Après avoir pris connaissance d’une tentative d’ouvrir un second casino à Triolet, et avoir mené son enquête, Nitin Ramessur, habitant de la localité, a pu réunir quelques habitants pour dénoncer ce projet et y mettre un frein. Le-Mauricien l’a rencontré et il s’explique:
Qui est Nitin Ramessur ?
J’habite Triolet et suis père de deux enfants, âgés de 15 et 16 ans. Je suis marchand de gâteaux et suis très attentif à tout ce qui se passe à Maurice.
On n’a jamais entendu parler de vous et puis, subitement, vous avez décidé d’organiser une réunion dans le Village Hall pour contester le projet d’un 2e casino dans cet endroit….
J’appartiens à une génération qui fait beaucoup de travail social dans la région, surtout à Triolet, et aussi au sein du Human Trust. Personnellement, je n’aime pas trop me mettre en avant. Je suis discret, Mais lorsque la situation l’exige, je n’hésite pas à faire entendre ma voix pour prendre position.
Vous faisiez partie de l’Union civique de Triolet…
Oui. C’était en 1992 ou 1993. Il s’agissait d’un groupe de jeunes qui s’intéressaient à la politique eux aussi. J’ai fait entendre ma voix pour protester contre une injustice en1995. C’était pour prendre position contre le projet du pandit Sungkur qui avait obtenu un terrain sur la plage de Trou-aux-Biches pour la construction de son restaurant. Il avait obtenu tous les permis.
Un projet qui avait fait couler beaucoup d’encre…
Un projet qui avait poussé les habitants de la région à prendre position contre… Comme vous le savez, moi, je ne cache pas ma couleur politique. Je suis un pur-sang travailliste. J’ai fait comprendre à ceux concernés que je n’approuve pas ce projet.
Il y a deux semaines, une soixantaine de personnes se sont réunies dans la salle du village de Triolet pour discuter de la prolifération des jeux de hasard. Quelle a été votre réaction lorsque vous avez vu que beaucoup d’habitants n’y étaient pas présents ?
Je ne suis pas découragé. J’ai rencontré quelques habitants. Sukhend Ramdass, Ruben Aumeer, Prakash Manaroo et Vinay Jaunky m’ont aidé à organiser une mobilisation et je tiens à les remercier. Les habitants sont toujours intéressés pour signer la lettre que nous allons envoyer aux autorités. Cette lettre continue de faire le tour de Triolet.
Une lettre pour dire quoi ?
Que tant que la Gambling Regulatory Authority ne donne pas son accord, le casino n’aura pas le droit d’opérer de manière officielle.
Il semblerait que tout soit rentré dans l’ordre mais, malgré cela, vous insistez pour que GRA annonce officiellement que le casino n’a pas le droit d’opérer… Pour quelle raison ?
Je ne fais pas confiance aux politiciens, ils peuvent changer de langage du jour au lendemain. Ou pe fer koumadir ou pa konn politisien. Je ne souhaite pas qu’un jour j’apprenne que des hommes d’affaires ont leur permis pour opérer un casino à Triolet. Les opérateurs sont déjà trop nombreux dans le village, il faut tout mettre en œuvre pour barrer la route aux zoudader.
Le jeu est lié, qu’on le veuille ou non, à une augmentation de la criminalité. Les casinos propagent la dépendance au jeu et conduisent inévitablement les gens à s’endetter. Comme nous l’avons mentionné dans notre lettre, l’ouverture d’un casino à Triolet serait une tentative délibérée de toucher les plus vulnérables. Avec la prolifération de la drogue dans le village de Triolet, on pourrait assister à une situation chaotique. Les habitants ont raison d’insister pour que le lieu pour la distribution de la méthadone pour la réhabilitation des toxicomanes soit transféré loin du centre et du marché de Triolet.
Vous voulez à tout prix garder les jeunes du village de Triolet loin du fléau de la drogue, mais est-ce réellement possible ?
L’adolescence est la période où le jeune se cherche et peut être tenté d’expérimenter des comportements plus à risques. Aucun adolescent n’est à l’abri. Je ne souhaite pas qu’un jour nous nous retrouvions face à des jeunes qui ne connaissent que des stupéfiants pour gérer leurs problèmes.
Je préfère que l’on ouvre dix mosquées, dix églises, dix temples que de voir des marchands de drogue opérer dans chaque coin de rue.
Vous avez sûrement appris que votre démarche a fait l’objet d’une question lors d’une émission à la radio récemment…
Je trouve très positive la démarche du politicien. Fode pa ki izol enn konba ki tous Moris ek ki pe fer boukou fami soufer.