En début de soirée, hier, c’est un Père Gérard Mongelard au bout du rouleau que rencontre Le Mauricien. « Ce n’est plus possible ! Je n’en peux plus de voir des familles et leurs enfants souffrir, et ballotés d’un endroit à un autre. Ils ne sont pas invisibles ! Ces pères et mères et leurs enfants ne méritent pas d’être ainsi mal traités » , déclare-t-il.
Et de lancer son appel de détresse : “je demande au gouvernement de traiter ces familles, qui sont déjà enregistrées dans les services d’aide au logement, en urgence, dès la fin du cyclone.”
Ce mercredi 2 février, alors que Batsirai frappe de plein fouet Maurice, le curé de la paroisse de Ste-Hélène, à Curepipe, reçoit un appel téléphonique qui bouleversera sa journée : « la responsable paroissiale de Caritas, Patricia Hurdoyal, m’appelle pour m’informer que la police allait récupérer plusieurs familles sur le terrain de Malherbes pour les placer au Centre Social de Lapeyrouse. »
Or, poursuit le prêtre, « au sein d’une des familles, il y a un enfant de trois ans, qui vient de rentrer de l’hôpital où il avait été soigné pour des complications liées à l’asthme. Et je sais qu’au centre de Lapeyrouse, ce gosse allait dormir à même le sol. C’est inhumain et inacceptable de laisser faire cela. »
De fait, quand ils arrivent, l’abbé Mongelard, P. Hurdoyal et le Père Laurent Rivet, la police avait déjà récupéré les familles. « Je m’y suis opposé et j’ai proposé de loger certains au centre dont nous disposons à la cure de Ste-Hélène », dira-t-il. S’y trouvent, donc, depuis hier après-midi, neuf adultes et trois enfants, âgés entre 6 mois et 6 ans.
Mais le calvaire est loin d’être terminé. Il restait encore d’autres familles, toujours des mal-logées, qui avaient trouvé refuge sur le terrain de Malherbes depuis 2016. Celles-là, soit quatre adultes et quatre enfants, sont au Centre Lapeyrouse.
« Nous n’avons pas trop le choix. Avec le Covid-19, et le respect des protocoles sanitaires, je ne pouvais recueillir toutes ces familles à Sté Hélène », ajoute-t-il.
Grâce à un élan de solidarité et de soutien, de nombreux paroissiens ont mis à leur disposition des draps, des couvertures, des vêtements, des matelas, de quoi manger, et même de l’argent. « Cette situation est injuste envers ces familles. Il y a là des familles mal logées que nous suivons depuis 2016, en plus de celles qui sont venues pendant le premier confinement de 2020. Les autorités sont au courant des difficultés de ces familles. On leur dit toujours que leur dossier est en cours… Mais voilà avec des imprévus comme Bastirai, c’est le drame », s’insurge le père Mongelard.