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Décès de 11 patients dialysés : Jagutpal ne rendra pas public le rapport du Fact-Finding Committee

Le prétexte : ce document comporte des informations sensibles concernant les patients, victimes de la gestion de la pandémie du Covid-19 à l’hôpital de Souillac Bose Soonarane (RDPA): « Les familles ont le droit de savoir ce qui s'est passé et les circonstances de ces drames »

Le Fact-Finding Committee, institué de force après le décès de 11 patients sous dialyse à l’hôpital de Souillac, a été bouclé. Toutefois, le contenu ne sera pas dévoilé au public. Le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, avance pour prétexte qu’il faut prendre des précautions, car des patients ayant déposé sont toujours en traitement.

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De même, le rapport comporterait des informations d’ordre médical et personnel. Bose Soonarane, de la Renal Disease Patients’ Association, se demande si le rapport ne serait pas Damning pour la Santé pour sa gestion catastrophique malgré l’opération Tou Korek Lakaz Mama.

Exactement un an après le début de la deuxième vague de Covid-19, avec pour conséquence dramatique le décès en avril de 11 patients en traitement de dialyse à l’hôpital de Souillac, la lumière n’a toujours pas été faite sur cette sinistre affaire. Un Fact-Finding Committee (FFC), présidé par l’ancienne juge de la Cour suprême Deviyanee Beesoondoyal, avec comme assesseurs les Drs Pierrot Chitson et Soobodsing Mareeachalee, avait été mis sur pied afin d’enquêter sur les circonstances dans lesquelles les patients en traitement à l’hôpital de Souillac ou en quarantaine à l’hôtel Tamassa ont succombé au virus.

Procédant à l’inauguration d’une nouvelle unité de dialyse à l’hôpital de Souillac hier, le ministre Jagutpal a indiqué que le FFC a déjà soumis son rapport. Toutefois, a-t-il répondu à une question du Mauricien, ce rapport ne sera pas dévoilé au public. Il sera utilisé en interne pour améliorer le service. Il explique : « Il y a des personnes qui ont donné des informations personnelles ; et qu’il faut protéger. Surtout du fait que certains sont toujours en traitement de dialyse. Un comité au ministère travaille sur les recommandations afin d’améliorer le service. À titre d’exemple, si un patient est atteint de Covid-19, il fera son traitement dans une salle isolée. »

Quant à savoir si le FFC a statué s’il y a eu négligence dans le cas des 11 patients décédés, Kailesh Jagutpal a répondu que tel n’était pas le rôle de ce comité. « Le Medical Negligence Committee est en train d’enquêter à ce sujet », a-t-il déclaré. Il précise que toutes les recommandations du FFC seront mises en pratique. La nouvelle unité de dialyse de l’hôpital de Souillac en fait partie, et permettra de traiter des patients infectés au Covid-19 séparément.

De même, le rapport fait mention d’un manque d’informations aux patients sur leurs conditions de santé et de ce qu’ils doivent faire. Dans ce contexte, a ajouté Kailesh Jagutpal, le ministère a publié un livret sur la maladie rénale chronique. On y apprend, entre autres, comment évaluer la santé de ses reins, comment gérer son alimentation et quels sont les signes d’alerte du stade terminal.

Réagissant à l’annonce du ministre de la Santé sur le fait que le rapport du FFC ne sera pas rendu public, le secrétaire de la Renal Disease Patients’ Association, estime que les parents des patients décédés « ont le droit de savoir la vérité ». Il poursuit : « Nous avons fait plusieurs requêtes pour connaître le contenu de ce rapport. J’ai même écrit au Premier ministre à ce sujet. Le public doit connaître le contenu de ce rapport, surtout ceux qui ont perdu des proches. Ils veulent savoir la vérité. »

Bose Soonarane se demande ainsi si le rapport ne serait pas Damning pour le ministère de la Santé. « Moi-même j’ai déposé devant ce comité. J’aimerais bien savoir quelles conclusions ils ont tirées de tout ce que j’ai dit », s’insurge-t-il.

RÉACTIONS

Kisna Ramsamy : « Un coup de poignard dans le cœur »

« Cela fait un an que mon épouse Sarojini est décédée et personne ne sait à quel point ma vie est devenue difficile. Les gens me disent de prendre courage. Me kouraz pa vann dan bazar. J’avais espoir que le Fact-Finding Committee allait faire la lumière sur les circonstances entourant ce décès, mais là c’est un coup de poignard en plein cœur que vient de me donner le ministre Jagutpal. Lui, il pourra toujours danser la lambada, mais mon épouse a été jetée dans un trou comme un animal.

« Ce n’est pas évident de surmonter cette épreuve. Il y a tant de questions qui restent sans réponse. Pourquoi n’a-t-on pas fait vacciner les patients dialysés ? Moi-même, j’avais déjà fait mon vaccin, mais mon épouse devait attendre que l’hôpital fasse le nécessaire. Il y a des politiciens-avocats qui m’avaient contacté pour engager des poursuites contre l’hôpital, mais j’ai refusé croyant que le Fact-Finding Committee allait nous faire justice. J’ai personnellement déposé devant ce comité. Je suis très déçu de la tournure des événements. »

Aziza Unjore : « C’est révoltant ! »

« Ce 10 mars faisait exactement 11 mois depuis que j’ai perdu mon époux Habib Unjore. Voilà que j’apprends ce jour-là que le rapport du Fact-Finding Committee ne sera pas rendu public. C’est révoltant ! Pourtant, nous nous sommes dérangés de Souillac pour aller déposer à Port-Louis. Je n’avais pas encore terminé mon deuil, ma fille et mon gendre ont même pris un jour de congé. Sans compter qu’une fois sur place, nous avons dû attendre une heure à une heure trente car on avait convoqué une autre famille à la même heure que nous. Tout ça pour que finalement, nous ne sachions rien sur le rapport. Est-ce que le ministre de la Santé nous prend pour des idiots ?

« J’apprends qu’on va maintenant se servir du rapport pour améliorer le service. Est-ce à dire que mon époux a été un cobaye ? Ceux qui ont perdu des proches savent à quel point on souffre. Mon époux, malgré ses 73 ans, était quelqu’une de solide. Il conduisait encore sa voiture. Quand il a quitté la maison il était négatif. De plus, j’avais insisté pour l’accompagner, pour pouvoir prendre soin de lui, mais on a refusé. On nous avait dit que s’il refusait de se rendre en quarantaine on allait envoyer la SMF le chercher.
« Si le ministre Jagutpal avait un proche parmi ces 11 victimes aurait-il réagi de la sorte ? Lui, il pourra toujours tous sali, mais moi, mon époux n’est plus là. »

SANTÉ
Nouvelle unité de dialyse à l’hôpital de Souillac

La capacité d’accueil des patients dialysés passe de 80 à 120 à l’hôpital de Souillac. Une nouvelle unité, avec six salles supplémentaires et des équipements sophistiqués, a été aménagée afin de répondre aux besoins dans ce domaine. Par ailleurs, le gouvernement a dépensé Rs 150 millions pour le traitement de 250 patients dans les cliniques privées au cours de l’année écoulée.

Pour marquer la Journée mondiale du rein, le ministre de la Santé, Kailesh Jagutal démasqué, a procédé à l’inauguration d’une nouvelle unité de dialyse à l’hôpital de Souillac. Elle vient ainsi consolider le service offert par l’unité existante. Avec ces nouvelles dispositions, l’hôpital sera en mesure de traiter les patients infectés au Covid-19 dans des salles séparées.

Procédant à l’inauguration, Kailesh Jagutpal s’est appesanti sur la nécessité de continuer d’améliorer les infrastructures de santé, ainsi que le service. « Qu’il s’agisse de soins médicaux, de Customer Care ou de médicaments, il faut toujours améliorer et faire des efforts pour cela », dit-il.

Il souligne que 1 500 patients sont actuellement sous traitement de dialyse à Maurice. Outre les différents hôpitaux et centres de traitement où ces soins sont offerts, le ministère travaille aussi en partenariat avec les cliniques privées. À ce titre, il a révélé que le gouvernement a dépensé Rs 150 millions l’année dernière afin de permettre à 250 patients de faire leur dialyse dans des cliniques privées.

Il a également indiqué que parmi les patients dialysés, 80% souffrent d’hypertension et 55% de diabète. Raison pour laquelle, a-t-il ajouté, il faut agir au niveau de la prévention, notamment en ce qui concerne l’alimentation et les exercices physiques. « Non seulement il faut donner le service aux personnes malades, mais il faut également prévenir les maladies », dit-il.

L’ancienne unité de dialyse de l’hôpital de Souillac ne comportait que de 16 appareils pour 80 patients. Avec cette extension, il sera désormais possible d’accueillir 132 malades. Les sessions se font deux à trois fois la semaine. « Avec les nouveaux appareils installés, les patients de la région n’auront pas à voyager pour aller vers d’autres hôpitaux. J’en profite pour saluer le travail accompli par le personnel, particulièrement en ces temps difficiles de Covid-19 », ajoute-t-il.De nouveaux centres de dialyse sont aussi prévus à l’hôpital Victoria, à Candos, et à l’hôpital Bruno Cheong, à Flacq. Dix appareils de dialyse seront également installés à la médiclinic de Bel-Air. Le ministre a rappelé qu’une unité de transplantation rénale sera aussi mise en place à l’hôpital Jawaharlal Nehru, à Rose-Belle, avec le soutien financier du gouvernement indien. « Le projet est déjà prêt. On attend de compléter les formalités. D’ici la fin de l’année, cette unité sera opérationnelle », rassure-t-il.

L’inauguration de la nouvelle unité de dialyse de Souillac a eu lieu en présence du ministre des Finances, Renganaden Padayachy, le Private Parliamentary Secretary Ismaël Rawoo, député de la circonscription, et le Dr Laurent Musango, représentant de l’Organisation mondiale de la Santé à Maurice.

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