Pénurie d’eau à Camp Fouquereaux et Highlands : Un calvaire qui dure depuis 8 ans 

Entre abondance ici et rareté de l’autre, c’est là où le bât blesse

La situation est insoutenable à Camp-Fouquereaux et Highlands. La rareté de l’eau perdure dans ces quartiers de Vacoas/Phœnix, en dépit du potentiel de richesses dont ils recèlent en termes de ressources en eau. Les habitants des rues Saint-Antoine, Galea et… Réservoir, à Camp-Fouquereaux, sont les plus affectés par ce problème. Leurs maisons sont situées autour de la zone délimitant Camp Fouquereaux, Castel et Hermitage de Highlands et Wooton.  Entre abondance et rareté, c’est là où le bât blesse dans l’approvisionnement en eau. Un coup d’œil, cette semaine, sur la page Facebook dédiée aux habitants concernés a permis de constater que non seulement la situation s’est détériorée, mais que le sentiment de deux poids deux mesures, décrié par certains abonnés lésés, continue de donner lieu à de vifs débats.

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« J’habite à la rue Galea et l’eau coule uniquement entre deux à trois heures quotidiennement chez moi. C’est injuste, car un ami qui habite à une cinquantaine de mètres de ma maison à la rue Parisot reçoit de l’eau 24/7 », s’insurge Shakeel. Même son de cloche du côté de Marielle, qui habite à la rue Saint-Antoine : « J’habite presque à l’angle de la rue Saint-Antoine et la route Royale, soit à la frontière entre Highlands et Camp Fouquereaux. Mo voisin ena dilo a-flo 24/7 larout Royale, mwa mo ena dilo par gout trwa zer d’tan par zour. » Ces deux témoignages, vus sur la toile, sont révélateurs des grandes disparités qui subsistent en terme de distribution d’eau dans ces régions. À la lumière d’autres témoignages, il s’avère que cette carence en eau se concentre particulièrement autour du temple Shri Shamboonath à la rue Camp Fouquereaux et l’école primaire Shri Shamboonath à la rue Galea. Le train-train quotidien des riverains se résume à se ruer vers les véhicules pour recueillir le précieux liquide. La crainte, sans doute, de devoir repartir avec des bidons et des seaux vides.

Au Parlement le 1er aout, le député la circonscription Patrick Assirvaden a soulevé cette problématique mais face au ministre Deepak Balgobin, qui supplantait le ministre de tutelle, Joe Lesjongard, très peu d’information a transpiré sur les causes réelles de ce marasme qui dure depuis une dizaine d’années. « Les pénuries ne datent pas d’hier dans ces quartiers, mais elles semblent avoir pris des proportions aggravantes depuis plusieurs années. Le ministre Balgobin a été très évasif dans sa réponse en se rangeant derrière l’excuse des conduites vieillissantes truffées de boue ou autre pour expliquer ce fléau. Le gouvernement a parlé d’un projet de 24/7 pour la distribution de l’eau en 2014. Dix ans se sont écoulés et les habitants ont bien compris que ces promesses n’étaient que du vent », nous a confié Patrick Assirvaden.

Les plus anciens habitants du village soutiennent qu’au fil du temps, ils se sont habitués à la rareté du précieux liquide et au faible débit qui coule des robinets. Sauf que les jeunes habitants du quartier ne l’entendent pas de cette oreille et ont décidé de monter au créneau pour dénoncer cette injustice. Certaines vidéos postées sur le site des habitants apporteraient de l’eau au moulin à la thèse des tuyaux vétustes. Sensibles à la corrosion, aux vibrations et au trafic des poids lourds, ils semblent avoir été mis dans un état désastreux. Il n’en faut souvent pas plus pour créer des fuites. L’eau s’écoule partout, sauf dans les robinets. La fréquence du ravitaillement en eau par le biais des camions-citernes a augmenté de manière exponentielle à Camp Fouquereaux et Highlands, mais la situation est toujours aussi tendue.

Crise de l’eau à Rodrigues : Les habitants dans la rue

Le secteur de l’eau est toujours au centre des préoccupations des membres de l’Assemblée régionale de Rodrigues. Plusieurs décisions et projets ont été validés au Conseil exécutif, l’année dernière, pour faire face à la saison sèche. Parmi, la construction d’un nouveau réservoir dans la région de Manique, le transfert de deux usines mobiles de traitement à la Rodrigues Public Utilities Corporation (RPUC). Sauf qu’en attendant que ces projets voient le jour, la pénurie d’eau perdure dans le 10e district, au point où une dizaine de Rodriguais sont descendus dans la rue, le week-end, afin d’intensifier la pression sur les autorités pour la mise sur pied de mesures probantes qui régleraient la crise. Les régions les plus touchées sont les villages de Mont Limon, Crève-Cœur et Goyave.

Ce soulèvement populaire n’est pas sans rappeler les grandes manifestations de mars 2017 et de décembre 2021, lorsque des centaines d’habitants de Dan-Bébé, Lyn Michel, Mangues, La Ferme, Montagne Cabris Corail et Petite-Butte, entre autres, avaient exprimé leur colère contre la longue pénurie d’eau dans l’île en bloquant la route au moyen de bidons, de pneus et de pierres. Quand bien même la manif du week-end dernier n’a pas débouché sur des échauffourées entre la police et les abonnés lésés, la RPUC, instance régulatrice de l’eau dans l’île, a intérêt à ne pas sous-estimer cette nouvelle démonstration de force de la part des habitants dont les besoins en eau ne se limitent pas aux besoins domestiques.

Il est notoire que des milliers de familles vivent de l’agriculture et de l’élevage d’animaux à Rodrigues. Rolo, 32 ans, est un fermier qui se dit frustré de ne pas pouvoir alimenter ses troupeaux comme il se doit – avec des surfaces à pâturer qui se réduisent comme peau de chagrin – et arroser convenablement ses champs de patate et de manioc. Il souligne la mauvaise répartition de l’eau, le fait que les puits se sont multipliés et que le niveau d’eau des rivières et des nappes phréatiques est en baisse. « Bizin pran loto ou marse lor plizir kilomet pou ressi al gagn dilo. Pa fasil ! Problem ena, me la li pe tro anpire », dit-il. Les fortes averses, essentielles pour réalimenter les nappes phréatiques, se font aussi attendre. Les femmes et les personnes âgées, voire les enfants, se retrouvent obligés de mettre la main à la pâte pour effectuer certaines tâches ardues lorsque les autres sont au charbon.

Quid des unités de dessalement ?

Divers projets sont en chantier actuellement comme la construction d’un nouveau réservoir de 1,000 m3 dans la région de Manique. Ce réservoir sera utilisé pour le stockage de l’eau des nouvelles usines de dessalement de 3×1,000 m3 qui seront installées à Pointe-Coton pour être distribuée aux villages de la région ouest tels que Manique, La Ferme, Anse Nicolas, Baie du Nord et Baie Topaze. Quid de l’unité de dessalement d’Anse-aux-Anglais censé produire environ 480 m3 d’eau par jour, avant qu’elle ne soit envoyée vers le réservoir de Crève-Cœur ? Les mauvaises langues prétendent que la mise en opération de ce vaste projet n’a pas eu l’effet escompté sur la distribution d’eau autour de la zone. Lancé en 2017, le projet de dessalement était un espoir pour les Rodriguais. Cependant, les décisions politiques entravent le bon fonctionnement.

La modification des critères d’éligibilité existants pour qualifier les ménages – dont l’occupation des terres est acceptable dans l’établissement d’un ensemble de critères prioritaires pour l’attribution de réservoirs d’eau, dans le cadre du Rainwater Harvesting Scheme – est aussi en cours d’élaboration, au même titre que l’engament pris par l’Agence française de Développement (AFD) avait annoncé à soutenir Rodrigues dans la restructuration de son secteur d’eau. Ces projets visant à accroître la disponibilité de l’eau constituent une solution palliative qui devrait être d’un grand secours pour les familles rodriguaises rêvant surtout que l’eau coule de nouveau un jour de leurs robinets !

Réservoir (Taux global de 80,9%) : Une baisse significative depuis deux mois

Après avoir connu une belle hausse depuis le début de l’année, le taux de remplissage des 7 réservoirs à Maurice, comptabilisé vendredi, est en baisse constante depuis deux mois, affichant 80,9% contre 95,7% le 15 juin dernier. À la même période en 2023, le niveau était de 88,4%. Pas de quoi se faire un sang d’encre à ce stade… Reste à savoir si Dame Nature, qui semble bien capricieuse ces derniers temps, nous apportera, de temps à autre en abondance, son précieux liquide, principalement dans les zones où se situent les réserves d’eau du pays, avant que la période estivale ne pointe le bout du nez.

Selon les derniers chiffres officiels, La Nicolière affichait un taux de 58.4%. Une baisse vertigineuse dans la mesure où le niveau de ce réservoir était rempli à 100% il y a deux mois. Mare aux Vacoas – qui affichait 99% en juin – est maintenant rempli à 82,8%. Le réservoir de Mare Longue affiche un taux de 81,7%, alors que Bagatelle Dam est à 89,2%. La Ferme n’est rempli qu’à 60.7%, soit quasiment le même pourcentage qu’il y deux mois. La quantité d’eau disponible À Midlands Dam a chuté de 10% durant ladite période.

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