Dans un entretien accordé au Mauricien, jeudi dernier, Monique Dinan, du Mouvement d’aide à la maternité (MAM), soutient que 95 % de femmes qui se font avorter ne sont pas concernées par la nouvelle loi sur l’avortement puisqu’elle cible des cas précis.
Quelles peuvent être les conséquences psychologiques d’un avortement sur la femme ?
Je crois qu’une femme qui se fait avorter va toujours ressentir qu’elle a tiré l’enfant de son corps mais qu’elle ne l’a pas tiré de son coeur et qu’il l’habite toujours. Cela s’exprime de différentes manières. Dans bien des cas, par exemple, elle va fumer ou boire beaucoup plus. Cela se traduit aussi par des insomnies. Elle sera prise d’un mal être psychologique avec toutes les séquelles que cela peut représenter. Parfois, ces mêmes femmes peuvent avoir à subir plusieurs avortements parce qu’elles vont mener une vie un peu dissipée. Elles vont être promotrices de l’avortement afin d’attirer d’autres femmes dans leur circuit. Mais d’autres auront un parcours plus plat, simple mais à un moment et à un autre cela refait surface. Je crois qu’à un certain âge, on n’oublie pas ce qu’on a fait et il y a le remord qui s’installe. À mon avis, c’est très important de guérir de cela. On n’est pas appelé à être des handicapés à vie parce qu’on a eu un avortement. Il y a des parcours de guérison qui aident à demander pardon à l’enfant et à lui faire une place dans son coeur et dans sa vie sans que personne ne sache et de continuer à vivre une vie saine, positive et épanouie en tant que femme. Ces parcours de guérison, on peut les voir sur internet. On peut les suivre. Ce serait bon qu’à Maurice, une petite cellule se réunisse où quelques femmes partageraient ensemble leur vécu, se remémorent leur avortement, parlent à l’enfant, lui donnent un nom… même s’il n’est plus là pour qu’elles puissent faire le deuil.
Souvent la femme tombe enceinte parce que le mari/conjoint est contre tout type de contraception. Que faire dans ces situations surtout lorsqu’elles n’ont pas les moyens d’élever un autre enfant ?
Où est l’entraide de la société mauricienne par rapport à ces femmes ? Je comprends parfaitement leur détresse surtout lorsqu’elles attendent un enfant à partir d’une infidélité. Les maris ne voudront jamais de cet enfant. Il faut qu’elles acceptent de donner l’enfant en adoption. Pour cela, il faudrait une réforme de la loi concernant l’adoption au lieu de faciliter l’avortement. Il faut garder en tête que 95 % des femmes qui se font avorter ne rentrent pas dans cette catégorie puisque le projet de loi le prévoit dans des cas bien précis.
Je crois que face à un problème de vieillissement de la population le gouvernement devrait adopter une politique de soutien à ces femmes qui ont le courage d’accueillir un enfant malgré toutes les conditions difficiles. Il y aurait aussi la solidarité civile où des familles verseraient une allocation à ces femmes vraiment méritantes pour qui toutes les conditions seraient réunies pour se faire avorter.
Le ministère de la Sécurité sociale a déjà une politique de soutien…
Oui, dans la politique de limiter le nombre de naissances, on donne une allocation pour les trois premiers enfants mais pas pour les autres. Maintenant que les données ont changé, il y a un manque de jeunes dans la population, il faudrait revenir sur cela et revoir si dans des cas vraiment méritants, des femmes, au lieu de choisir l’avortement, seraient assurées d’avoir suffisamment de lait et de nourriture à donner à leurs enfants. Qu’elles ne mériteraient pas une subvention spéciale.
Cela ne doit pas être une manière pour se faire de l’argent. Les risques sont là…
Non, il ne faudrait pas. Il faudrait exercer un contrôle strict. Dans des cas vraiment dramatiques liés à des poches de pauvreté, ces femmes-là devraient s’assurer d’avoir suffisamment pour nourrir ces bébés et pour se nourrir lorsqu’elles allaitent.
La question est aussi liée au vieillissement de la population ?
Oui, parce que nous allons manquer de jeunes. Le précédent Attorney général, Rama Valayden, avait reconnu officiellement que Maurice a un vrai problème en ce qu’il s’agit du renouvellement de la population et du manque de main d’oeuvre. Les Nations unies ont aussi reconnu que Maurice est un des pays où le taux de natalité est le plus en baisse. Il faudrait vraiment rectifier cela pour avoir plus de jeunes pour subvenir aux besoins des vieux.
Qu’en est-il lorsque la vie de la mère est en danger ?
Telle que la loi est à Maurice, c’est déjà reconnu que si la mère est en danger, il faut la sauver. Deux gynécologues doivent signer pour cela. Le bébé va mourir de toute façon.
Par rapport au handicap, outre la Trisomie 21, peut-on en déterminer d’autres durant les 14 premières semaines ?
Cette section de la loi se rapporte à l’eugénisme. Je choisis qui a le droit de vivre, alors qu’à Maurice nous avons une politique de prise en charge des handicapés. Nous avons développé tant de cellules et cela va à l’encontre de toutes ces politiques mises en oeuvre.
MONIQUE DINAN (MAM): « 95 % des femmes qui avortent pas concernées par cette loi »
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