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Patrimoine : une bâtisse datant de 1740 restaurée avec brio

  • Ce projet a nécessité des recherches approfondies sur les techniques de construction anciennes à base d’argamasse

Dans le contexte de la Journée internationale de l’abolition de l’esclavage, l’ambassadeur américain Henry Jardine a été invité par le conseil administratif du Musée intercontinental de l’esclavage à ouvrir officiellement le bâtiment récemment rénové qui se trouve à l’entrée du Musée. La réhabilitation de ce véritable joyau architectural de l’époque coloniale française, inauguré par Mahé de Labourdonnais en 1740, a été rendue possible grâce à un appui financier provenant de l’Ambassadors Fund for Cultural Preservation (AFCP) à hauteur de Rs 1,75 million ($39 275). Il fera désormais office de lieu d’accueil et de point de départ des visites.

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Des murs en pierre et en mortier de chaux faits d’argamasse comprenant des blancs d’œuf, du beurre, de la mélasse, du sable et de l’huile de sésame, entre autres. Cette étonnante recette ancestrale, développée à partir du milieu du XVIIIe siècle, a été remise au goût jour pour les travaux de restauration et de conservation dudit bâtiment. Week-End s’était rendu sur le site il y a un an, presque jour pour jour, pour assister aux travaux qui étaient encore au stade préliminaire. « The interior of the rooms is being stripped of its modern paint, cement layers and plastering, in preparation for new lime plastering. It’s very exciting to see original layers from the 1740s appearing », nous avait confié Vijaya Teelock, du comité de l’Intercontinental Slavery Museum Ltd.

« Argamassa »

Ce projet a nécessité des recherches approfondies sur les techniques de construction anciennes à base d’argamasse afin que l’exécution se fasse dans les règles de l’art. C’est vers 1735-1736 qu’a débuté la construction des premiers bâtiments publics suivants des plans établis par des maîtres d’œuvre français.

On évoque alors pour la première fois la technique de l’argamasse, issue du sud de l’Inde, à Pondichéry. Ce courant architectural s’est développé en Europe avant de se diffuser rapidement dans les colonies françaises et anglaises notamment.

D’un mot portugais « argamassa » qui signifiait un ciment composé de tuiles broyées et de chaux, la recette de l’argamasse contenait, outre la chaux, un mélange d’œufs et de sucre et autres ingrédients étonnants comme la terre cuite. Cette pâte, que les artisans indiens excellaient à fabriquer, devenait si dure qu’elle résistait longtemps aux plus fortes averses. Un art et une architecture mêlant l’influence française et pondichérienne qu’on a découverts grâce au travail de décapage effectué par de jeunes apprentis architectes et menuisiers, sous la supervision du Comminity & Site Manager de l’AFCP, Joël Valérie.

Au milieu du 19e siècle, les Anglais avaient aussi ajouté des couches de bitume aux murs. Hélas, sous le poids de ses 250 ans, l’emplacement montrait au fil du temps des signes de détérioration avancée, malgré sa solidité. Le décapage des murs a permis à Joël Valérie et son équipe de découvrir les briques en terre cuite qui étaient cachées sous la laideur des couches de béton et de peinture. Entre 1977 et 2007, cette aile de l’ancien hôpital militaire a servi de siège à la Development Works Corporation (DWC). Durant cette période, les deux bâtiments ont été renforcés et certaines modifications ont été apportées à la structure d’origine.

Pour mener à bien le projet de restauration et de conservation des deux édifices, l’Intercontinental Slavery Museum Ltd a sollicité l’expertise des Conservative Architects qui ont œuvré dans l’Aapravasi Ghat et l’aide d’ingénieurs et d’architectes de Pondichéry qui ont fait le déplacement Maurice en 2023. Au-delà de la reconnaissance de la dextérité des tailleurs de pierres et des esclaves qui ont bâti ce joyau architectural, la réhabilitation du site est un moyen de rendre hommage à l’un des gouverneurs les plus dynamiques de l’Isle de France.

Jean Maxy Simonet, président du conseil administratif du Musée intercontinental de l’esclavage, souligne que cette inauguration officielle coïncide avec la Journée internationale de l’abolition de l’esclavage, qui est commémorée le 2 décembre de chaque année, comme adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies à travers la résolution 317 (IV) datant du 2 décembre 1949 [A/RES/317 (IV)].

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