Shafeek Jhummun, le directeur de Hammerhead International Ltd, qui fait actuellement face à une accusation de «cruelty to animals» après la découverte et la saisie de 446 singes détenus dans un bâtiment désaffecté à Jin Fei, a récemment déposé une demande auprès du ministère de l’Environnement, en vue d’obtenir son certificat Environment Impact Assessment (EIA) pour une ferme d’élevage de singes à Le Val.
Le nouveau site pourrait accueillir 12,000 macaques à longue queue.Pour rappel, en mars 2023, Shafeek Jhummun, directeur de Hammerhead Ltd, avait été arrêté pour détention illégale de 446 primates dans un bâtiment à Jin Fei. Faisant ensuite face à une accusation provisoire de «cruelty to animals» sous l’article 3 de l’Animal Welfare Act , il avait demandé, en janvier dernier, la radiation des charges provisoires.
L’affaire a ensuite été appelée le 6 février. Les débats sur la motion présentée par Me Imtihaz Mamoojee, l’homme de loi de Shafeek Jhummun, a ainsi eu lieu mardi devant le tribunal de Pamplemousses. Pour l’avocat, la saisie des singes constituait une violation de l’article 47(3) du Native, Terrestrial, Biodiversity and National Parks Act, car elle ne peut être effectuée qu’à la discrétion du tribunal et ne s’applique qu’en cas de condamnation. Pour lui, Shafeek Jhummun est accusé de cruauté envers les animaux, et non de détention illégale d’animaux. Ainsi, lorsque son client a été inculpé, il ne lui a pas été précisé en vertu de quel article de la loi la saisie avait été effectuée. Pour Me Imtihaz Mamoojee, la saisie qui avait été effectuée deux jours après l’inspection, montre qu’il n’y avait pas d’urgence. De ce fait, il demande à la Cour de rayer l’accusation provisoire retenue contre son client. Par ailleurs, un Enquiry Officer a été appelé et exposé aux faits et circonstances de l’affaire, c’est-à-dire comment les singes étaient gardés sans nourriture ni eau, près des excréments, dans des cages sales, sans espace pour se déplacer naturellement, etc.
Pour l’avocat, les dispositions de l’Animal Welfare Act (AWA) s’appliqueraient dans ce cas précis, et non celles du Native, Terrestrial, Biodiversity and National Parks Act. De plus, en vertu de l’AWA, la saisie est autorisée sur la base de soupçons raisonnables sans qu’il soit nécessaire d’obtenir un mandat.
Sur un site appartenant à Rose-Belle Sugar Estate
En conclusion, les requêtes présentées par la défense ne constituent pas un fondement juridique pour radier une accusation provisoire. L’affaire est renvoyée au 7 mars prochain.
Selon Shafeek Jhummun, le site de Jin Fei était temporairement utilisé dans l’attente de l’achèvement du nouveau site du Val, où il aurait déjà les permis nécessaires pour lancer le projet. Pourtant, une demande n’a été soumise que récemment auprès du ministère de l’Environnement, par le biais d’une EIA (Environment Impact Assessment). Aujourd’hui, le projet de ferme d’élevage à Le Val pourrait se concrétiser. Si le permis est obtenu, le directeur de Hammerhead International Ltd pourrait accueillir 12,000 singes sur un terrain de 100 arpents, sur un site appartenant à la Rose-Belle Sugar Estate, compagnie sucrière appartenant au gouvernement. Environ 4,000 macaques à longue queue seront exportés chaque année.
L’exportation des singes représente un business très lucratif à Maurice. Il génère chaque année des profits considérables aux différentes compagnies d’élevage (environ Rs 2 milliards). Selon les derniers chiffres de Statistics Mauritius, l’exportation des macaques s’élevait à 11,897 en 2022 (Rs 2.1 MD).
L’exportation des singes génère plus de Rs 2 milliards par an
Les chiffres indiquent également l’origine des pays importateurs. Ainsi, 7,113 ont été acheminés vers les États-Unis, 2,460 ont été vendus à l’Espagne, 602 à la France, 1,279 à la Grande Bretagne, 336 au Canada et 108 aux Pays-Bas. Rien qu’en mars 2022, 1,443 primates ont été exportés vers les USA. Par ailleurs, en 2021, la demande était plus importante : le nombre de singes exportés était de 14,640 (Rs 2 MD) dont 10,102 exportés aux USA. Comparé à 2020, avec 11,659 dont 7,234 exportés aux USA. Et en 2019, l’exportation totale était de 7,691, dont 4,006 acheminés vers les USA. Avec tous ces chiffres, les USA restent le plus gros client de Maurice.