Mooni Swami Marimootoo, plus connu sous le nom de Pat Marimootoo, s’est éteint le 2 janvier 2025 à l’âge de 88 ans. Ses funérailles ont eu lieu le lendemain au crématorium de Phoenix. Il laisse derrière lui un héritage unique en tant que pionnier et maître incontesté de l’art de la marionnette à Maurice.
Né le 3 avril 1936 à Floréal dans une famille modeste, Pat Marimootoo perd sa mère à l’âge de 12 ans, une tragédie qui marque profondément son enfance. Malgré les défis, il poursuit ses études secondaires tout en travaillant dans une concasseuse pour financer sa scolarité et ses examens du School Certificate.
Devenu enseignant du primaire, il se marie en 1959 à Ghianwanti Marimootoo, née Bhageerutty, également enseignante. Leur union marque le début d’un partenariat exceptionnel, aussi bien dans la vie personnelle que dans leur carrière artistique.
Une passion née d’une rencontre
En 1960, Pat rencontre Hazler, un Britannique établi à Maurice, qui lui fait découvrir l’univers fascinant des marionnettes. Doué d’un talent naturel pour la sculpture, Pat commence à fabriquer ses propres marionnettes et guignols, donnant son premier spectacle au British Council de Rose Hill. Ce fut un triomphe, ouvrant la voie à une carrière unique.
Engagé par le gouvernement colonial dans les années 1960, Pat utilise son art pour sensibiliser la population à la nécessité de contrôler les naissances, au cœur du débat du Baby-Boom. Ses spectacles itinérants, qui parcouraient les villages, eurent un impact significatif dans un contexte où la télévision était encore rare.
En reconnaissance de son talent, Pat et son épouse obtiennent une bourse d’études de trois ans en Union Soviétique, à Leningrad (aujourd’hui Saint-Pétersbourg). Cette expérience les perfectionne dans l’art des marionnettes. À leur retour en 1974, ils intègrent le Teachers’ Training College pour former les enseignants à utiliser cet art comme outil pédagogique et vecteur de valeurs civiques et humaines.
Une carrière dédiée à l’éducation
Pat Marimootoo poursuit sa mission éducative en enseignant au Mauritius Institute of Education (MIE), où il forme les enseignants du secondaire. Il prend sa retraite en 1996 après une carrière enrichissante au ministère de l’Éducation. Malgré ses réussites, il nourrit le regret de ne pas avoir pu concrétiser son rêve de créer un théâtre dédié aux marionnettes, faute de soutien.
Après le décès brutal de son épouse en 2005, Pat se retire progressivement de la scène. Cependant, en 2019, à l’âge de 82 ans, il remonte une dernière fois sur les planches lors d’un spectacle pour des enfants défavorisés à St Julien d’Hotman, organisé par le mouvement ATMA Parisu.
Pat Marimootoo laisse derrière lui une œuvre qui a marqué des générations de Mauriciens, faisant rire, réfléchir et rêver petits et grands. Son talent l’a mené bien au-delà des frontières de Maurice, avec des spectacles en Angleterre, en Afrique du Sud, à La Réunion, aux Seychelles et en Russie.
Papa Pat ne tire plus les ficelles, mais son absence restera lumineuse et présente. Il a donné vie à des personnages, des rires et des valeurs qui continueront à inspirer l’île Maurice. Que son âme repose en paix.