Nicolae Popescu, chef de la mission d’observation électorale de la Francophonie, a été vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères de la Moldavie. Il nous livre ses impressions sur les élections générales à Maurice.
Vos premières impressions après votre mission à Maurice ?
Je suis très impressionné par le dévouement du peuple mauricien pour la démocratie et que celle-ci ait bien fonctionné pendant plusieurs décennies. On le sait. Il y a eu une alternance du pouvoir, le respect des institutions de l’État, l’organisation du processus électoral. Tout cela est très positif.
La démocratie a bien servi la société mauricienne. On le voit dans la rue. On le voit avec des gens qui sont gentils pas juste avec les étrangers. J’ai l’impression qu’il y a un respect de base qui est omniprésent dans la société mauricienne. Cela donne à la société un dynamisme pour qu’elle se développe, et c’est très bien.
Vous êtes à Maurice en mission d’observation. Que retenez-vous de ces élections ?
Elles ont été conduites d’une manière calme et pacifique. On a eu une forte présence aux urnes. Les gens ont confiance dans le processus électoral. Les gens veulent s’exprimer. Ils viennent voter et c’est très important. Il y a des choses qu’on peut améliorer. La perfection n’existe pas. Certaines choses sont mieux organisées dans d’autres pays. Le système électoral à Maurice est très fonctionnel et a assuré le développement de la démocratie. Nous avons toutefois fait quelques recommandations qui sont très respectueuses envers la volonté politique et sociétale à Maurice.
Les observateurs de l’Organisation Internationale pour la francophonie ont constaté certaines procédures qui pourraient être améliorées pour consolider la confiance dans le processus électoral. Parmi ces constats on considère qu’il est important de réfléchir si on pourrait faire le dépouillement le même jour et au même endroit ; cela aurait facilité la transparence et la sécurité des urnes.
On a aussi constaté qu’il y a eu très peu de femmes candidates. Il faudrait réfléchir aux manières d’encourager ou d’avoir des dispositions légales qui encouragent et qui assurent une plus forte représentation des femmes parmi les candidats afin que le parlement soit plus représentatif de la société mauricienne.
Nos interlocuteurs nous ont signalé que le cadre légal concernant le financement des partis et le fonctionnement des partis entre les élections pourrait être amélioré parce qu’il faut avoir davantage de transparence sur la manière dont on contribue financièrement aux partis, sur la manière dont les candidats dépensent l’argent, sur les entités juridiques qui sont les partis politiques entre les élections. Cela permettra d’avoir une plus grande confiance dans le système des partis politiques.
Il a aussi été question de la présence encore plus forte de plateformes médiatiques dans le débat politique. Pour cela, il faut s’assurer que les débats sur les réseaux sociaux ne soient pas influencés par la désinformation. C’est un phénomène inévitable mais il y a des moyens pour l’encadrer et assurer le dialogue avec les plateformes. Il faut que les pays se penchent sur la meilleure façon de gérer cette situation délicate pour pas mal de démocratie.
Est-ce le cas chez vous en Moldavie ?
Presque tous les pays se posent les questions sur comment gérer les réseaux sociaux dans un contexte électoral en gardant la démocratie et de fortes garanties pour la liberté de parole.
Est-ce que la Francophonie envoie des observateurs pour les élections dans tous les pays membres de l’OIF ?
L’OIF organise régulièrement des missions d’observations électorales dans les pays membres de cette instance. Ce n’est pas la première fois que l’OIF est présente lors des élections à Maurice.
Vous avez été vice-Premier ministre de votre pays ?
J’ai été vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères en Moldavie, qui est un pays européen situé entre l’Ukraine et la Roumanie. La Moldavie fait partie de la francophonie depuis les années 1990. On est petit mais plutôt actif au sein de la francophonie.
Vous êtes donc dans une zone très chaude de l’Europe.
On est juste à côté de l’Ukraine. On est très impacté par la guerre en Ukraine.
Pensez-vous que l’arrivée de Donald Trump à la tête des États-Unis changera quelque chose ?
Toutes les élections changent le contexte à un certain moment; il faut voir comment évolueront les choses.
Un message aux Mauriciens ?
Félicitations pour la démocratie que les Mauriciens sont parvenus à construire et à consolider dans leur pays. Je suis très impressionné par cela, surtout venant d’une partie de l’Europe qui est impactée par une guerre. En Moldavie la situation est calme mais à côté de nous en Ukraine et dans d’autres pays à l’Est de la Moldavie on voit des sociétés de plus en plus divisées. On voit des guerres et des conflits. Je félicite les Mauriciens pour avoir conservé la paix sociale en se basant sur un système démocratique qui assure le développement économie et social du pays. C’est très bien : il faut continuer et bonne chance !