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Ordonné prêtre ce dimanche : Cédric Lecordier : « Je veux vivre une Église en sortie, dans les périphéries »

Cédric Lecordier, 35 ans, sera ordonné prêtre au sein de la Compagnie de Jésus, ce dimanche 4 août , à Mahébourg. Cet ancien élève du Collège du Saint-Esprit, lauréat dans la filière classique de la cuvée 2007, et ancien journaliste à Le Mauricien, a choisi de se mettre au service des autres. Il affirme avoir fait ce choix pour être à l’écoute et n’entend pas assumer cette responsabilité en étant enfermé dans une église. En tant que Jésuite, missionnaire, il se dit prêt à aller là où l’on a besoin de lui, selon les besoins de l’Église, mais aussi dans des domaines civils, politiques, intellectuels, sociaux. La devise qu’il a choisie est : « Révélé aux tout-petits. »

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Après un parcours et une formation d’une dizaine d’années, vous serez bientôt ordonné prêtre. Que ressentez-vous à ce sujet ?
Il y a deux niveaux du ressenti. À l’intérieur, il y a une grande paix, une sérénité. Ce n’est pas la même chose que d’être sûr de soi. Je suis dans une dynamique de confiance. Ce n’est pas comme si vous allez prendre un examen. C’est un moment de lâcher-prise progressif. Vous vous laissez faire. J’essaie de participer à ma mesure à l’organisation des affaires, mais en même temps je dois me laisser faire à un autre niveau, à mettre les affaires en place. C’est une bonne adrénaline.

Je suis comblé à deux niveaux. Cela peut chahuter un peu plus au niveau de l’organisation. C’est une bonne école de la vie aussi. Vous vous préparez à la surprise. Et moi le premier.

Qu’est-ce qui pousse un jeune lauréat, promis à un bel avenir professionnel, à devenir prêtre ?
Je suis lauréat, oui, j’ai été performant dans certaines matières à un certain âge de ma vie. Je suis reconnaissant de ce que l’État mauricien a fait pour moi. Je dois à mon pays quelque chose que je ne pourrai jamais rembourser. Ce n’est pas une question de sou, mais pour ce que cette bourse m’a permis de vivre. J’ai fait des études que je n’ai pas vraiment aimées, mais cela aussi a été une très bonne école de la vie. Il y a un décalage entre ce que les gens pensent que j’aurais pu être et que je ne me voyais pas du tout être, d’ailleurs.

Quand vous me dites que je suis lauréat, vous vous disez que j’aurais pu me faire beaucoup d’argent, mais ce n’est pas mon truc. J’aurais certainement fini comme enseignant. Je ne dis pas cela comme un échec, mais c’est mon tempérament. Ou alors comme journaliste. Il a fallu le temps des études pour me rendre compte que je n’étais pas fait pour une carrière sécurisée, conventionnelle. Je n’étais pas fait pour la carrière rêvée.

Je voulais rêver d’autre chose aussi.
Je suis entré dans la Compagnie de Jésus, parce que je ne voulais pas seulement être prêtre, je voulais être missionnaire. Pas seulement une mission territoriale ou régionale. Certes, vous êtes envoyé à tel ou tel endroit, selon les besoins de l’Église, mais aussi dans des domaines civils, politiques, intellectuels, sociaux.
Parmi les grands frères jésuites que j’ai côtoyés à Maurice ou en France, certains ont vécu une partie de leur vie dans des usines à balayer, à tourner, à travailler dans le fraisage. D’abord avec un bleu de travail et non seulement avec une chasuble et les ornements liturgiques. C’est cet aspect-là qui m’intéressait.

Je me suis dit, je n’ai pas envie d’être en aube, étole et chasuble, toute ma vie. Si un jour on me dit d’aller au travail avec une chemise j’y vais. S’il faut porter un bleu pour travailler dans un atelier, j’y vais. C’est cette grande souplesse par rapport à ce que c’est qu’une mission, qui m’a appelée. Quand je compare ce que la Compagnie de Jésus m’a donné à vivre et l’éventuelle carrière que j’aurais pu faire et dont je ne sais même pas à quoi elle aurait pu ressembler, j’avoue que j’ai toujours l’impression de sortir gagnant.
Au début de ma formation comme Jésuite j’ai eu l’occasion de travailler dans une école de production automobile avec des jeunes en décrochage scolaire à Lille. J’ai l’occasion, pendant un stage apostolique, qui s’appelle la Régence, d’être envoyé à Marseille. J’ai travaillé dans un milieu populaire, dans un collège catholique en monde arabo-musulman.

Je n’aurai jamais rêvé faire quelque chose comme ça dans ma vie. C’est l’accueil de la surprise, vécu dans l’obéissance. C’est la vie que j’ai choisie, j’attends que le Seigneur continue à me surprendre d’une manière ou d’une autre.

Si je devais dire les choses de manière beaucoup plus professionnelle, c’est beaucoup plus motivant que de faire carrière. Sans hésitation. J’ai été enseignant, j’ai été communicant, j’ai fait de la musique, j’ai fait des vidéos… Des choses que je n’aurais jamais imaginé faire de ma vie. Il y en a eu des bonnes, des moins bonnes, des échecs, mais j’étais très content de les vivre avec joie.

Des internautes, réagissant à votre choix de vie, ont estimé que vous auriez dû rembourser à l’État les dépenses encourues pour votre bourse d’études. Comment réagissez-vous à cela ?
Ils ont peut-être raison de penser qu’ils ont contribué à ma formation et je redis ma reconnaissance pour cela. En même temps, je pose la question : comment est-ce qu’ils évaluent une heure d’écoute en termes de roupies ? Mes études ont dû coûter à l’État Rs 3 millions. Une vie sauvée à travers l’écoute, combien de millions vaut-elle ?
Je rebondis dessus pour dire que nous ne pouvons avoir le même raisonnement dans l’Église, par rapport aux vocations. Les gens disent : nou’nn kontribye pou sa seminaris-la, li’nn arete… Je dis pareil. Tous ces jeunes qui ont donné leur vie, à combien vous les estimez ? Si vous raisonnez en termes d’investissement, comment évaluez-vous cela ? Est-ce qu’il vous demande de rendre des comptes pour les années qu’il a données à l’Église, avec sa générosité, ses failles, sa vulnérabilité ?

Est-ce que vous vous rendez compte aussi que des fois l’Église doit dire non, en toute responsabilité, à quelqu’un qui a essayé, mais ne peut pas être prêtre. Un évêque ou un supérieur de communauté doit dire non, quand c’est nécessaire. Tout le monde ne devient pas prêtre. J’ai mes défauts, mes failles, ma vulnérabilité propre. À aucun moment, on prend pour acquis que l’ordination c’est dans tant de temps et que cela m’est dû, parce que j’ai donné ma vie. Il faut prendre conscience du risque que ces jeunes prennent et il faut leur donner l’espace de gratuité.

C’est pareil comme quand nous bénéficions une bourse. Nous le recevons gratuitement, dans la liberté d’exercer son talent. C’est à travers cela que nous arrivons à travailler et à servir dans la joie. Ce n’est pas en remboursant des dettes.
À ce titre, la devise épiscopale de Monseigneur Jean-Michaël Durhône retrouve toute sa pertinence : reçu gratuitement pour donner gratuitement. Mais si on me dit tu as reçu tant et tu dois donner tant, ce n’est pas pareil.

Vous arrivez à un moment où l’Église est en crise, comment situez-vous votre rôle dans ce contexte ?
C’est un contexte particulier qui nous demande d’appeler un chat un chat. J’ai fait ma formation en France dans un contexte où il y a eu le climat d’abus et de complicité dans l’Église et pas seulement concernant des prêtres pédocriminels. Je préfère ce terme à pédophile, car nous ne sommes pas dans le domaine du délit, de la faute, du petit problème de chasteté ou de quelqu’un qui a fané un coup. Je parle de la pédocriminalité. Ce contexte de l’emprise, de la toute-puissance spirituelle exercée sur des personnes. En tant que prêtre, on est considéré comme quelqu’un qui sait. Le prêtre exerce un pouvoir sur la vie des gens. Il y a une forme d’addiction, les gens se disent : sa monper la li enn gran dimounn, mo bizin al get li, sesi sela…

Ce contexte-là, avec la complicité hiérarchique de l’Église qui avait développé une grande compétence dans la dissimulation des problèmes, me met en colère. La colère n’est pas une émotion qu’il faut mettre de côté. Moi, j’ai une colère paisible, mais je suis en colère quand même. Ce n’est pas parce que je suis ordonné que je passe l’éponge sur les scandales. C’est pour cela aussi que j’ai choisi comme thème de mon ordination « révélé aux tout-petits ». Je suis pour la protection des enfants et pour dire non à tous les systèmes d’emprise. Je suis pour une Église responsable et courageuse qui n’entre pas dans le phénomène de complicité. Tant pis si c’est enn gran monper.

Je voudrais que les gens réalisent que les prêtres sont des humains. Il ne faut pas croire qu’un prêtre c’est un saint car c’est comme cela qu’il peut y avoir de l’emprise.
Parlez-nous de votre devise, « Révélé aux tout-petits ».

J’ai choisi cette devise parce que cela fait plusieurs années que je fais un chemin avec ce texte de l’Évangile où Jésus marche avec ses disciples. Il dit quelque chose d’incroyable : « Père, je te rends grâce, ce que tu as caché aux sages et aux puissants, tu l’as révélé aux tout-petits. »

Dans le regard que Jésus avait sur le monde, il était capable de s’étonner que la révélation de papa passe par un canal, qui n’est pas celui des gran palto et de gran dimounn konn tou. C’est aussi un hommage à des gens qui m’ont beaucoup apporté. C’est un avertissement personnel, car c’est très facile de s’adresser à de grandes compétences, plutôt que de composer avec ce que le Seigneur nous propose.

Révélé aux tout-petits, c’est aussi pour moi, le contexte mahébourgeois, où je suis. C’est un endroit qui souffre du trafic de drogue, de personnes qui se battent contre les addictions, qui sont petites devant cette détresse… mais il y a la dignité de la personne. C’est ce message que je veux donner. Je pense aussi à ces veuves qui sont abandonnées par les belles-familles, à tous ces gens que nous n’entendons pas. Le plus souvent, ce sont des femmes et des enfants. Je parle de ces jeunes qui ont subi des abus dans des familles.

Je prie pour tout cela.
Il y a quelques années, j’avais aussi été marqué par le Wakashio. J’étais en France et cela m’avait profondément déprimé. Mais de voir des gens, des tout-petits, qui ont su répondre en premier à l’urgence, pour moi cela a été un grand message prophétique et missionnaire.

Vous avez choisi d’être missionnaire, vous ne serez donc pas nécessairement basé à Maurice. Pourquoi ce choix ?
Je ne me sentais pas appelé à un service d’église dans l’église. Je n’ai pas vraiment grandi dans une ambiance d’engagement paroissial. J’ai été dans la chorale parce que je voulais faire de la musique. La liturgie tout ça, ce n’était pas trop mon truc à l’époque. Je voulais vivre une église qui n’était pas de l’intérieur, mais en dehors, dans les périphéries. Une Église qui se déplace. Une Eglise en sortie.
Il y a des gens qui me disent : « ah, tu vas faire ton ordination à Mahébourg, c’est compliqué, c’est loin…» Mais une Église qui est tout le temps au centre, cela ne m’intéresse pas.

La première messe de l’île a été célébrée à Vieux-Grand-Port, en 1616, par des Jésuites de passage. Des Portugais qui étaient dans un bateau et qui passaient par là pour se ravitailler. Si un jour je me retrouve dans un bateau à célébrer une messe dans un endroit où il n’y a jamais eu de messe, je serai très heureux. Tout comme d’autres qui ont quitté leur pays pour venir à Maurice. Mais cela ne veut pas dire que je ne serai jamais à Maurice non plus.

On m’a envoyé à Mahébourg, qui n’est pas ma ville natale. Il faut dire que je suis beaucoup plus à l’aise là où je ne suis pas né. Il y a quelques années, j’ai eu l’occasion de vivre un temps de découverte de la Chine. Je me souviens du témoignage d’un Jésuite argentin qui me disait : « Les racines c’est très important, mais un arbre, c’est pas que des racines. » Nous savons d’où nous venons et nous continuons à d’aller là où l’Esprit nous appelle.

Au cours de votre formation, vous avez été en mission à divers endroits. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué?

La mission, on peut croire que c’est une lettre qu’on reçoit et qu’on va performer là où on nous envoie. On peut penser que c’est nous qui allons apporter la bonne nouvelle et la connaissance aux personnes. C’est tout à fait le contraire. J’ai travaillé dans un milieu très proche de l’islam, pour des cours de culture religieuse. J’ai vécu avec ces jeunes, pas pour les convertir, surtout pas, mais pour regarder le passage du Christ dans leur vie et me laisser évangéliser d’une certaine manière. J’étais surpris de la foi, de cette manière de regarder le Christ dans l’islam, qui est très belle, qui interpelle, qui me fait réfléchir.
Souvent nous parlons aussi de manque de prêtres. Mais l’Église a toujours manqué de tout. L’Évangile nous dit que la moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Donc, c’est un problème constant. C’est aussi une manière de dire que l’Esprit travaille le monde d’une manière qui nous surprend. Cela m’agace quand on me parle de manque, de manque, de manque…

Les jeunes n’entrent pas dans un domaine où il y a des manques, mais là où il y a le désir. Si on n’a pas de désir, on n’appelle pas. Croire que l’Esprit appelle les jeunes à être prêtre, c’est faire fausse route. Et si l’Esprit appelait les jeunes à faire autre chose ? Peut-être qu’il y a d’autres signes dans le temps. Comme s’asseoir autour d’une table et voir ce que ce temps de crise nous dit de bon. J’anime avec une équipe, ce qu’on appelle des messes sans prêtre. Je suis heureux de laisser le micro à des femmes, des hommes, surtout des femmes, qui ont des choses à dire, des témoignages de foi.

Il faut faire comprendre aux gens que ce n’est pas parce que j’ai une étole sur les épaules que je sais. Ma mission, c’est de donner la parole. Cela fait ma joie. Nous ne pouvons dire à un jeune, il manque de prêtre, qu’est-ce que tu fais ? Cela ne marche pas. Moi ce n’est pas pour cela que je suis entré. Pas pour combler des manques, mais pour suivre un désir. La pastorale ce n’est pas pour boucher des trous. C’est répondre à un appel. C’est une question qui se pose dans la Compagnie de Jésus. On se dit qu’il manque des gens, mais qu’est-ce qu’on fait de différent avec le peu qu’on a ?

Aujourd’hui, la faculté Loyola Paris, où j’ai fait mes études, n’a pas de Jésuite, à qui l’on confie la direction de la faculté de théologie et de philosophie. C’est une très bonne nouvelle. Heureusement, car il y a un laïc qui est là, qui est philosophe, qui connaît très bien la Compagnie de Jésus, qui a un charisme fou, qui est père de trois enfants, qui a été directeur d’établissement, qui fait le travail. C’est lui que l’Esprit a voulu mettre là et non pas un Jésuite qui n’a de compétence que d’être Jésuite. À un moment il faut être réaliste. Je suis très content de pouvoir travailler sous les ordres des laïcs. Car il y a des choses que je fais très bien et des choses que je fais mal.

Comment est-ce que votre passage dans la presse, en tant que journaliste, a contribué à ce que vous êtes aujourd’hui ?
Avec le travail de journaliste, il y a un côté travail de l’ombre. Dans le sens qu’il y a l’écoute, l’opinion. J’ai appris à prier aussi dans une salle de rédaction. Quand j’étais au Foyer La Source, pour discerner la vocation, je travaillais en même temps, comme journaliste à Le Mauricien. À l’époque, le bureau du rédacteur-en-chef était vide et j’aimais me poser là, de temps en temps, pour regarder par-delà la fenêtre. Je regardais les gens qui passent, le marchand de dholl-puri en face… et d’imaginer quelle est l’actualité qui traverse la vie de ces gens ? Quel est mon travail là dedans ?

C’est comme une prédication. Je n’aime pas parler tout le temps, parce qu’à un certain moment ça saoule. L’homélie, c’est écouter ce qui traverse la vie des gens, pour le redire aux gens à travers le Christ, dans le texte qui nous est donné. Si je peux un jour me retrouver dans une salle de rédaction de nouveau, je serai très heureux. C’est mon autel à moi. C’est devenu l’autel de l’Église après, mais avant, il y avait la table de rédaction.

Vous serez ordonné à un moment où Maurice est en pleine ébullition, avec les élections générales qui arrivent, les tensions, notamment à l’Assemblée nationale avec les expulsions régulières. Quel est votre regard sur cette société mauricienne de 2024 ?
Mon regard sur la société est un regard d’espérance. Je redis ma reconnaissance à l’État mauricien, au-delà des partis politiques. À mon avis, nous sommes une démocratie qu’il faut protéger. J’ai été très heureux de voir que Monseigneur Durhône a pris le temps d’écouter des jeunes. De les aider à discerner la politique, qui est la forme la plus haute de la charité, selon l’Église. C’est ce désir profond de regarder les plus petits et d’essayer, avec les moyens d’économie réels, de proposer des solutions réelles. C’est une science du compromis, mais pas de la compromission. On dit qu’il manque des prêtres, mais peut-être qu’il manque des politiciens, dans le vrai sens du terme. C’est ce que je me dis quand je regarde les expulsions.

Face à cela, quand je regarde la société, je vois des gens qui font preuve d’une débrouillardise, des gens talentueux. C’est pour cela que je me dis qu’il y a de l’espérance. Il y a aussi les nouveaux Mauriciens qu’il faut accueillir. Récemment, j’ai mangé dans une pizzeria à Beau-Bassin, tenu par un Italien, qui fait des pizzas avec une touche mauricienne, qui emploie des étudiants camerounais, ghanéens, mauriciens, malgaches…, je me dis que ça, c’est Maurice. Il y a quelque chose à faire de magnifique au niveau de l’accueil. Cela demande de l’intelligence.

Pour revenir à la politique, je vais sans doute voter pour la première fois, puisque c’est la première fois que je suis à Maurice quand il y a une élection. Je me dis : punaise, c’est dommage, que ce système de First Past the Post crée une situation bipartisane. De tout mon cœur, de toute mon âme, j’ai une sensibilité plus écologique. Il y a des gens brillants à Maurice qui font des choses exceptionnelles. Mais face à cela, il y a deux choix. Si je me dis qu’il y a un besoin urgent d’être dans la continuité pour être efficace, je suis encouragé par le système à voter bloc. Si je suis pour une forme d’alternance et que c’est une urgence, une fois de plus, je suis encouragé à voter bloc. Est-ce que c’est une alternative qu’on donne à la jeunesse? Quel dommage ! C’est ma tristesse personnelle.
L’Église ne donne pas de consigne de vote, mais le chrétien, il a sa Bible, il a sa prière personnelle, sa conscience et il va exercer le sacrement du citoyen, en votant. Il y a le sacrement du baptême et il y a le sacrement du citoyen. On n’est pas plongé dans l’eau du baptême pour quitter la société. On est là pour mouiller le maillot.
Je suis désolé de ce spectacle de l’Assemblée nationale, comme tout le monde. Ce n’est pas une question de couleur politique. C’est juste dommage, c’est désolant.

Quel est votre message aux jeunes ?
Je dirai qu’il ne faut pas raisonner avec la question de besoin, de manque dans l’Église. Il faut interroger le désir profond. Avoir la foi et le courage d’entendre la petite musique personnelle que l’on a à l’intérieur de soi. Il faut se demander : qu’est-ce qui me passionne ? Qu’est-ce qui me fait me sentir vivant, profondément ? Ça commence par là.
À Maurice, nous avons une population d’avocats et de comptables. Ce n’est pas possible qu’il y ait autant de gens passionnés par la finance et le droit. Je respecte les choix, mais je me demande si tout le monde est heureux à faire ce qu’il fait. D’autre part, des gens prennent des risques de faire certaines choses.

Pour moi, quelqu’un comme Sébastien Le Blanc est un témoin de foi, dans le sens d’oser, risquer, suivre une intuition. Il y en a d’autres. Je dis aux jeunes de prendre le temps d’écouter leurs désirs.

Propos recueillis par Géraldine Legrand

 

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