Cela fait un an exactement ce mois-ci que les « registration fees » sur les médicaments sont entrés en vigueur, mesure qui a rapporté environ Rs 7 millions l’an dernier dans les caisses de l’État. Les « small & medium » importateurs de produits pharmaceutiques sont cependant furieux car le nouveau règlement a quasiment éliminé la pratique de « parallel imports ». En outre, ils réclament depuis un mois une rencontre avec le ministre de la Santé pour en discuter. En effet, ils ne sont plus autorisés à s’approvisionner auprès d’autres fournisseurs agréés pour un même médicament en dehors de son fabricant alors que cette pratique commerciale est courante ailleurs. La poche des consommateurs s’en trouve aussi affectée car l’importation parallèle permet généralement d’obtenir des médicaments à moindre coût dans le privé. Cette question risque de faire beaucoup de bruits dans les jours qui viennent, une action légale étant même envisagée par la Small & Medium Pharmaceutical Association.
Dès qu’ils ont pris connaissance des nouveaux règlements relatifs à l’enregistrement des médicaments, les petits et moyens importateurs ont vivement exprimé leurs désaccords. Dénonçant « une mesure discriminatoire » à leur encontre, ils n’ont cessé de soutenir que la nouvelle loi avait pour objectif d’éliminer l’importation parallèle. Un an après l’introduction des frais d’enregistrement, la trentaine de petits et moyens importateurs sont profondément amers envers les autorités de la santé.
« L’importation parallèle est tout à fait légale à Maurice », affirme avec conviction Nawaz Dauhoo, président de la Small & Pharmaceutical Importers Association. Pour rappel, l’importation parallèle ne concerne pas les produits génériques, mais les médicaments originaux provenant simplement d’autres sources d’approvisionnement. « Pour contourner ce fait, quatre grosses boîtes ont mis la pression sur le ministère en vue de venir avec un règlement pour l’enregistrement des médicaments. Et à présent, ils disposent d’un certificat disant qu’ils sont les seuls à pouvoir importer tel ou tel médicament. C’en est fini de l’importation parallèle », poursuit-il avec colère. Depuis un mois, plusieurs importateurs disent avoir essayé en vain d’obtenir l’autorisation du ministère pour certaines demandes d’importations. « Tou nou bann demann bloke », racontent-ils.
Selon d’autres membres de cette association, l’élimination de l’importation parallèle aurait « favorisé les grosses compagnies d’importation ». Ils citent le nom de quatre boîtes précisément. « Ces quatre gros importateurs contrôlent 80% du marché de médicaments. Nous allons définitivement vers un cartel et cela va à l’encontre de la Fair Trade Act. Dans un marché ouvert à la globalisation, c’est inadmissible et nous sommes révoltés par cette situation », tonnent ces importateurs mécontents. Valeur du jour, il y a environ 5 000 médicaments enregistrés dans la base de données du ministère de la Santé. Les premiers “registration fees” payés par la trentaine d’importateurs ont rapporté Rs 7 M dans les caisses du gouvernement.
L’association de petits et moyens importateurs a logé une demande formelle pour rencontrer le ministre de la Santé, Anwar Husnoo. Une réponse est depuis attendue. « Nous envisageons sérieusement une action légale, mais nous souhaiterions que le ministre écoute d’abord nos doléances. Si le ministère fait la sourde oreille, nous alerterons l’opinion publique sur les conséquences de l’interdiction de l’importation parallèle », indique le président de l’association.
Les différentes sources d’importations, soulignent ces protestataires, permettaient aux consommateurs de bénéficier d’un prix de médicaments à moindre coût. « L’importation parallèle était définitivement dans l’intérêt des patients. Mais avec l’abolition de cette pratique, ils débourseront beaucoup plus d’argent », préviennent les dirigeants de cette association, de même que quelques propriétaires de pharmacies.
En général, les différences de prix entre les offres de l’importation parallèle et celles des importateurs détenant l’exclusivité de la vente des médicaments grâce aux nouveaux règlements peuvent aller de 10% à 50%, dépendant des médicaments. Dans certains cas, ce fossé est beaucoup plus conséquent. Et de citer en exemple la boîte de Feldene (20 mg). « Chez l’importateur officiel, qui fait partie des quatre grosses compagnies, ce médicament se vend à Rs 412, alors que chez l’importateur parallèle, le même produit est à Rs 113,10 », disent les membres de cette association. Ils nous signalent aussi un écart d’au moins Rs 60 pour un sirop pour enfant.
Avec la diminution de leurs marges de manoeuvre dans l’importation, ces petits et moyens importateurs craignent pour l’avenir de leur commerce. « Comment continuer dans ce secteur si nous n’arrivons plus à importer les médicaments que nous mettons sur le marché ? » se demandent-ils. Un nouvel élément qui inquiète aussi depuis quelques jours les “small & medium” importateurs, mais aussi quelques petites pharmacies, est la présence de certaines de ces grosses compagnies d’importation dans la vente au détail avec l’ouverture des pharmacies dans plusieurs régions du pays.
PHARMACIES PRIVÉES— MÉDICAMENTS: Fin des différentes sources d’importation
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