Pêche et environnement : les pêcheurs attirent l’attention sur les dangers en mer

Le Syndicat des Pêcheurs a organisé une visite en mer hier pour faire un constat de la situation environnementale, avec les navires stationnés au large de Bain-des-Dames. Les pêcheurs déplorent les dégâts causés par les ancres et la difficulté de circuler pour pouvoir pratiquer leurs activités. Ils craignent également une catastrophe écologique qui pourrait se produire lors du ravitaillement des navires. Ils alertent les ministères de l’Environnement et de la Pêche sur la question.

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Au large, en face du débarcadère de Bain-des-Dames, cinq à six navires à l’ancrage. S’il n’y a rien d’anormal, étant donné que nous sommes dans la zone portuaire, les pêcheurs de la région témoignent que cela commence à devenir une nuisance. Judex Rampaul, porte-parole du Syndicat des Pêcheurs, explique : « Nous voulions attirer l’attention des autorités sur les difficultés que nous rencontrons en raison de cette situation. Nous avons invité les ministres de l’Environnement et de l’Agro-industrie et de la Pêche, ainsi que leurs Junior Ministers, mais ils ne sont pas venus. »

La présence de ces navires, ajoute-t-il, cause de nombreux inconvénients aux pêcheurs de la localité. D’abord, la zone est maintenant interdite à la pêche. « Nos pêcheurs doivent donc aller plus loin en mer pour pouvoir pratiquer leurs activités. On ne peut même plus y pêcher les appâts. Les coraux ont été détruits par les énormes ancres jetées dans cette zone. »

Jean-Jacques Albert, témoigne des difficultés rencontrées pour pouvoir faire son métier. « Aujourd’hui, il faut aller pêcher en haute mer. Avec un petit bateau, enn lakot pistas, c’est devenu dangereux. Puisque nous ne pouvons plus pêcher ici, au moins qu’on nous donne les moyens d’acheter un plus gros bateau pour pouvoir aller plus loin. »

La présence de ces navires suscite des appréhensions chez les pêcheurs. Ils craignent un déversement d’hydrocarbures lors des opérations de ravitaillement. « Ces bateaux à l’ancrage attendent le ravitaillement. Les compagnies qui les représentent à Maurice enverront un bateau de ravitaillement. Ce n’est pas du diesel, mais de l’huile lourde, de l’hydrocarbure. Que se passera-t-il si un accident se produit ? » demande Judex Rampaul.
Il s’interroge également sur les précautions à prendre lors de telles opérations. « Étant donné que les autorités portuaires ont décidé de faire stationner ces navires ici, ne devraient-ils pas faire installer des bouées pour parer à toute éventualité ? » D’ailleurs, il y a quelques années, trois bateaux de pêche taïwanais avaient échoué dans le lagon de Bain-des-Dames lors de fortes houles.

Il ajoute que cette situation dure depuis quelques années déjà. « Pendant dix ans, nous avons crié, mais les autorités ont fait la sourde oreille. Nous pensions qu’avec l’Alliance du Changement, cela serait différent, mais je constate qu’une fois de plus notre appel n’a pas été entendu. Pourtant, il paraît qu’on veut faire de la pêche un pilier économique. »
Judex Rampaul ajoute que les pêcheurs ne sont pas des assistés et qu’ils veulent travailler. « Nous n’allons pas attendre le budget pour une augmentation de la Bad Weather Allowance. Nous voulons des moyens et un soutien dans nos efforts. » Il est d’avis qu’il faut également préparer l’avenir des futures générations.

Gino Dennemont, président du Syndicat des Pêcheurs, fait ressortir que la zone de Pointe-aux-Sables à Baie-du-Tombeau est interdite à la pêche. « Où allons-nous pêcher si nous habitons dans cette région ? » se demande-t-il. Il est ainsi d’avis qu’on aurait dû leur permettre au moins de chercher des appâts, comme cela se fait à La-Réunion et aux Seychelles.

Jacques Laval Dormenté évoque les difficultés à circuler dans cette zone. « À peine sortis en mer, un bateau de la National Coast Guard s’amène pour nous rappeler à l’ordre. » D’ailleurs, lors de la visite organisée en mer vendredi, un bateau de la National Coast Guard est sorti pour venir en direction des pêcheurs. Les officiers ont voulu savoir ce qui se passait. Toutefois, ils n’ont pas fait de difficultés.

Madeleine Monplé, qui pêche depuis cinq ans, n’a pas eu la chance d’obtenir une carte professionnelle lors de la distribution par l’ancien gouvernement. Elle continue toutefois de faire son métier. « Je voudrais attirer l’attention que la sécurité en mer devient de plus en plus difficile aujourd’hui. Quand nous sortons en mer, nous ne savons pas si nous allons rentrer. Mais c’est notre métier et nous devons subvenir aux besoins de nos familles. »
Selon Judex Rampaul, environ 250 pêcheurs opèrent dans la zone allant de Pointe-aux-Sables à Baie-du-Tombeau.

Le ministre Bhagwan concerné

Le ministre de l’Environnement, Rajesh Bhagwan, a pris contact avec Judex Rampaul, après la visite en mer, pour l’informer qu’il est très concerné par la situation. Selon Judex Rampaul, le ministre a fait part qu’il ne pouvait être présent à Bain-des-Dames, mais qu’il avait délégué une équipe, qui ne s’est toutefois pas présentée. « Le ministre m’a dit qu’il compte mettre sur pied un comité pour aborder toute la question de l’environnement marin. Nous aurons donc des séances de travail avec lui à ce sujet », a déclaré Judex Rampaul. Ce dernier s’est dit satisfait de cette démarche du ministre et souhaite que des solutions puissent être dégagées lors de ces réunions.

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