Judex Rampaul : « On ne peut demander aux pêcheurs d’investir dans le secteur semi-industriel et ensuite favoriser les importateurs »
Les coopératives de pêche, opérant dans le secteur semi-industriel, attirent l’attention sur les difficultés à écouler leurs poissons sur le marché local. Judex Rampaul, le porte-parole, avance que la raison est que le gouvernement a autorisé l’importation de 400 tonnes de capitaine récemment. Il lance un appel pour que cette autorisation ne soit pas renouvelée afin de ne pas pénaliser les pêcheurs locaux.
Vers la fin de l’année dernière, le ministère de la Pêche a accordé un permis à des importateurs pour l’approvisionnement de 400 tonnes de capitaine pour le marché mauricien. La raison évoquée à l’époque est qu’il y avait des risques de pénurie pour la période des fêtes, en décembre. Cette cargaison est toutefois arrivée après les fêtes, soit au mois de janvier 2023, et mise sur le marché vers février 2023. « À partir du mois de mars, les petites coopératives de pêche, comme nous, ainsi que les opérateurs locaux, ont commencé à éprouver des difficultés à écouler leurs poissons en raison de cette concurrence », fait-il comprendre.
À ce moment-là, il existait déjà du poisson importé sur le marché mauricien et que ces 400 tonnes supplémentaires ont permis de saturer le marché davantage. « Compte tenu de cette situation, nous avons dû mettre une bonne partie de nos produits au congélateur et une autre partie a été salée. Ce poisson frais aurait pu profiter à la population », ajoute-t-il.
Pas plus tard que ce jeudi, un autre bateau, le Perfect One, arrive au port après une campagne de 15 jours, avec 3,5 tonnes de poissons à bord. « Déjà, c’est un casse-tête pour vendre ce poisson. Au lieu de nous donner des facilités pour écouler notre cargaison, on nous fait de la concurrence avec le poisson importé », s’insurge-t-il. Il rappelle également que les coopératives de pêche opérant dans le secteur semi-industriel ont acheté leurs bateaux avec l’allocation de Rs 4 millions octroyée par le gouvernement à travers le financement de l’Union européenne. « Cela représente 50% du coût du bateau. Pour les autres 50%, nous avons emprunté de la MauBank. Nous devons donc rembourser ce prêt. Comment allons-nous faire si on nous met des bâtons dans les roues ? » se demande-t-il encore.
Actuellement, il est question qu’une nouvelle autorisation pour l’importation de 400 tonnes de capitaine supplémentaires pourrait être octroyée, Judex Rampaul lance un appel au Premier ministre, Pravind Jugnauth : « je veux dire au Premier ministre que si jamais une demande pour une telle autorisation atterrit sur la table du conseil des ministres, de ne pas donner le feu vert. Je demande également aux ministres d’agir pour sauver l’industrie locale, de soutenir les petites coopératives au lieu de favoriser les importateurs. »
Il estime que l’argument qu’il y aura une pénurie de poisson pendant l’hiver ne tient pas la route, puisque déjà, les opérateurs locaux ont des difficultés à écouler leurs prises. « Il y a suffisamment de bateaux pour servir le marché local. On ne peut, d’un côté, demander aux pêcheurs d’investir dans la pêche hors du lagon et de l’autre, favoriser la compétition. Ce n’est pas cohérent. Il faut soutenir nos coopératives, il faut protéger l’industrie locale », dit-il.
Il souhaite ainsi que toutes les dispositions soient prises pour développer davantage le secteur de la pêche, au lieu d’avoir recours à l’importation. Il rappelle également que le gouvernement avait prévu, dans un premier temps, six bateaux semi-industriels destinés aux coopératives de pêche. « À ce jour, il y a trois bateaux en opération et un quatrième en construction. Dans une réunion au ministère des Finances, les officiers de la Pêche avaient dit que cinq projets ont été approuvés. Où est donc le cinquième bateau ? » se demande-t-il.
Dans le budget 2022-2023, l’allocation de Rs 4 millions pour l’achat de bateau semi-industriel a été revu à la hausse, soit Rs 6 millions.
