David Louis Mulet, habitant du village d’Olivia, accompagné de quelques habitants, s’est rendu au bureau du Premier ministre, Pravind Jugnauth pour lui remettre une lettre. Soit depuis jeudi le 25 mai. Lettre dans laquelle il fait état des difficultés rencontrées par quelque 500 habitants de la région, y compris ceux de Bel-Air, Pont-Lardier, entre autres.
Ces difficultés sont multiples dont l’interruption fréquente de la fourniture d’eau, souvent contaminée, le transport public irrégulier en raison des autobus surchargés qui ne s’arrêtent pas à Olivia pour récupérer les élèves qui doivent se rendre dans les institutions secondaires à Rose-Hill ou des employés sur leurs lieux de travail. Et sus de cela, il y a les soucis auxquels font face ces familles d’Olivia qui vivent encore dans des logements bourrés d’amiante, construits après le passage d’une série de cyclones destructeurs dans les années 60.
« Finn fatige atir latansion bann lorite lor sa bann problem la. Nanye pa finn sanze », soutient David. Il a encore en tête l’annonce faite par le gouvernement à l’Assemblée nationale concernant la démolition de 1 800 logements sociaux contenant de l’amiante. En 2015, 2 200 maisons étaient concernées, en 2019, 216 et en 2021, environ 150 maisons étaient ciblées. Un contracteur avait obtenu le contrat pour démolir les maisons en 2019. Les travaux ont été retardés à cause de la pandémie de Covid-19. C’est le ministère de l’Environnement, assisté du ministère du Logement et celui des Collectivités locales, qui coordonne le projet, indiquent des sources au Logement.
Karan Chaytoo, qui vit dans une maison en amiante depuis sa tendre enfance, n’a noté aucune avancée sur la question. « Depi mo zanfan mo kone ki Karan res dan sa lakaz lamiant la, li ankor viv ladan », explique David Mulet, âgé aujourd’hui de 46 ans.
La situation n’a pas changé également pour ce qui est du transport par autobus. « Un groupe d’amis d’Olivia et moi, qui fréquentions une institution secondaire à Flacq, éprouvions des difficultés pour rentrer chez nous chaque après-midi. J’avais 15 ans à cette époque et aujourd’hui 46 ans. Faites le calcul, cela fait 31 ans. Rien n’a changé depuis et avec le nombre d’habitants qui n’a cessé d’augmenter… Je vous laisse deviner et tirer votre propre conclusion », fait-il comprendre d’un air des plus désabusés.
Les semaines se suivent et se ressemblent pour les usagers du transport d’Olivia, Bel-Air-Rivière-Sèche, Pont-Lardier, Kewal Nagar. Selon David, les retards, le non-respect des horaires, les fréquents rallyes entre conducteur d’autobus individuels sont les causes de l’indescriptible pagaille qui prévaut actuellement. Si les choses allaient dans le bon sens durant les trois premières semaines de l’année, l’irrégularité recommence à faire défaut. Après, la situation redevient de plus en plus insupportable. La direction de certains collèges a menacé de renvoyer les enfants à cause de l’heure tardive à laquelle ils arrivent en classe. « Komie tan nou pou kontinie sibir koumsa ? » se demande David.
Pourquoi le gouvernement n’envisage pas un trajet en tram sur le long parcours jusqu’à Flacq en passant par Bel-Air, par exemple ? suggère Nathalie, qui fréquente l’établissement polytechnique de Montagne-Blanche. « Pe depanse mem pou met metro lor bann ti parkour. Ki fair pa dan rezion isi ? » ajoute-t-elle.
L’autre préoccupation des habitants d’Olivia concerne la fourniture d’eau qui représente, à vrai dire, un autre calvaire pour les mères de famille. « Nous devons nous réveiller très tôt pour récupérer quelques gouttes coulant du robinet. Gouvernma sanze enn lot vini, nanye pa sanze, se zis kouler triko ki sanze », affirme-t-on.
Si dans les jours qui viennent, les élus de la région ne descendent pas sur le terrain pour écouter les doléances des habitants, David envisage de réunir ces derniers pour faire bouger les choses. « Nou pa pe badine, finn ariv ler pou zot pran nou o serye », prévient-on dans ce village de l’Est.