L’ultime session Solidarité, Épanouissement, Liberté (SEL), initiée par le Groupe A de Cassis/Lakaz A, se tient ce week-end, soit du 11 au 13. Cadress Rungen, fondateur de l’ONG, lance ainsi un appel à tous les parents, « mama, papa, frer, ser, ki ena enn fami, ou enn pros ki dan lanfer adiksyon », afin que ceux-ci « vinn zwen nou ». Il poursuit : « nous sommes là pour vous aider. Nous voulons vous soutenir dans les souffrances que vous rencontrez. Nous n’avons pas de solution miracle et nous ne promettons pas monts et merveilles. Me definitvman nou pa pou met zot dan lerer. »
Le travailleur social explique : « ce que nous vous proposons, c’est de nous rejoindre, de passer un week-end en résidentiel au Foyer Fiat, à Petite-Rivière (voir plus loin) avec notre petite équipe d’animateurs et d’encadreurs passionnés et dédiés. Et ce, afin que vous, parents, qui vivez au quotidien l’enfer d’avoir un enfant ou un proche devenu esclave de la drogue, puissiez retrouver le sourire et, surtout, le courage et la force d’affronter une réalité très dure. Votre vie a de la valeur. Elle ne s’arrête pas parce qu’une personne de votre entourage est devenue accro aux substances et que, depuis, votre quotidien est pourri. »
Cela fait plus d’une dizaine d’années déjà que le Groupe A de Cassis/Lakaz A a initié les sessions SEL. « Ce sont des week-ends résidentiels au Foyer Fiat. Un espace qui est mis à notre disposition par le diocèse. Néanmoins, ces rencontres sont ouvertes aux parents de toutes les communautés existantes de notre île. Nous ne pratiquons aucune sélection sur ce plan. » La raison pour laquelle Cadress Rungen souhaite faire appel aux parents, c’est « parce que les sessions allant, et dans le sillage de la grande rencontre que nous avons eue au collège Lorette de Rose-Hill en juin dernier, nous nous sommes rendu compte à quel point de plus en plus de parents de notre pays partagent les mêmes souffrances ».
Il renchérit : « nou ti kone ki boukou fami dan ladetres. Mais cette année, les choses sont pires. Pas un jour ne passe sans que les médias fassent état de saisies de drogue, mais aussi d’agressions physiques, de meurtres, où de cas de parents victimes de leurs propres enfants. »
« Lakaz inn fini pran dife »
Le travailleur social, engagé dans la lutte contre la drogue et pour le respect des droits des toxicomanes depuis les années 80, avec l’arrivée dans le pays du Brown Sugar, dérivé de l’héroïne, continue : « Sur le terrain, de notre vécu, avec les autres amis travailleurs sociaux engagés dans ce combat, nous n’avions jamais vu autant de drogue circuler dans notre pays. Et incidemment, autant de consommateurs. Nepli ler pou dir ki ler e grav. Lakaz inn fini pran dife. Aster bizin teyn sa dife-la ek rekonstrwir, rebatir pou ki nou bann zanfan pa vinn zonbi. »
Ce week-end du 11 au 13 octobre, Cadress Rungen et son équipe de bénévoles du Groupe A de Cassis/Lakaz A attendent ainsi « des parents affligés, au bord du désespoir », et donc au bout du rouleau. « Vivre avec un enfant ou un proche toxicomane dans sa maison, c’est l’enfer. Cela fait plusieurs décennies qu’au sein du Groupe A de Cassis/Lakaz A, nous avons pris conscience de l’immense détresse de ces cellules familiales, qui deviennent fragiles, précaires, dans ces circonstances. Certaines se brisent; d’autres tiennent bon. » D’où l’initiative de l’ONG de s’engager dans cet aspect de la réhabilitation/réintégration.
« Dans nos équipes, nous avons des parents dont les enfants, après des traitements, sont sortis de l’enfer de l’addiction. Mais il y en a aussi qui n’y arrivent pas. L’idée des sessions SEL, c’est de ‘empower’ ces familles, de les encadrer en leur donnant des outils, comme l’estime de soi, la force intérieure, la persévérance dans ces situations délicates, afin qu’elles soient armées à affronter leurs problèmes. » Les sessions SEL se déclinent en plusieurs thérapies, individuelles ou de groupe. « Essentiellement, nous avons des espaces de dialogue, d’écoute et de partage, où nous invitons les parents à se dire, à expliquer leur situation, leur vécu avec les personnes qui sont dépendantes. Tout est strictement confidentiel », assure Cadress Rungen.
Détresses et désespérance
L’idée c’est que ces parents retrouvent une normalité, et qu’ils ne connaissent en fait pas. « Cela afin de les aider à surmonter les épreuves qu’ils rencontrent actuellement, et à les encourager à prendre soin d’eux-mêmes avant toute chose. Parce qu’ils baissent les bras et pensent qu’il n’y a pas de solution, ni de recours et qu’ils sont condamnés à mener une vie empreinte de détresses et désespérance. Ce n’est pas le cas. »
Le travailleur social admet cependant qu’ils ne peuvent pas faire de miracle. « Qu’il s’agisse de familles, dont les éléments sont des jeunes accros aux substances, ou d’autres dont les proches font une rechute, chaque situation est dramatique. Ce que nous proposons à toutes ces familles, c’est un espace, un encadrement où elles sortent de leur isolement. Des exercices qui leur permettent de comprendre comment chacun s’est retrouvé abîmé, mais sans que cela soit une finalité. Il y a une vie après, encore et toujours. »
Il conclut : « c’est une étape cruciale, car autrement, ces parents s’enferment et se condamnent à une mort sociale lente et inexorable. Nou pa kapav les sa arive ek res lebra krwaze. C’est notre devoir d’humain d’aider et de nous soutenir les uns, les autres. »
HT
Des places disponibles pour ce week-end
Pour chaque Session SEL, une cinquantaine de participants peuvent être accommodés. « Pour le week-end en cours, nous avons encore quelques places de libre. De fait, nous lançons un appel aux parents de quelque région et communauté du pays. Appelez-nous (5763-9070) ou contactez-nous par mail (Lacaza@groupea.org). » Cette dernière Session SEL de 2024 débutera à 17h le vendredi 11 et se terminera à 16h le dimanche 13.
Cadress Rungen indique aux parents intéressés : « n’ayez aucune crainte ! Appelez-nous et demandez autant d’informations que vous le souhaitez. Ne vous tracassez pas, il n’y a aucun frais. Venez avec quelques vêtements de rechange bien entendu. Et si vous souhaitez apporter des aliments, vous êtes les bienvenus. Nous ferons la cuisine tous ensemble, au même titre que les échanges et groupes de parole. Nous vous invitons à venir participer à une expérience commune qui, nous le savons, vous sera immensément bénéfique. »