Les dernières directives du capitaine Bheenick, toujours porté manquant en mer, à son second : « Pa blie koup kouran pou pa elektrokite dan lamer »
Le Central CID consigne les premiers témoignages des rescapés du drame en mer, l’étau se resserrant sur le duo Barbeau/Neewoor
L’IND Nireekshak de la marine indienne sur la zone sinistrée pour pomper la cargaison de fioul du remorqueur, gisant à une quarantaine de mètres de profondeur au-delà des récifs, à l’est
Sans réponses et sans explications jusqu’ici! Soixante-douze heures après la décision du remorquage de la barge L’Ami Constant, appartenant à la firme Taylor Smith, par le Tug Sir Gaëtan, appartenant à la Mauritius Ports Authority (MPA) de Pointe-d’Esny à Port-Louis et ce, malgré les conditions météorologiques défavorables en mer, le flou s’épaissit autour des directives pour cette opération périlleuse de « remork barge ninport ki letan! ». À ce matin le capitaine du Sir Gaëtan, Moswadeck Bheenick, est toujours porté manquant en dépit des promesses indécentes du Chairman de la Mauritius Ports Authority, Ramalingum Maistry, au sujet de la compensation inscrite dans la loi. Des recherches ont repris ce matin en mer, des éléments de la National Coast Guard ayant été appelés à ratisser la mer de la région de Trou-aux-Biches jusqu’au Nord-Est en vue de permettre à cette famille de faire son deuil. De sources officieuses, Le Mauricien a appris que le dernier échange radio entre la cabine de contrôle du Tug Sir Gaëtan et l’Ops Room dans le port se serait déroulé vers les 21 heures en ce lundi fatidique. Entre-temps, avec les premières dépositions consignées par le Central CID dans le cadre de l’enquête sur le naufrage de cette unité de la MPA, l’étau devrait se resserrer sur deux Top Guns, notamment le Port Master, le capitaine, Gervais Barbeau, et le Deputy Port Master, Kavidev Neewoor. Toutefois, le capitaine Barbeau ne cesse de répéter : « Mo inosan ladan! »
L’eau de mer inondant la salle des machines du Sir Gaëtan après la collision avec la barge L’Ami Constant entre Belle-Mare et Pointe-Roches-Noires, de par son expérience de loup de mer, le capitaine Bheenick savait qu’il n’allait pas être en mesure de mener « le remorqueur à bon port ». Ainsi, lors des communications radio avec le QG de la MPA, il tenait ses supérieurs au courant de l’évolution de la situation avec un ultime échange intervenant vers les 21 heures ce lundi où il avait confirmé qu’il avait donné des instructions à ses membres d’équipage de mettre deux canots de sauvetage à l’eau, le temps des opérations de sauvetage.
L’une des dernières instructions du capitaine Bheenick était que « pa blie koup kouran abor, pou pa electrokite dans lamer ». En effet, l’eau de mer est connue pour être conductrice d’électricité. De ce fait, il semblerait que les deux derniers à quitter le remorqueur dans l’obscurité la plus totale sont le capitaine Bheenick et son second, Lindsay Plassan. Puis, ce fut le drame en mer avec les circonstances devant être établies par les rescapés lors de leurs auditions, que ce soit au niveau de l’enquête du Central CID ou de l’enquête préliminaire à être instruite par l’Office of the Director of Public Prosecutions vu qu’il y a eu mort d’hommes dans cette sinistre affaire clouant au pilori la gestion de la MPA.
Des recoupements d’informations effectués auprès de sources confirmées indiquent que la Tug Sir Gaëtan Special Cell, menée par l’ACP Budoo, a déjà pris contact avec des rescapés du naufrage pour consigner leurs versions des faits. Le calendrier est établi en prenant en compte leur état psychologique. Un premier rendez-vous aurait été pris pour cet après-midi, indique-t-on.
N’empêche que la direction du port est mise à mal dans cette affaire notamment en ce qui concerne les circonstances de ce remorquage de nuit par « mauvais temps », expression utilisée par le Premier ministre, Pravind Jugnauth. Vu leurs responsabilités, le Port Master et son adjoint pourraient être parmi les derniers à être entendus Under Warning dans cette enquête criminelle. L’élément-clé, auquel ils seront confrontés, est de confirmer si le capitaine du Tug Sir Gaëtan avait averti la direction des conditions difficiles en mer en pas moins de deux reprises et si les membres de l’équipage ont été forcés contre leur gré à reprendre la route de Pointe-d’Esny à Port-Louis.
À ce matin, en marge des opérations de recherche en mer pour retrouver le capitaine Bheenick, porté disparu encore à ce matin avec l’hélicoptère de la police et le Dornier volant à basse altitude, les autorités ont sollicité l’assistance logistique de l’INS Nireekshak, unité de la marine indienne, pour pomper le fioul dans les réservoirs du Sir Gaëtan au fond de la mer. Cette opération s’annonce des plus délicates avec pour objectif d’éliminer tout risque de marée noire à l’Est, après celle du MV Wakashio au large de Pointe-d’Esny.