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Nécrologie : Manfred Bhujoharry, personnalité incontournable de la capitale

Manfred Bhujoharry, figure incontournable dans le monde de l’éducation du secondaire privé, et surtout de la rue Saint Georges, adresse emblématique et centenaire pour les deux institutions que sont Le Mauricien et le collège Bhujoharry, est décédé le 4 février à l’âge de 82 ans.

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À la mort de son père, Alex Bhujoharry, le jeune Manfred, frais émoulu de l’université, s’était vu investir de la noble mission de poursuivre l’œuvre de son illustre père, à l’effet que « éduquer (surtout les pauvres), c’est donner les mêmes chances à tous ». Ceux qui, au début des années 70’, soit avant l’avènement de l’éducation gratuite de janvier 1977, avaient fréquenté le collège Bhujoharry, reconnaissent encore aujourd’hui que Manfred Bhujoharry avait su, à sa façon, façonner et faire épanouir cette jeunesse mauricienne au lendemain de l’indépendance.

Pourtant, à cette époque, avec les conditions économiques qui prévalaient, même avec un écolage de Rs 13 par mois, ce n’était pas donné d’être en règle pour certaines familles. Mais la direction du collège, sous les yeux magnanimes de Manfred Bhujoharry, savait faire preuve de générosité pour encourager les jeunes dans la voie de l’éducation.
En dépit des risques sur le retour sur investissement d’alors, Manfred Bhujoharry n’avait pas lésiné sur les moyens pour recruter des enseignants de calibre pour assurer l’éducation de cette jeunesse encore assoiffée de connaissances. Ceux ayant vécu à cette période se souviennent encore des cours magistraux de M. Latour-Adrien, qui venait de prendre sa retraite du collège Royal de Port-Louis, ou encore d’universitaires aguerris comme Daniel Marion, Dev et Raj Virahsawmy, James Burty David, Bashir Khodabux, Ranjit Foogooa, Ho Chan Fong, voire l’incontournable enseignant de latin M. Sayed, et cela sans compter Lindsey Collen, qui venait de débarquer à Maurice.

Toute cette équipe d’enseignants recrutés sous Manfred Bhujoharry allait ensuite faire les beaux jours des collèges d’État, avec l’introduction de l’éducation gratuite suite à la promesse faite lors des élections générales du 21 décembre 1976. La cohorte d’étudiants dans cette première moitié des années 70’ en sait quelque chose avec, pour témoignage irréfutable, la performance aux examens de Higher School Certificate en 1974, 1975 et après. Puis, à partir de 1977, il avait créé le Saint Bartholomew’s College pour régler un problème d’admissions affectant les plus démunis de la société.

Cette contribution de Manfred Bhujoharry à l’éducation secondaire est inéluctable. D’autant plus que sa mission avait été grandement facilitée par deux qualités intrinsèques de sa personnalité, à savoir sa compréhension et sa souplesse, à toute épreuve. Son rayonnement à Port-Louis a fait que Manfred Bhujoharry avait été choisi pour faire partie de la commission administrative chargée de la gestion de la capitale, et présidée alors par sir Hamid Moollan. Il a aussi tenté l’aventure en politique en présentant sa candidature sous la bannière de l’Alliance Nationale, dans laquelle faisait partie le Ptr, dans la circonscription N°1 lors des élections générales de 1982. Il fallait avoir du courage pour aller se jeter dans le fief du MMM, à Port-Louis. Ces élections avaient été remportées avec un 60-0 par l’alliance MMM-PSM.

Mais Manfred Bhujoharry savait aussi faire preuve de discrétion quand il le fallait. Malgré une santé défaillante dans la dernière tranche de sa vie, il gardait, dans la mesure du possible, le contact avec le monde de l’éducation et l’univers du collège Bhujoharry, avec aujourd’hui plusieurs institutions secondaires portant ce nom, notamment à La Tour Kœnig, à Quartier-Militaire et Rose-Belle, le badge du collège portant fièrement l’inscription Labor Omnoa Vincit…

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