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Pêche : controverse autour de l’importation de 400 tonnes de poisson Capitaine

Le gouvernement a avalisé il y a deux semaines une nouvelle importation de 400 tonnes de poisson Capitaine pour la période des fêtes. C’est la troisième année consécutive qu’une telle décision est prise. Le Syndicat des pêcheurs (SDP) monte au créneau et dénonce cette situation. Il invite le ministère de la Pêche à faire preuve de transparence en dévoilant l’identité des importateurs.

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Le ministère de la Pêche pourra lancer son appel d’offres pour l’importation de 400 tonnes de poissons Capitaine. Le conseil des ministres a en effet donné le feu vert à ce projet le 3 novembre. Comme cela a été le cas pour les deux précédentes années, le ministère justifie cette démarche en mettant en avant les risques de pénurie pendant la période des fêtes de fin d’année. Il est prévu que cette importation devra se faire entre le 1er décembre et le 15 janvier. Or, cette période correspond également au retour des beaux jours pour les pêcheurs locaux, qui ont souffert de la période hivernale.
Judex Rampaul, président du Syndicat des pêcheurs, dénonce cette situation. « Une fois de plus, le ministère décide de se tourner vers l’importation en prétextant une pénurie pour les fêtes de fin d’année. Ce qui ne reflète pas la réalité du terrain. Tout le monde sait que c’est en hiver que nous avons des difficultés. En été, c’est l’occasion pour nous de réaliser de meilleures campagnes de pêche, et c’est là qu’on décide d’avoir recours à l’importation», fait-il comprendre.

Cette situation relève d’une concurrence directe avec les pêcheurs locaux, qui doivent aussi profiter de la reprise des ventes pendant cette période des fêtes. « Il y a des coopératives de pêche comme nous, mais aussi des pêcheurs côtiers, les banians et des opérateurs qui souffrent de cette situation. Mais les gens ont peur de prendre position à cause des répercussions », fait-il comprendre au nom de la communauté des gens de la mer.

Judex Rampaul se demande ainsi si cette décision a été prise pour favoriser des intérêts particuliers. « Il faut de la transparence. Le ministère doit rendre publique la liste des importateurs. Ainsi, nous saurons pourquoi on privilégie l’importation au détriment des pêcheurs locaux », réclame-t-il. De plus, il s’interroge sur les garanties de qualité. « On a dit que ce serait du Capitaine, mais quel type de Capitaine ? Qui va vérifier cela ? » se demande-t-il d’un air dubitatif.

L’année dernière, cette décision du ministère de la Pêche avait provoqué un surplus sur le marché, et des pêcheurs avaient dû transformer leurs cargaisons en poisson salé. Cette année également, le même scénario risque de se répéter. « Sans compter que cela va également provoquer une chute des prix, et nous aurons des difficultés à rentrer dans nos frais », rajoute-t-il.

Les petites coopératives de pêche ont obtenu un Grant à hauteur de Rs 4 millions du gouvernement et elles ont dû emprunter encore Rs 4 millions à Rs 4,5 millions auprès de la MauBank pour faire l’acquisition de bateaux semi-industriels. « Il nous faut rembourser nos dettes et rentabiliser nos activités. Ce qui s’avère compliqué avec tous les coûts d’opération qui ont augmenté », s’insurge-t-il.

Dans le discours du budget, le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, avait déclaré qu’il fallait protéger la production locale et assurer la sécurité alimentaire. « Peut-être qu’il doit expliquer à certains comment procéder », recommande-t-il.

Par rapport au développement de l’économie bleue, le président du syndicat ne peut s’empêcher de s’interroger « C’est très bizarre que les autorités disent une chose pour faire ensuite le contraire. C’est pour cela que nous réclamons plus de transparence dans cette affaire. » Il regrette également l’absence de consultations avec le ministère depuis longtemps et que les décisions sont prises dans le dos des pêcheurs. « C’est la période où nous pouvons profiter le plus de la pêche après la période hivernale et avant l’arrivée de la période cyclonique. Imaginez ces pêcheurs de la côte sud-est qui ont souffert pendant tout l’hiver… », regrette-t-il.

Judex Rampaul invite également les parlementaires à s’intéresser à ce dossier et à interpeller le ministre de la Pêche, Sudheer Maudhoo, au sujet de l’importation des 400 tonnes de poisson Capitaine.

Feroz Taher : « plus de 150 T de poissons invendues »

Les petites coopératives de pêche ne sont pas les seules à souffrir de la concurrence des poissons importés. Feroz Taher, directeur de Hassen Taher Seafoods, confirme qu’il a actuellement un stock de 150 tonnes de poissons bloquées en stock. « Nous n’arrivons pas à écouler ce stock sur le marché, qui est saturé. Imaginez maintenant qu’on va importer encore 400 tonnes de poisson Capitaine. On va en souffrir davantage. »

Il se dit qu’il est encore heureux que sa compagnie dispose les moyens de stocker les poissons invendus. Il s’interroge sur le sort des petites coopératives de pêche. « Je me demande comment ils feront pour conserver leurs poissons. À mon avis, on est en train de tuer le secteur de la pêche semi-industrielle avec cette décision », laisse-t-il entendre.
Feroz Taher fait également remarquer que le mois de décembre est également la haute saison pour les opérateurs locaux. C’est pour cela qu’il estime que la concurrence est injuste en cette période. « On aurait pu se tourner vers l’importation en hiver plutôt, lorsqu’il n’y a pas de poisson. De plus, on aurait pu choisir un autre poisson, et non pas le Capitaine, qui constitue notre marché principal. »

Qu’en est-il de l’approvisionnement ? Le directeur de HTS révèle que le mois dernier, un de ses bateaux est arrivé avec 50 tonnes de poissons dits La Perle. « Nous avons également trois à quatre bateaux qui rentrent avec du Chilled Fish. Si cette cargaison n’est pas vendue après un ou deux jours, il faudra la congeler. Il y a un bateau qui ramène 30 tonnes de poissons, un autre qui arrive samedi avec 15 tonnes et deux autres sont attendus avec quatre tonnes de Chilled chacun. Il y a un bateau d’une autre compagnie qui est rentré hier avec cinq tonnes de poissons. »

Feroz Taher invite le ministère de la Pêche à revoir cette décision. Il précise qu’il n’est pas contre l’importation, mais qu’elle serait plus appropriée pendant l’hiver.

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