Négligence médicale alléguée : « Les médecins et le personnel médical n’ont jamais pris au sérieux l’état de mon frère »

C’est ce que clame Sardhanand Gukool, qui ajoute : « Il dépérissait sous mes yeux » Ce pensionné réclame Rs 5 millions à l’État et au ministère de la Santé pour négligence qui a entraîné, selon lui, la mort atroce de son frère à l’hôpital Victoria

Le 1er septembre, Sardhanand Gukool commémorait un événement personnel tragique : le 4ème anniversaire du décès de son frère Seetal. Cette date, empreinte de douleur et de nostalgie, ne fait que raviver les souvenirs d’une perte inestimable qui continue de le hanter. Il n’arrive toujours pas à accepter la mort de ce frère bien aimé, qu’il avait confié à des professionnels de santé de l’hôpital dans l’espoir qu’il vivrait longtemps encore. Hélas, après quelques mois, c’est un frère décédé qu’il a ramené chez lui. Quatre ans après cette perte tragique, Sardhanand Gukool continue de porter le poids de sa douleur, mais il ne faiblit pas dans sa détermination à obtenir justice pour ce qu’il considère, avec conviction, le résultat de négligence médicale.

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Sardhanand Gukool, qui ne décolère pas d’avoir perdu son frère, a finalement déposé une plainte contre l’État mauricien et le ministère de la Santé, réclamant une compensation de Rs 5,014,500 suivant la disparition tragique de son frère, décédé en septembre 2020, après avoir passé cinq mois à l’hôpital Victoria. Selon Sardhanand Gukool, son frère a été victime d’une série de négligences médicales et de mauvais traitements qui ont conduit à son décès.

À Week-End à qui il s’est confié cette semaine, Sardhanand Gukool évoque avec émotion les souvenirs de son frère et revient sur ces événements qui ont bouleversé sa vie et celle de ses proches depuis 2020. « C’était une personne pleine de vie, malgré ses défis. Il aimait manger. Il était d’une douceur incroyable. Ce que j’ai vu à l’hôpital ne correspondait pas à l’homme que j’ai connu », dit-il, la voix chargée de tristesse. Le 16 mars 2020, raconte-t-il, il a conduit son frère souffrant de schizophrénie et ayant des problèmes d’audition à l’hôpital, car ce dernier avait fait une lourde chute. « Le médecin traitant m’a dit que mon frère chez qui il avait décelé une fracture du fémur était censé subir une intervention chirurgicale au plus vite », raconte Sardhanand Gukool. Seetal Gukool est alors admis à l’hôpital dans l’attente de son opération. Trois jours plus tard, le Covid se propageant dans l’île, le pays entre en confinement. Durant cette période, Sardhanand Gukool, qui était le tuteur de son frère depuis la mort de leurs parents en 1986, n’a ainsi pas pu rendre visite à Seetal.

Lorsque les restrictions se sont assouplies et qu’il a enfin pu voir son frère à l’hôpital, en mai, Sadharnand dit avoir été confronté à une réalité désastreuse : l’opération qui aurait dû être effectuée n’avait jamais eu lieu. « L’opération qu’on lui avait promise a été repoussée, puis carrément annulée, et mon frère a été laissé alité sans aucun soin adéquat. Il souffrait le martyre », raconte-t-il.

Au lieu d’être opéré rapidement, Seetal a passé cinq mois allongé sur son lit d’hôpital, dans un état d’immobilisation totale. Comme dans sa plainte déposée, Sardhanand Gukool dénonce avec force les conditions inhumaines dans lesquelles son frère a été maintenu. « Lorsqu’on m’a finalement permis de le voir, c’était un choc indescriptible ! Mon frère, que j’avais confié à l’hôpital pour une opération de routine, était devenu méconnaissable ! » Il décrit une scène troublante : Seetal Gukool était attaché au lit, bras et jambes entravés, incapable de bouger. « Ses membres étaient attachés au lit comme s’il était un danger pour lui-même ou pour les autres, ce qui n’était pas du tout le cas. Il était totalement inoffensif et avait simplement besoin de soins », explique Sardhanand Gukool.

Qui plus est, selon lui, les soins de physiothérapie nécessaires pour un patient alité n’ont jamais été prodigués, aggravant la situation. « Non seulement il était attaché, mais on ne lui donnait même pas de nourriture solide. Il était nourri à la seringue, une soupe diluée qui ne répondait en aucun cas à ses besoins nutritionnels. Mon frère dépérissait sous mes yeux », pleure Sardhanand Gukool.

L’absence de soins médicaux adéquats a eu des conséquences dramatiques. Seetal Gukool a développé des escarres, des plaies graves causées par son immobilité prolongée. « Lorsque mon frère est entré à l’hôpital, il n’avait aucune infection, aucune plaie. Mais à cause de leur négligence, il a développé des escarres si sévères que cela a conduit à une septicémie », raconte Sardhanand Gukool. « Ils n’ont pas fait attention à lui. Il a littéralement pourri dans ce lit », dit-il. Selon la plainte, ces escarres ont finalement provoqué un empoisonnement du sang, une septicémie, qui a conduit à son décès.
« Les médecins et le personnel médical n’ont jamais pris au sérieux l’état de mon frère », accuse Sardhanand Gukool. « J’ai dû me battre pour obtenir des informations sur son état, mais chaque fois que je posais des questions, on me disait que tout allait bien. Ils minimisaient la gravité de la situation », raconte-t-il.

Au-delà des soins inappropriés, Sardhanand Gukool dénonce également l’absence totale de communication de la part de l’hôpital. « Pendant cinq mois, ils n’ont jamais jugé bon de m’informer sur l’état réel de mon frère. J’étais son tuteur légal, mais on me laissait dans l’ignorance », regrette-t-il.

Cette situation a atteint un sommet d’absurdité en juin 2021, lorsque l’hôpital Victoria a envoyé une lettre à la famille Gukool, demandant la restitution d’un cadre de marche qui aurait été prêté à Seetal Gukool en juin 2020. Sardhanand raconte, indigné : « Mon frère était cloué au lit, attaché, incapable de bouger. Comment aurait-il pu utiliser un cadre de marche ? » Il ajoute avec une douleur palpable : « Cette lettre était une insulte à la mémoire de mon frère. Ils ne savaient même pas qu’il était mort depuis neuf mois. Cela démontre le manque total de professionnalisme et de coordination dans cet hôpital. »
La souffrance de Seetal Gukool ne s’est pas limitée aux aspects physiques. Selon son frère, il n’a pas, non plus, reçu le traitement nécessaire pour sa schizophrénie. « Ils ont arrêté de lui donner ses médicaments pour sa maladie mentale. Mon frère, déjà fragile, a vu son état se détériorer sans pouvoir réagir. Ils l’ont privé des soins dont il avait besoin », dit-il.
Pour Sardhanand Gukool, les derniers mois de la vie de son frère le hantent encore aujourd’hui. « Je n’arrive pas à me débarrasser des images de mon frère attaché à ce lit, dans des conditions si déplorables ! C’est quelque chose que je porterai avec moi toute ma vie », dit-il.

Face à cette situation, Sardhanan Gukool a pris la décision de poursuivre l’État et le ministère de la Santé. La plainte, rédigée par son avocate, Me Zubeida Salajee, expose en détail les souffrances endurées par Seetal Gukool, et accuse l’hôpital Victoria de négligence grave et de maltraitance. Sardhanand Gukool demande Rs 5 millions en dédommagement pour le préjudice moral et matériel subi. Cette somme inclut également les frais funéraires de son frère. « Cette somme ne pourra jamais remplacer mon frère, mais elle servira à rendre justice et à souligner la gravité de ce qui s’est passé. Ce n’est pas l’argent qui compte. C’est le respect et la dignité humaine. »

À ce propos, Sardhanand Gukool indique avoir aussi sollicité l’Ombudsman en septembre 2020, demandant une enquête sur la négligence médicale présumée à l’hôpital Victoria. Cependant, il n’a reçu de réponse qu’un an plus tard, en juillet 2021, lorsqu’on lui a annoncé la mise en place d’un comité d’enquête sur la négligence médicale. Mais l’affaire de son frère n’a toujours pas été traitée à ce jour.
L’audience de cette affaire, prévue le 24 octobre, représente une lueur d’espoir pour Sardhanand Gukool. Il espère obtenir justice non seulement pour son frère, mais aussi pour toutes les familles qui auraient subi ou pourraient subir le même sort. « Je veux que ce procès serve d’exemple, que les autorités prennent enfin leurs responsabilités et qu’elles veillent que plus personne ne subisse une telle injustice. Mon frère méritait mieux. Chaque vie compte, et il est temps que cela soit pris au sérieux. »

Dans sa quête de justice, Sardhanand Gukool demeure déterminé. Il réitère avec émotion : « Mon frère était une personne douce, pleine de vie. Ce qu’il a vécu à l’hôpital ne reflète en rien l’homme qu’il était. Il mérite que la vérité soit connue, et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que cela arrive. »

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