cette campagne autour de la santé sexuelle. Jacques Achille renchérit : « notre campagne s’échelonnera sur plusieurs mois, et comprendra une multitude d’activités, comme cette interaction de samedi, et d’autres encore qui vont venir sous peu. Le but, c’est d’amener nos jeunes à comprendre et réaliser que la santé sexuelle est impérative à l’épanouissement et au bien-être de chaque humain. Les gestes tendres, l’amitié que l’on éprouve, l’affection, et tout aussi bien les pulsions sexuelles envers un être avec qui on partage une relation, le passage à l’acte d’amour… tout cela fait partie d’un ensemble qui, au final, assurent que l’humain vit bien dans sa tête et son corps. Mais trop souvent, et cela s’est confirmé dans les dires des jeunes, les perceptions et les vraies bonnes informations ne sont pas les mêmes. Ce qui a des conséquences parfois tristes, parfois dévastatrices. »

VIH & voie sexuelle

PILS, explique-t-il, « s’aligne sur la définition de l’OMS, en ce qu’il s’agit de santé sexuelle. Il faut comprendre que nous ne sommes ni en train d’encourager la débauche, ni renforcer les préjugés et les tabous. Mais il est impératif, aujourd’hui, en 2024, que nos jeunes aient accès aux vraies et bonnes informations, d’une part, en ce qui concerne les relations sexuelles, les protections recommandées, le pourquoi de cela, d’ailleurs. Et que ces informations leur soient fournies avec un langage simple et compréhensible, qui colle à leur réalité. » Cela, car il ne faut pas oublier, surtout par ce que d’après les dernières statistiques récoltées auprès des services de la Santé, la transmission du VIH prend beaucoup d’ampleur auprès de tout un chacun, et le vecteur de transmission le plus important, et inquiétant, est la voie sexuelle.

De fait, dans la perspective de la campagne lancée par PILS, le Tagline s’articule autour des mots clés suivants : “Sexe : Santé, Plaisir, Liberté”. S’agissant de ce qui touche au VIH, avance Jacques Achille, « nous axons les discussions sur les IST (Infections sexuellement transmissibles), la santé anale comme la santé mentale. La connaissance et l’écoute du corps. Il y a aussi la prévention, les méthodes de dépistage, la sensibilisation, et la procréation. De même, nous abordons aussi toute la partie consacrée autour du plaisir généré par le sexe, avec autant le désir que la responsabilisation, le respect, l’amour et l’envie de faire l’amour, l’éducation, entre autres ».

Un autre volet concerne la liberté : « être libre d’être soi : qui on est, qu’est-ce qui nous définit. Une question du genre, certes, mais aussi quels sont nos habitudes, nos sentiments, nos feelings… Comment nous vivons le respect des droits de chacun, tout en se respectant et respectant l’autre. » Et en parallèle, il y a, bien évidemment, « la lutte pour le respect des libertés, des droits et contre les stigmatisations », fait ressortir Jacques Achille.

« PILSest satisfait que son objectif d’être à l’écoute de nos jeunes ait été atteint avec ce premier atelier. Nous sommes conscients de l’impact que de tels exercices peuvent avoir sur nos jeunes. Nous sommes en faveur d’un exercice plus large, avec les adultes, on board, autant que les jeunes. Car il est plus que temps que ces adultes qui prennent des décisions et élaborent des modules et des projets destinés aux jeunes, sans les consulter au préalable, réalisent que ce genre de démarche n’atteint pas son but. » L’idée, s’appesantit notre interlocuteur, « c’est d’avoir ce réseau de jeunes qui, formés, éduqués et armés en conséquence, aillent dans la société, transmettre justement ces vraies bonnes informations et ainsi assurer un relais adéquat », s’appesantit-il.

La santé sexuelle d’après l’OMS

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) définit la santé sexuelle comme un état de bien-être physique, mental et social eu égard à la sexualité, qui ne consiste pas seulement en une absence de maladie, de dysfonctionnement ou d’infirmité. La santé sexuelle s’entend comme une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, comme la possibilité de vivre des expériences sexuelles agréables et sûres, exemptes de coercition, de discrimination et de violence. Pour que la santé sexuelle soit assurée et protégée, les droits sexuels de toutes les personnes doivent être respectés, protégés et appliqués.

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