La liste des édifices et monuments historiques en déclin est longue comme un bras. On pourrait aussi s’attarder sur le wagon des gouverneurs britanniques, un symbole d’élégance, durant l’époque de son usage jusqu’en 1955, qui est sur le point de s’effondrer sous un hangar, au musée de Mahébourg. Le tout relatif état de grâce du ministre de tutelle, Mahen Gondeea, tire à sa fin, et il sera intéressant de scruter sa stratégie et les mesures qu’il implémentera autour de la mise en valeur des édifices historiques de l’enjeu plus global de la vitalité culturelle. Voici un Top 5 des joyaux architecturaux actuellement… au pied de l’échafaud.
Sauvez Clarisse House de l’effondrement

L’état lamentable dans lequel se trouve actuellement Clarisse House, sise à Vacoas, construite au 19e siècle par Edmond de Chazal, fait peine à voir. Le plancher en teck est pourri, le toit fuit. Le mur ne tient que pour la façade, alors que les portes et fenêtres sont totalement déglinguées. La toiture et ses bardeaux ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes. Un déclin qui risque de s’accentuer si les autorités ne se décident pas, dans les années à venir, de donner un coup de neuf au bâtiment qui, jadis, abritait la résidence du chef de l’État.
Les Casernes centrales se dégradent dans l’indifférence

Qui n’a pas eu la boule au ventre en découvrant les vidéos et les images de l’incendie qui a ravagé une aile des Casernes centrales, le 4 juillet 2022. Le gouverneur français Mahé de La Bourdonnais, qui a fait construire et façonné les lieux à partir de 1740, doit se retourner dans sa tombe en voyant dans quel état se trouve ce trésor patrimonial inestimable qui se dégrade, pierre après pierre, sans qu’aucun ministre, député du gouvernement sortant ne s’en émeuvent et ne montent au créneau pour réclamer un plan de réhabilitation dans les plus brefs délais.
Le Moulin à Poudre (1775) de Pamplemousses souillé

Les 250 ans d’histoire que renferment ses murs ne suffisent pas à en assurer sa pérennité. En sus d’être dans un état de délabrement et pillé par des voleurs de pierre taillée, les vestiges du Moulin à Poudre (1775) à Pamplemousses font l’objet de dépôts sauvages. Ce joyau architectural a été délaissé pendant plusieurs années, avant qu’il n’accueille un centre de dialyses de l’hôpital SSR… avant d’être de nouveau abonné au milieu des années 2010.
Le Lambic : la fin est proche

Les exemples de bâtiments historiques en péril ou qui ont déjà disparu ne se comptent plus sur les doigts à la rue St-Georges. Après la démolition de la « La Case Créole », jouxtant le bâtiment abritant les locaux du Groupe Le Mauricien Ltd, le restaurant Lambic, qui faisait jadis la fierté des habitants, jusqu’à ce qu’il ne ferme définitivement ses portes en 2020, devrait connaître le même sort.
Le Château Bénarès : Circulez, il n’y a rien à voir !

Le Château Bénarès est un bâtiment historique, qui faisait autrefois la fierté du village, est tombé en décrépitude au fil des années. Au grand dam des habitants qui rêvaient de voir cette ancienne maison coloniale, ayant appartenu à sir Virgil Naz, être inscrite comme patrimoine national.
Les propositions budgétaires de SOS Patrimoine en Péril — La promulgation d’incitations fiscales aux propriétaires de bâtiments…
Le patrimoine architectural n’est pas une contrainte ou une charge, mais une richesse et une chance. Or, le potentiel patrimonial de Maurice est largement sous-exploité à tous les niveaux, qu’il soit économique, touristique, social ou environnemental. À l’heure où la cohésion nationale est questionnée, il s’agit d’un enjeu clé en matière de culture, car le patrimoine est au service de toutes les communautés, de tous les habitants, et permet de se retrouver autour d’un projet commun. Comme il est de coutume, l’ONG SOS Patrimoine en Péril, dans la perspective du prochain exercice budgétaire, fait une série de propositions en ce sens.
SOS Patrimoine en Péril ne passe pas par quatre chemins en brossant un sombre tableau du bilan du gouvernement MSM et ses alliés lié à cet item : « This year represent a major turning point for the cultural heritage sector which still remains l’enfant pauvre of any government we had since independence. The previous administration has been lamentable in its approach and treatment of our historical relics… »
Soulignant que « our association has gone through the Accord Electoral, the Manifeste, the Government program, including the chapter relative to shaping new Development Course for Arts & Culture, and debates National Assembly », l’ONG entend mettre le gouvernement devant ses responsabilités à l’aube du l’exercise budgétaire 2025-26. Les membres de SOS Patrimoine en Péril demandent que des ressources de financement additionnelles soient accordées au ministère de tutelle « to hold the Assizes du Patrimoine and set up the necessary mechanisms for implementing the new legal framework for cultural heritage. » L’ONG réclame la mise sur pied d’une commission d’enquête pour faire la lumière sur le trafic des objets culturels, incluant les pierres taillées valant leur pesant d’or, qui ont été enlevées des bâtiments historiques.
La mise sur pied d’un National Culture Fund « with the key objective, the pooling in of an amount of about Rs 10 billlions over the next five year, in view of financing rehabilitation, renovation, repair, restoration or upgrading of all remaining cultural sites and museums, supporting artists and other stakeholders in the field of arts & cultural heritages », figure parmi leurs propositions. Le manque de moyens financiers à la disposition des propriétaires de nombreux bâtiments désuets, dont certains menacent de s’effondrer, est un dilemme auquel est confronté de nombreuses familles, comme à Chinatown. SOS Patrimoine recommande la promulgation d’incitations fiscales aux propriétaires des édifices et monuments à valeur historique « essentielles » à leur revitalisation et à leur sauvegarde.