Organisation internationale du travail (OIT) : Les jeunes et le travail post-Covid

– 8,4 millions d’emplois supplémentaires pour les jeunes d’ici à 2030 grâce à la mise en œuvre de mesures politiques vertes et bleues

Les premiers dommages collatéraux du Covid commencent à se faire sentir. Le rapport de l’OIT, « Tendances mondiales de l’emploi des jeunes 2022 », publié durant la semaine, met les jeunes en lumière. Il est indiqué que, post-pandémie, ces derniers ont encore plus de mal qu’avant à intégrer le marché du travail. Surqualifications ou manque de formations, nos jeunes ont du mal à s’accrocher… L’OIT urge ainsi les États à profiter de la réévaluation de leur stratégie politique dans cette phase de reprise pour investir dans des approches transformatrices à plus long terme et restructurer leur système économique pour le rendre plus inclusif, durable et résilient.

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Covid a laissé beaucoup de séquelles. Chez les jeunes encore plus. Selon le rapport, « entre 2019 et 2020, les 15‑24 ans ont connu un pourcentage de perte d’emploi bien plus élevé que les adultes (entendus comme les personnes de 25 ans et plus). Beaucoup d’entre eux sont alors sortis du marché du travail, ou n’ont tout simplement pas réussi à y entrer, et ce en raison de l’énorme difficulté à chercher et à conserver un emploi alors que des mesures de confinement et de restriction étaient imposées par de nombreux gouvernements et que les employeurs subissaient des pertes massives de revenu en raison des fermetures d’entreprises. » De plus, au niveau de la formation, l’on souligne qu’avec fortes baisses du revenu familial et le recours des établissements scolaires à l’enseignement à distance, la poursuite des études et de la formation pour nombre de jeunes ont été beaucoup plus difficiles. De plus, le nombre déjà élevé de jeunes sans-emploi et ne suivant ni étude ni formation (NEET) a encore augmenté en 2020.

En 2020, ils étaient 4 millions de jeunes à ne pas avoir d’emploi. « La hausse du chômage des jeunes, évaluée à environ 4 millions de jeunes chômeurs supplémentaires en 2020, ne rend pas compte pleinement de l’impact de la crise sur le marché du travail, loin de là. L’emploi mondial des jeunes a ainsi connu une diminution de 34 millions de postes entre 2019 et 2020. » En ce qu’il s’agit de la population active potentielle, qui comprend des jeunes ne faisant pas officiellement partie de la population active, mais qui est marginalement rattachés au marché du travail, elle a quant à elle augmenté de 7 millions. « Le nombre de personnes se trouvant totalement exclues de cette population active élargie a de son côté crû de 27 millions. Près de la moitié des pertes d’emploi subies par les jeunes en 2020 ont fait augmenter le nombre de jeunes NEET, tandis que l’autre moitié a fait croître le nombre de jeunes en études, mais sans emploi. Fait alarmant, le taux mondial de jeunes NEET a augmenté de 1,5 point en 2020 pour atteindre son niveau le plus élevé depuis au moins quinze ans », souligne le rapport de l’OIT.

Surqualifiés et faibles salaires

Aussi, concernant le taux de chômage des jeunes, il s’avère que la reprise devrait avoir des effets différents dans les pays à revenu faible et intermédiaire, d’une part, et dans les pays à revenu élevé, de l’autre. « En effet, les pays à revenu élevé sont les seuls qui devraient revenir d’ici à 2022 à des taux de chômage des jeunes proches de ceux de 2019, tandis que dans les pays au revenu inférieur ces taux devraient rester largement plus de 1 point au‑dessus du niveau d’avant la crise. » L’OIT indique que les jeunes qui perdent leur emploi ou qui ne parviennent pas à entrer sur le marché du travail sont particulièrement vulnérables à un effet « cicatrice », c’est‑à‑dire qu’ils risquent d’être pénalisés dans leur parcours professionnel ultérieur par rapport à leurs pairs, même lorsque les conditions macroéconomiques s’amélioreront. Ils peuvent ainsi finir par accepter un emploi pour lequel ils sont surqualifiés, ce qui risque de les piéger dans une trajectoire d’emploi marquée par l’informalité et les faibles salaires. Comme on l’a vu lors des crises précédentes, les jeunes des pays à revenu élevé peuvent également être touchés par ce phénomène de cicatrice.

Au niveau de la formation et l’enseignement, il a été observé que la crise du Covid ‑19 a également perturbé la scolarité et la formation, « tant qualitativement que quantitativement. La fermeture généralisée des écoles a touché plus de 1,6 milliard d’apprenants. Une scolarité perturbée peut être la source d’importantes pertes d’apprentissage et mener à des inégalités aussi bien intergénérationnelles qu’intragénérationnelles. La fermeture des écoles en 2020‑21 a eu des effets très différents sur les jeunes, que ce soit entre pays ou à l’intérieur d’un même pays, et ce en fonction de la capacité institutionnelle à organiser efficacement l’enseignement à distance ou encore du statut socio‑économique des familles, qui a grandement déterminé dans quelle mesure les élèves ont pu bénéficier de cet enseignement à distance. Les jeunes femmes et les jeunes filles ont souvent été les premières à être exclues de la scolarité, et les dernières à y revenir, ce qui est susceptible d’aggraver les inégalités entre les sexes sur le marché du travail. »

Covid et la perte de compétences

De plus, la perte des compétences de base en matière de lecture, d’écriture et de calcul a un impact direct sur l’apprentissage futur des élèves, et sur leur préparation à la vie et au travail. « Outre les pertes d’apprentissage à même de perturber l’ensemble de la trajectoire scolaire, les fermetures d’écoles qui se sont succédé dans le monde entier en 2020‑21 ont provoqué des effets néfastes importants sur la nutrition et la santé. Les baisses du niveau scolaire dans le primaire et le secondaire pourraient compromettre la poursuite future d’études supérieures. On pourrait ainsi dire que la crise du COVID‑19 a non seulement fait baisser le niveau scolaire en raison de son impact direct sur les écoles, mais également en termes d’impacts sur l’éducation à venir, en particulier dans les pays les plus pauvres. »

L’OIT lance ainsi un appel aux pays de revoir leur stratégie. Ainsi, toujours selon le rapport, les résultats de la modélisation suggèrent que, « si le scénario mixte devait être mis en pratique dans le cadre d’une forte poussée des investissements menés par les pays, le produit intérieur brut mondial serait d’ici à 2030 supérieur de 4,2 pour cent à celui du scénario de référence, avec 139 millions d’emplois supplémentaires à travers le monde pour des travailleurs de tous âges. L’emploi mondial des jeunes — ici défini comme impliquant les jeunes âgés de 15 à 29 ans — passerait de 697 millions en 2022 à 751 millions en 2030 dans le scénario de référence, tandis que le scénario mixte en créerait encore 32 millions de plus dans la même période. » Aussi, un nombre croissant de pays développés et de pays en développement revoient leurs modèles de croissance précédents pour se tourner vers des modèles économiques « verts » et « bleus » à même de favoriser le développement durable, la création d’emplois et la réduction de la pauvreté.

De nouvelles opportunités d’emploi devraient naître, en particulier grâce aux investissements visant à abolir les émissions nettes de carbone d’ici à 2050, grâce aux investissements dans les énergies propres et renouvelables, la construction civile, l’agriculture durable, le recyclage et la gestion des déchets. La modélisation indique en effet que 8,4 millions d’emplois supplémentaires pourraient être créés pour les jeunes d’ici à 2030 grâce à la mise en œuvre de mesures politiques vertes et bleues. Une lueur d’espoir pour la planète…

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