Patrimoine en péril : noyé sous les détritus, le cimetière Breton se meurt

Situé près du dojo de Grande-Rivière-Nord-Ouest, le cimetière Breton a été classé patrimoine national en 1998. Il date du début du 19e siècle, entre 1803 et 1805, à en croire certains documents. Si en 1940, il y avait une quarantaine de tombes dans ce cimetière, il en reste désormais huit abritant essentiellement les corps de Bretons et de leurs descendants. Abandonné mais incroyablement riche au plan historique, ce cimetière mérite d’être mis en valeur pour la postérité, sauf que les 250 ans d’histoire que renferment ses murs ne suffisent pas à en assurer sa pérennité.

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Elle est, avec le cimetière de l’Ouest, l’une de plus anciennes nécropoles de l’île. Niché sur un terrain qui appartenait à Henri de la Blanchetais, le cimetière Breton est constitué, comme son nom l’indique, de sépultures où reposent les restes des familles d’origine bretonnes : Michel, Cablée et de la Blanchetais.

Leur finesse architecturale témoigne d’un savoir-faire artisanal prodigieux. Ces tombeaux ont, à eux seuls, une valeur patrimoniale inestimable, mais ils sont livrés à leur sort depuis une dizaine d’années. Philippe la Hausse de Lalouvière, expert en gestion du Patrimoine, avait pourtant lancé, en 2007, avec le soutien de fonds privés, la Fondation Fort Blanc dont l’objectif premier est de préserver le patrimoine du cimetière de l’Ouest et d’autres nécropoles teintées d’histoire, comme le cimetière Breton.

« Le temps presse »

Cependant, malgré ces efforts soutenus, ce dernier semble faire cavalier seul dans cette entreprise de préservation. La municipalité qui lui apportait, jadis, son soutien semble désormais jouer à l’autruche. Ces anciennes sépultures laissées à l’abandon excitent la curiosité du jeune historien Ali Jareehag. Après avoir exprimé sa colère, l’année dernière, dans nos colonnes, en constatant que le cimetière Anglais, sis à Poste-de-Flacq, bâti par des esclaves, se retrouve aujourd’hui totalement délaissé, il s’est intéressé de près au spectacle de désolation qu’offre le cimetière Breton. Impossible de se frayer un passage au milieu des herbes folles et de composer avec les arbustes qui poussent anarchiquement entre les tombes. Pour saisir l’ampleur de cette anarchie, il n’y a qu’à jeter un coup d’œil sur ces amas de feuilles et de branches mortes éparpillées sur le site. « Il ne fait aucun doute. Ces branches semblent avoir subi les foudres du cyclone Belall », lance le jeune historien qui, au fil de recherches assidues, lève le voile chaque semaine sur ces vestiges laissés à l’abandon, en publiant des clichés, qu’il accompagne de textes informatifs puisés de livres d’histoires, sur sa page Facebook et sur son blog Letsdiscovermauritius.com. La seule bonne nouvelle : les tombes semblent ne pas avoir été profanées ou pillées. Jusqu’à quand ?

Les pierres taillées constituant les murs de clôture se réduisent, en revanche, comme peau de chagrin, alors que la porte d’entrée en fer forgé fait peine à voir et risque de se volatiliser aux mains des marsan feray, au cas où la mairie ne se décide pas à lui redonner ses lettres de noblesse. «Le temps presse. On n’attendra pas que les autorités se réveillent, car il sera trop tard. Je lance un appel à tous les amoureux du patrimoine pour qu’ils se joignent à moi pour redonner un peu de couleur à ce patrimoine national», souligne Ali Jareehag.

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