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Metro Express  : Des trams bondés, trop bondés !

Les trajets s’apparentent à un parcours du combattant face à la forte promiscuité

Toutes les rames qui se succèdent aux 19 stations jalonnant la ligne 2B du métro (Curepipe/Port-Louis) sont bondées. C’est ce qui découle des cinq premiers jours de la mise en opération du service commercial de cette phase du projet. Un bilan plutôt flatteur pour Metro Express Ltd (MEL) et de nature à convaincre les plus sceptiques sur le bien-fondé de l’application de ce projet.

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Rançon du succès, les voyageurs s’exposent à quelques contrariétés, dont la forte promiscuité prévalant sur ces lignes saturées. Compressés les uns contre les autres, comme dans des boîtes de sardines, sans pouvoir faire le moindre mouvement. Difficile de s’agripper aux bars de sécurité dans de telles conditions. Les bousculades sont inévitables, alors que la question du franchissement des distances intimes et personnelles est sur toutes les lèvres. Cet élément, auquel s’ajoutent les fortes chaleurs de l’été qui se profile, pourrait dissuader les usagers de l’automobile de renoncer à leur véhicules individuels pour adopter le métro de manière régulière.

« MEL vous souhaite un agréable voyage », peut-on entendre au départ des trams. La formule de politesse pourrait presque sembler ironique, du point de vue des usagers, tant les conditions de vo-yage sont de plus en plus pénibles depuis le lancement de la phase 2B du projet. Jusque-là, les passagers étaient quasiment certains de disposer d’une place assise dans le métro ou de voyager débout en s’agrippant aux bars de sécurité, tout en évitant l’agglutinement. Pour se faire une première idée de ce qui se joue aux heures de pointe depuis lundi, il faut d’abord s’intéresser à ce qui se produit lors du débarquement-embarquement des passagers, caractérisés par l’individualisme des comportements.

Week-End s’est penché sur la pagaille qui règne aux stations centrales de Port-Louis, Rose-Hill, Quatre-Bornes et Curepipe. Rien à voir avec une file d’attente organisée. À une relative insouciance des voyageurs, succède un affairement dès que la locomotive de tête apparaît en mouvement dans le champ de vision. Il est 8h10 à la station de Rose-Hill.  Les plus pressés se préparent à l’abordage avant même que le tram, en direction de la capitale, ne s’immobilise.

Les choses se corsent lorsque les cinq points d’accès que commandent des doubles portières coulissantes s’ouvrent sous les yeux ébahis des candidats à l’embarquement, qui se rendent compte que le métro est plein comme un œuf. Certains comportements suscitent alors l’indignation, tels ceux des hommes qui profitent de leur masse pour progresser sans ménagement dans la foule, au détriment des passagers débarquant, en jouant des coudes et des épaules. Les agents de la sûreté, peu nombreux, doivent alors  intervenir pour calmer les voyageurs et tenter de gérer la situation.

Avec 78 places assises et 229 à 344 places debout, les wagons ne peuvent accueillir tout ce beau monde. Le phénomène a pris une telle ampleur que certains voyageurs doivent parfois se résoudre à attendre le passage du métro suivant (ou celui d’ensuite), avant de pouvoir se faire une petite place au milieu des autres voyageurs entassés comme du bétail. « Mo ti soulaze kan metro ti fer zis traze Rozil – Porlwi. Mo ti relax.  Si sa kontinie, mo repran mo bis trankil », peste un passagère, déçue d’avoir été écartée du wagon. D’où la question de savoir si le ticket du métro est toujours valide après deux ou trois passages. (Voir plus loin).

Le trajet de 20 minutes de Rose-Hill à la capitale à l’heure de pointe était naguère un véritable plaisir pour les usagers qui se retrouvent debout, collés les uns aux autres. Il s’apparente, désormais, à un parcours du combattant. On n’ose imaginer la scène lorsque le mercure flirtera avec les 30 °C.  Chaque soubresaut projette les passa-gers les uns contre les autres, ajoutant la gêne à l’inconfort.

La sueur coule à grosses gouttes sur le front d’Aline, 52 ans, qui doit se démener pour se tenir aux barres verticales ou horizontales en hauteur. Impossible, compte tenu de sa petite taille, d’une part, et par crainte, d’autre part, d’attraper les mains d’un inconnu ! Il ne fait aucun doute que ces conditions de voyage créent un contexte propice aux gestes maladroits et déplacés. En atteste la réaction de cette femme se dégageant rapidement d’une situation potentiellement embarrassante en intercalant son sac entre son corps et celui d’un voyageur qui, soit dit en passant, ne portait pas de masque. Ils sont de plus en plus nombreux à faire fi de ce règlement.

Autre élément frappant : les usagers qui étaient persuadés que les horaires creux leur garantissaient un voyage relativement confortable et reposant ont vite déchanté. Les trains de 11h50 et de midi en provenance de Curepipe étaient noirs de monde, jeudi, à Rose-Hill. Aucune préséance n’est accordée à l’âge. Les voyageurs de plus de 60 ans se retrouvent souvent dans des postures qui font peine à voir. Sous nos yeux, ce jour-là,  deux retraités, bloqués par le flot de voyageurs, n’ont pu se frayer un chemin pour atteindre la porte de sortie à la station de Beau-Bassin et ont dû descendre à la prochaine halte à Barkly. Il est, donc, légitime de se demander si MEL changera son fusil d’épaule face à cette situation et si elle rétablira l’équilibre quant à la mauvaise répartition des voyageurs à bord.

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