Proches, amis, anonymes et membres de la famille étaient réunis hier en l’église Notre-Dame de Lourdes, à Rose-Hill, pour rendre un ultime hommage à Pierre Dinan. Une cérémonie présidée par le père Goupille, proche de la famille, entouré de l’évêque de Port-Louis, Mgr Jean-Michaël Durhône, du cardinal Maurice E. Piat. Au sein de cette assistance, des capitaines du secteur privé, assistés de nombreuses personnalités, et plus particulièrement du monde de la finance.
L’arrière-banc de l’église catholique était également présent pour cette cérémonie bien organisée, sobre et pleine d’émotion, dans l’amour et la douceur, à l’image même de l’économiste, qui s’est éteint jeudi dernier. Parmi les politiciens ayant côtoyé ce Mauricien dans l’âme, l’ancien président de la république, Cassam Uteem, et l’ex-ministre des Finances, Rama Sithanen, avaient aussi tenu à être là.
Le père Goupille a choisi d’axer son homélie sur l’engagement inébranlable de Pierre Dinan envers son pays et sa foi catholique. « Pierre Dinan n’a jamais mis en doute sa foi catholique. Il avait compris qu’être chrétien, ce n’est pas se réfugier dans le cocon de la sécurité en dehors de la vie sociale. Au contraire, c’était un homme qui avait le souci de servir son pays », a-t-il fait ressortir, faisant état du parcours de vie spirituelle de Pierre et Monique Dinan, devenu un couple phare du diocèse, guidé par feu le cardinal Jean Margéot et renforcé par le cardinal Piat.
« La vie de Pierre Dinan nous interpelle chacun d’entre nous sur la manière dont nous vivons notre vie chrétienne… Le témoignage de la vie de Pierre est celui d’un homme qui, tout en ayant maîtrisé la technicité de sa profession, avait le souci de servir son pays et d’apporter un éclairage chrétien dans les décisions des secteurs privés et publics », déclare le père Goupille, qui a également évoqué l’engagement politique de Pierre Dinan.
« On n’aura jamais noté chez lui l’impatience ou une certaine violence verbale vis-à-vis de ceux qui n’étaient pas sur la même longueur d’onde que lui », ajoute le père Goupille, qui a conclu son homélie en soulignant la contribution de Pierre Dinan à la commission diocésaine Justice et Paix et son détachement par rapport à la puissance de l’argent. « Pour lui, l’économie devait toujours être au service de la personne humaine, et non pas une idole devant laquelle se prosterner. Il a cherché à faire passer le message évangélique dans la société mauricienne par d’autres moyens. Il le faisait régulièrement en écrivant dans les journaux, en acceptant des interviews également. Il faisait connaître son point de vue avec délicatesse, sans jamais condamner, sans jamais diaboliser l’adversaire. Merci Pierre, tu es un modèle pour les jeunes d’aujourd’hui, appelés à assumer des responsabilités nationales. Notre pays a besoin de citoyens comme Pierre, fidèles à leurs convictions sans jamais se laisser aller à la destruction de l’autre ou à la violence. »
Les funérailles de Pierre Dinan ont été marquées par les témoignages touchants de ses cinq filles, qui ont pris la parole pour partager des souvenirs émouvants de leur père, un homme profondément familial et dont l’influence allait bien au-delà de ses accomplissements publics. Des paroles à un homme dont la vie aura été marquée par la foi, l’intégrité, l’engagement et l’amour familial.
Malgré le personnage public, décoré par la nation, qui avait à cœur le pays, celui dont les analyses et le sérieux étaient écoutés jusqu’au bout, Pierre Dinan était un père présent, toujours à l’écoute, ont-elles souligné. « Il avait les mots pour être de bon conseil, indiquant sans imposer, et plaçant sa famille au premier plan », ont-elles exprimé avec une émotion palpable, décrivant un père qui, malgré ses responsabilités professionnelles et ses engagements publics, trouvait toujours le temps de se consacrer à sa famille.
« Célébrer la vie de notre père, c’est aussi rendre grâce pour tout ce qu’il a accompli. Il a donné du sens à son travail, accomplissant chaque tâche avec un sens du devoir bien fait. Il n’a économisé ni temps ni efforts pour un meilleur résultat », ont témoigné ses filles, qui n’ont pas manqué de remercier leur père dont l’honnêteté et l’humilité, mais aussi le choix de ses mots pour transmettre ses convictions et ses pensées, sont reconnus de part et d’autre, mais aussi pour ses valeurs transmises et sa générosité de cœur.
Le témoignage de la première petite-fille de Pierre Dinan, Emilie, absente du pays, lu par sa sœur Gabrielle, a fait état des nombreuses anecdotes de la famille, qui savait savourer de précieux moments avec Pierre Dinan. Des souvenirs indélébiles qui resteront à jamais gravés dans le cœur de ceux qui l’aimaient. « Merci Grand-père pour les bons souvenirs et les valeurs transmises, et surtout merci à un homme extraordinaire qui a mené une vie ordinaire. »
La cérémonie s’est terminée dans un esprit de recueillement et de gratitude, avec la bénédiction finale dite par l’évêque de Port-Louis, Mgr Durhône, et un « Au revoir Grand-père » de la dernière petite-fille de Pierre Dinan, et sur un mot de remerciement et d’amour de Monique Dinan, priant pour que les couples mauriciens vivent dans l’amour et la paix, comme ce qu’elle a vécu heureuse pendant 55 ans aux côtés de Pierre, qui est parti comme il est arrivé… dignement !