Ouest : La prolifération de terrains vagues inquiète

Ces terrains, défigurant le paysage et constituant également un danger pour la santé et la sécurité publique sont de véritables repaires de toxicomanes, des cachettes pour des violeurs et voleurs. La dépouille de Nadine Dantier découvert le 25 juin 2003 sur un terrain en friche à 400 mètres de sa maison à Albion en a été la tragique illustration. Un crime toujours pas élucidé.

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À Flic-en-Flac, Albion, Rivière-Noire, le nombre de terrains vagues a enrefustré une croissance exponentielle. A côté, la municipalité de Beau-Bassin-Rose-Hill a essayé dans le passé de venir à bout de ce problème et elle a même essayé d’imposer des amendes aux propriétaires de terrains abandonnés. Mais ces actions ne semblent pas avoir été suffisantes. Les collectivités locales manquent de personnel et de moyens.

En avril dernier, le conseil de district de Rivière-Noire a fait appel aux propriétaires/héritiers ou ceux ayant un droit sur des terrains vagues en friche et abandonnés, leur demandant de les nettoyer et de les clôturer dans un délai de 15 jours en vertu de l’article 61 de la Local Government Act 2011 afin de réduire la prolifération de rats et de moustiques, vecteurs de maladies. Car le dépôt sauvage d’ordures ainsi que des véhicules abandonnés sur ces terrains et leur utilisation pour des activités illicites sont devenus des nuisances. Passé ce délai de 15 jours, avait prévenu le conseil, tout contrevenant serait passible d’une amende allant jusqu’à Rs 25 000. En vertu des articles 61 (9) et (10) de cette loi, le conseil peut procéder au nettoyage d’un terrain qui représente un danger pour la santé et la sécurité et recouvre les frais encourus auprès des propriétaires.

Le Mauricien a sollicité Veenabye Jeewajee, la présidente du conseil de district de Rivière-Noire pour connaître le nombre de contraventions servies aux propriétaires de terrains abandonnés depuis mai dernier. « Nous avons demandé à tous les conseils de village de nous aider dans cette tâche. Nous travaillons en même temps en collaboration avec d’autres instances pour trouver des solutions à ce problème », fait-elle comprendre.
Et le cadastre ne peut-il pas aider à retrouver ces propriétaires ? « Certains d’entre eux sont à l’étranger, d’autres attendent avant d’y construire », dira une source au conseil de district de Rivière-Noire. Dans bien des cas comme à Flic-en-Flac, les gens ne savent pas à qui appartiennent les terrains abandonnés.

Un ancien conseiller du village de la région de l’Ouest pense que le problème des terrains vagues est la consquence directe de la spéculation foncière. « Beaucoup de personnes ont acheté des terrains qu’elles n’ont pas développés dans l’espoir de pouvoir les vendre au prix fort », poursuit-on.

Jimmy, propriétaire d’un terrain à Morcellement Bismic, Flic-en-Flac, est d’avis que les gens ont tendance à oublier le civisme. « Maurice s’est développée très rapidement. Les gens n’ont pas vraiment eu le temps de s’adapter psychologiquement. Ils sont devenus matérialistes et individualistes. Bon nombre de Mauriciens sont conscients de leurs droits, mais nous oublions que nous avons aussi nos droits », dira-t-il encore.

Et comment explique-t-on cette prolifération de terrains vagues ? Selon Jimmy, le problème est dû à la spéculation foncière. Par ailleurs, beaucoup de Mauriciens qui sont partis à l’étranger pour aller travailler ont acheté des terrains à Maurice pour spéculer.
Toutefois, les autorités ont le droit de convoquer le propriétaire d’un terrain récalcitrant et lui intimer l’ordre de le nettoyer, a fait valoir un cadre du conseil de district, en vertu de l’article 51 de la Local Government Act. Le vrai problème, a-t-il souligné, est le laxisme des autorités concernées. « Le dispositif légal est là, il n’y a pas de véritable volonté politique. La solution est à portée de main. »


Témoignages

Gérard, un Mauricien qui a travaillé en France pendant dix ans, est retourné au pays natal pour vivre une retraite paisible avec son épouse dans sa maison qu’il a fait construire sur un terrain acheté à Flic-en-Flac. Mais depuis deux ans, lui et sa femme ne peuvent mener la vie paisible à laquelle ils aspiraient. La cause, la proximité d’une maison abandonnée sur un terrain vague. Des ouvriers qui viennent travailler dans les parages jouent aux cartes dans la maison en question après leur déjeuner. Ils font du bruit. « Nous ne pouvons nous reposer tranquillement. Nous préférons nous taire par peur de représailles. Nous ne pouvons plus supporter cette situation. »

Selon Gérard, il a déjà pris les dispositions pour vendre sa maison et il déménagera très prochainement. Après avoir passé 32 ans à sacrifier ma vie à travailler, j’avais cru que j’allais passer ma retraite paisiblement dans mon île natale. Malheureusement, je dois partir », regrette-t-il.

Sanjay, lui, se plaint de ses voisins qui viennent empiler des ordures sur un terrain vague en face de sa maison. D’autres personnes peu soucieuses de l’environnement font la même chose. Des chiens y errent, remuent les ordures et font du bruit. Pour lui, la situation devient chaque jour de plus en plus intolérable et invivable.

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