Musée de l’esclavage : Une étape cruciale dans la réalisation du projet

À l’occasion de la Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition, célébrée le 23, une exposition commémorant l’arrivée des premiers esclaves à Maurice, pendant la colonisation française, est organisée au Musée intercontinental de l’esclavage (ISM).

- Publicité -

La cérémonie, à laquelle participait le ministre des Arts et du Patrimoine, Avinash Teeluck, a débuté par un geste symbolique en mémoire des esclavés qui ont débarqué à Maurice. Ainsi, à l’invitation de la maître de cérémonie, Stéphanie Tamby, responsable de la recherche à l’ISM, les invités ont retiré leurs chaussures, avant d’observer une minute de silence pour honorer la mémoire de ceux ayant perdu la vie à cause de l’esclavage.

« L’objectif de cette exposition est de faire ressortir l’humanité de ces êtres rabaissés au rang de bien, de meuble et d’objets. Cette initiative s’inscrit dans notre démarche visant à promouvoir le respect pour les peuples d’ascendance africaine et à reconnaître leur contribution dans le développement de notre île », explique Jean Maxy Simonet, président de l’ISM.

Il souligne que cette exposition préfigure une étape cruciale dans la réalisation du projet muséal d’une grande envergure, comme le projet de Musée intercontinental de l’esclavage tel qu’il se présentera à son ouverture à l’horizon 2025.

« Il s’agira de s’assurer que le musée réponde aux aspirations et attentes de toutes les parties prenantes », a-t-il dit.

Le projet avance à grands pas. « Avec la fin des travaux de rénovation d’une aile du bâtiment, qui abritait l’hôpital militaire, et la publication de l’exercice de consultation publique organisé dans le contexte de l’exposition temporaire, nous entrons maintenant de plain-pied dans la phase de l’aménagement du musée. Une équipe de chercheurs vient d’être recrutée pour compiler les données et créer le contenu de l’exposition permanente sur les différents aspects de l’esclavage et de la traite négrière par rapport aux thèmes qui seront présentés dans le musée », ajoute Jean Maxy Simonet.

Des pourparlers sont en cours avec la famille Froberville, en France, en vue d’obtenir les documents d’archives sur des recherches effectuées sur des esclavés mozambicains et des bustes de ces esclavés produits par Eugène de Froberville, à Maurice. Des pourparlers sont aussi en cours avec le Dr Seetah et son équipe d’archéologues, de l’université de Stanford, afin d’aider l’ISM à négocier avec Bernard Li K. Ken dans le but d’obtenir les objets qui ont été découverts sur son terrain, à Albion.

Le Père Alain Romaine, cheville ouvrière derrière le projet d’exposition, souligne que faire mémoire du débarquement des premiers esclavés ne se résume pas à la production d’un récit historique fondé sur la véracité des faits passés. « Il s’agit de se connecter effectivement et affectivement à nos origines, nos racines, par le biais multisensoriel d’une exposition, qui tente de nous faire vivre l’épopée des premiers constructeurs de notre pays » note-t-il.

Les panneaux exposés indiquent que les deux premiers contingents d’esclavés sont arrivés de l’Île Bourbon en 1722. Ils étaient une trentaine, en plus de six chasseurs d’esclavés. Le second est issu de la première traite effectuée à Madagascar dans la baie d’Antogil, soit 65 à se faire transporter dans la cale du négrier Le Rubis.

Le clou de l’exposition est une maquette du négrier, qui a été réalisée par J. Michael Lafrance, et qui permet de comprendre les conditions inhumaines dans lesquelles les Noirs – déracinés et vendus – avaient fait le déplacement jusqu’à Maurice. Le Père Romaine a beaucoup insisté sur le terme « esclavé », qui indique que personne ne naît esclave.

Gabriella Batour (assistante chercheuse)

« Mettre en lumière l’histoire cachée dans la cale des négriers »

« Je ressens un sentiment de fierté. Nous avons commencé un travail qui porte aujourd’hui la moitié de ses fruits. La recherche continue. Aujourd’hui, nous avons vu la concrétisation qui ramène les fruits de trois mois de recherches approfondies. Notre but, aujourd’hui, est de donner la parole aux sans voix, et de retracer ceux qui sont arrivés dans l’ombre à bord d’un négrier, comment ils sont arrivés et quelle est leur importance dans notre histoire.
« Nos recherches ont permis de confirmer que les esclavés n’étaient pas des soumis. Ils ont résisté dès le départ. Tout cela nous aide à comprendre l’histoire de Maurice et des Mauriciens d’ascendance africaine. Il était important qu’il y ait cette reconnaissance. Aujourd’hui, il est bon de mettre en lumière la partie de l’histoire qui était restée cachée dans la cale des négriers. »

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -