On the Campaign Trail – Réalignement salarial : l’escalade !

Le ministre du Travail : « La démarche de Business Mauritius est irresponsable »

- Publicité -

Soodesh Callichurn accuse : « Certains membres de BM sont très proches de l’opposition »

Les Remuneration Regulations, publiées à l’officiel en vue de procéder à un réalignement des salaires dans le secteur privé, en marge des prochaines élections générales, alimentent l’escalade entre Business Mauritius et l’Hôtel du Gouvernement. Avec la fin de non-recevoir du secteur privé à la démarche du gouvernement sortant, avec le mot d’ordre d’aucun paiement de la révision salariale à la fin de ce mois, le  ministre du Travail, Soodesh Callichurn, a rencontré la presse, hier, pour clarifier la position du ministère face à la prise de position de Business Mauritius. Le porte-parole du gouvernement en matière salariale n’y est pas allé avec le dos de la cuillère en qualifiant la décision du secteur privé d’irresponsable dans la conjoncture et en accusant des membres de l’organisation patronale d’être « très proches de l’opposition ». De son côté, le secteur privé rétorque que « cette décision de statu quo salarial ne relève d’aucun agenda politique sauf que le ministre n’a pas respecté la loi. Nous sommes ouverts au dialogue. » De leur côté, les syndicats du secteur privé sont en mode mobilisation pour faire face à toute éventualité.

« Si les compagnies appliquent le mot d’ordre de Business Mauritius, elles iront à l’encontre des dispositions de la loi et c’est très grave. Je qualifie cette démarche de Business Mauritius d’irresponsable. Ils choisissent donc de défier l’autorité gouvernementale. Depuis lundi, nos partenaires sociaux, en particulier les syndicats, n’ont pas tardé à réagir avec raison. En raison de l’irresponsabilité de Business Mauritius le pays pourrait faire face à une instabilité sociale sans précédent, déjà que les syndicats parlent d’arrêt de travail et/ou de grève généralisée », a déclaré d’emblée le ministre du Travail.

Soodesh Callichurn devait poursuivre en se demandant « à qui profite le crime ». Il fait ressortir que c’est le gouvernement qui est venu de l’avant avec le projet de réajustement salarial et que désormais les patrons des entreprises ont une obligation légale d’appliquer cette décision du gouvernement. « Je le redis encore une fois à la veille des élections générales. Business Mauritius avait adopté une attitude avant que les nouveaux règlements aient force de loi. Ils demandaient à leurs membres d’attendre la publication des règlements pour appliquer le réajustement salarial. Il y a une stratégie bien rodée derrière cette prise de position de Business Mauritius à la veille des élections. Certains membres de Business Mauritius sont très proches de l’opposition. »

Le ministre s’est demandé par ailleurs : « n’est-ce pas une stratégie bien calculée en vue d’un soulèvement dans le pays ? » Il a ajouté : « chacun doit assumer ses responsabilités. Une loi est en vigueur dans le pays et personne ne peut donner des instructions pour ne pas respecter la loi. Il s’agit là d’une incitation. Je me pose la question : est-ce qu’il n’y a pas un agenda caché dans cette démarche ? Le gouvernement a dit qu’il faut payer. Certaines personnes ne souhaitent-elles pas que s’il y a changement de régime les patrons des entreprises n’auront pas à ajuster les salaires ? »

Soodesh Callichurn a affirmé qu’à chaque fois que le ministère du Travail amende ses règlements, il a toujours sollicité l’avis du State Law Office. « Aussi je dois faire ressortir que Business Mauritius fait croire que c’est une augmentation salariale. Ce n’est pas vrai. C’est un réajustement pour rétablir la relativité des salaires des travailleurs comme cela a été le cas en 2022. Je dois rappeler qu’un comité technique avait été mis sur pied par le PMO et Business Mauritius étaient déjà d’accord sur certains points depuis le 5 juillet 2024. En présence des représentants du ministère des Finances, Business Mauritius est tombé d’accord sur la formule de réajustement salarial appliquée. Maintenant Business Mauritius veut faire croire qu’il n’y a pas eu de consultations. Il est aussi faux de dire que le ministère n’a pas considéré les augmentations que les entreprises ont accordées à leurs employés », rajoute-t-il.

Ainsi, 32 Regulations préparées ont fait provision pour discount les augmentations salariales que les entreprises ont accordées à partir de janvier dernier.  Le ministre du Travail a lancé un appel à Business Mauritius et les entreprises en général de respecter la loi. « Je tiens donc à préciser qu’en cas de non-respect de la loi, le ministère du Travail n’aura d’autre choix que de sévir comme cela est stipulé noir sur blanc dans nos lois. J’espère que Business Mauritius rectifie le tir car il y a eu à chaque fois une approche très amicale et cordiale dans les négociations depuis au moins dix ans. Nous avons fait en sorte que les entreprises en difficulté aient accès à des aides financières du gouvernement. »

Dans un autre ordre d’idées, il affirme que « les patrons des entreprises ne doivent pas oublier que le gouvernement durant la période du Covid-19 finn go The Extra Mile dans le passé à travers la MIC pour permettre aux patrons de maintenir sur pied leurs entreprises et sauver l’emploi. Maintenant que l’économie a repris et que les membres de Business Mauritius finn komans fer gro-gro profi, li lezitim zordi ki li partaz sa gato nasional la avek laklas travayer. Mo demann klas travayer bizin vizilan. Gouvernma finn fer tou pou zot. Get zordi a la vey eleksion ki pe arive. Anou fer atansion. Na pa tom dan bann piez bann kamarad sef dantrepriz. Allons agir de manière responsable pour la paix et l’harmonie dans le pays.»

Le ministre du Travail a mis en exergue qu’en cas de non-respect des dispositions de la loi, des amendes seront infligées par tête de travailleur à l’employeur. Il a aussi affirmé que le National Remuneration Board (NRB) viendra de l’avant avec un rapport sur la relativité salariale pour les employés du secteur privé qui ne sont pas couverts par ce cadre salarial.

Répondant à une question de la presse par rapport à une possible contestation en Cour de Business Mauritius, Soodesh Callichurn devait réitérer que si les membres de cette instance du privé ne respectent pas la loi, le ministère va sévir ? « Fer atansion bann konpagni ki anplay bann dimounn. Pa tom dan tou kalite trou. Taler ou mem pa pou kapav sorti ladan. Mo pe poz enn kestion : eski ena enn masinnri ki an mars an konivans avek sertin Quarters pou kre dezord dan pei ? » prévient-il.

Le ministre a aussi dit que quelque temps avant la publication de la correspondance de Business Mauritius, il a eu contact avec un membre de cette instance, qui a fait savoir que certains de ses membres ont exprimé des réserves au sujet de la mise en application de l’ajustement salarial mais que ce n’est pas la position de tous les membres de Business Mauritius. « Qu’est-ce qui a donc motivé la publication de cette lettre à la suite des mouvements politiques entre vendredi et lundi », s’est-il demandé.

Subron réitère sa demande pour le rappel du Parlement

Le négociateur de la General Workers Federation (GWF), du Joint Negotiating Panel (JNP) et le porte-parole de Rezistans ek Alternativ, Ashok Subron, réitère sa demande pour le rappel du Parlement pour que l’exercice de réajustement salarial ne puisse pas être contesté en Cour. Il souligne que ce qu’il a prévu est en passe de se réaliser. Le patronat est dans une logique d’aller contester le réajustement salarial.

C’est exactement pour cette raison, dit-il, que la GWF, le JNP et la Private Secondary Employees Union (PSEU) a, depuis le 11 septembre dernier, demandé au gouvernement de rappeler le Parlement pour procéder à des amendements à l’Employment Relations Act avant la dissolution du Parlement ceci afin d’assurer que la classe patronale ne puisse pas contester l’exercice de réajustement salarial. Mais, dit-il, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, le ministre des Finances, Renganaden Padayachy et le ministre du Travail, Soudesh Callichurn, ont refusé d’écouter.

« Nous avons déjà mis en garde contre le fait que cette question de réajustement salarial allait devenir la plus grande arnaque que le pays n’a jamais connue durant une campagne électorale. Les événements confirment aujourd’hui ce que nous avons prédit. Maintenant le gouvernement se sert des travailleurs comme un bouc-émissaire dans une campagne électorale ignoble et dangereuse. Mais si la classe patronale décide de contester légalement cet exercice de réajustement salarial, il y a le risque que cette situation se transforme en une explosion sociale dangereuse dans la conjoncture politique »,  soutient Ashok Subron.
« Depuis décembre 2023, le gouvernement a décidé de façon cynique et a consideré de manière délibérée la classe laborieuse comme un marchepied pour sa campagne électorale », dit Ashok Subron. « Premie, gouvernman finn retir sa kestion depi lame National Wage Consultative Council (NWCC), ki legalman mandate pou adres relativite salarial. Deziem li finn swazir diskit avek sertin sindkalis pro rezim ek gro palto sekter prive an kouliss, me zame finn diskit ofisielman avek mouvman sindikal. Trwaziem, li finn refiz ekout GWF-JNP, ki ti pe dimann apel Lasanble Nasional dirzans avan disolision. Aster patrona pe menas pou pa peye ek pou fer santaz pou gagn lezot konsesion, anplis de liberalizasion mindev etranzer, ki zot ti fini negosie ek gagne dan dernie bidze.. Nou osi denons sertin sindikalis pro-rezim, ki finn partisip dan stratezi elekoralist danzere rezim opouvwar », affirme Ashok Subron.
Le syndicaliste demande ainsi à tous les syndicats, les partis de l’opposition et les groupes extra-parlementaires d’unir leur force pour réclamer le rappel du Parlement pour amender l’Employment Relations Act pour que les travailleurs puissent bénéficier de ce réajustement salarial.

La CTSP dénonce les « Cheap Tactics » de Business Mauritius

Dans une correspondence intitulée Business Mauritius : legal embrolio or bath faith ? adressée, hier, au ministre du Travail, Soodesh Callichurn, la Confédération des Travailleurs des Secteurs Public et Privé (CTSP) souligne que les travailleurs déclencheront un mouvement de grève national si la classe patronale refuse de réajuster leurs salaires comme convenu.

Reaaz Chuttoo et Jane Raggoo, respectivement président et secrétaire générale de la CTSP, avancent qu’il est de notoriété publique que Business Mauritius utilise de Cheap Tactics pour agir. Il a non seulement empêché la publication d’une nouvelle législation, soit le rapport sur la classification des emplois, mais maintenant il a osé défier et contester une décision du gouvernement pour un réajustement salarial.

La CTSP a préparé un relevé chronologique des événements pour soutenir ses dénonciations du patronat, dont qu’en janvier 2024, le salaire minimum est passé de Rs 11 575 à Rs 16 500, une augmentation de Rs 4 925 ou 42,5 %. À la fin du même mois, Business Mauritius est venu dire qu ‘ « imposer une grille salariale par occupation est discriminatoire ».

« Cette démarche a clairement commencé à démontrer la mauvaise foi et le refus du secteur privé de se conformer à l’exercice de détermination des salaires par corps de métiers.» En mars 2024, le lobbying de Business Mauritius s’est avéré fructueux puisque le rapport n’a jamais été publié, à la grande déception de la classe ouvrière! Business Mauritius a eu l’audace d’empêcher votre ministère d’appliquer l’article 91 A de la loi sur les relations de travail de 2008 », ajoutent les dirigeants de la CTSP.

Le 13 septembre, le Cabinet a accepté de modifier 32 règlements sur les rémunérations, à condition que l’ajustement du salaire de base soit versé aux employés avant le 30 septembre et que les arriérés pour les mois de juillet 2024 et août 2024 soient remboursés au plus tard le 31 décembre.

Ce n’est que le 23 septembre 2024 que Business Mauritius a décidé de maintenir le statu quo. « Cette démonstration constante de mauvaise foi ne peut pas perdurer! Ils agissent comme si nous vivions dans un État où il existe deux gouvernements et publient plusieurs communiqués qui contredisent fréquemment la loi du pays. La CTSP est catégorique: si les employeurs, membres ou non de Business Mauritius, refusent de payer, les travailleurs se mettront en grève au niveau national », concluent Reaaz Chuttoo et Jane Ragoo.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -