Mauritius Post : la voie postale gênée par un manque aigu de personnel

La Mauritius Post fait face à un sérieux problème de manque de personnel, surtout en ce qui concerne les guichetiers et les facteurs. Ce qui a des conséquences indésirables sur le fonctionnement du service, au détriment des employés comme des clients. De son côté, la direction de Mauritius Post semble faire la sourde oreille à cette situation.

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Les délégués syndicaux du service postal, regroupés au sein de l’Union of Post Office Workers (UPOW), dénoncent qu’il a plus de 70 postes vacants de Postal Officers, soit ceux affectés aux guichets des bureaux de poste. En sus,  plus de 50 postes de facteurs demandent à être remplis. Cette situation affecte les 110 bureaux de poste à travers le pays. Les conséquences se résument à des queues interminables, notamment les membres du troisième âge pour leur pension ou encore du retard considérable dans la distribution du courrier, en l’occurrence pour les factures ou des sommations pour s’acquitter des amendes. Vient s’y greffer une frustration grandissante chez les employés avec la surcharge de travail. Ils ne peuvent plus obtenir de Leaves ou sont contraints même parfois de venir travailler les dimanches.

Mauritius Post est-elle contrainte à se serrer la ceinture ? Les syndicalistes répondent non d’emblée. Ils maintiennent que Mauritius Post connaît actuellement une croissance et un influx de revenus, notamment par rapport au service de livraison des colis. Face à ce manque de personnel, Mauritius Post a adopté la stratégie de la carotte aux syndicalistes, en promettant à maintes reprises des campagnes de recrutement. Ces promesses n’ont pas été suivies d’action, fulminent les syndicalistes.

En contrepartie, Mauritius Post a pris la décision de faire transférer plusieurs employés de son siège social de Port-Louis vers des bureaux de poste dans les quatre coins du pays. Or, ces employés sont actuellement affectés dans des services administratifs cruciaux tels que les finances, les systèmes informatiques et les ressources humaines.  Les syndicalistes dénoncent  les effets indésirables sur la bonne gestion de l’ensemble du service postal. Qui plus est, ils font ressortir que cette réaffectation pourrait être en contradiction avec les Schemes of Service des employés concernés, laissant la porte ouverte à des litiges.

Par ailleurs, aux dires des syndicalistes, Mauritius Post veut aussi éliminer le Relieving Panel. Ce dernier est un pool d’une cinquantaine de Postal Officers qui supplée aux absences des guichetiers dans les bureaux de poste. Elle envisage d’affecter de façon permanente les Postal Officers du Relieving Panel aux bureaux de poste pour résorber le déficit en personnel.  Or, avec l’élimination du Relieving Panel, il sera alors impossible de couvrir les absences. Les bureaux de poste avec un seul guichetier resteront ainsi fermés en cas d’absence.

Cette démarche ravive les craintes du personnel de Mauritius Post, notamment avec l’entrée en opération en mars 2024 d’un centre de tri postal majeur, nécessitant de la main-d’œuvre supplémentaire. Or, un tel centre nécessite une petite armée de travailleurs postaux. Et en l’absence d’une campagne de recrutement, d’autres transferts s’imposeront.

L’UPOW a ainsi demandé avec insistance à la Mauritius Post de reconsidérer toute décision d’éliminer le Relieving Panel et d’engager des discussions avec en vue de trouver des solutions plus appropriées, dont le recrutement.

Sollicitée pour une réaction, la responsable du service de presse de Mauritius Post a joué aux abonnés absents. Toutefois, en cette fin d’année, une annonce est apparue, faisant état qu’une « well-established company in the logistic and delivery sector is looking for suitable candidates for the following posts on contract basis ». L’avis précise ensuite que des Postal Officers, des Assistant Postmen et des Handy Workers sont requis. Toutefois, un syndicaliste explique qu’il attend de voir se concrétiser cette campagne de recrutement avant qu’il ne puisse afficher une quelconque satisfaction.

Encadrement

Un Postal Officer : « Se renvoyer la balle quant au recrutement »

Un Postal Officer, qui est aussi membre de l’UPOW, affecté dans un bureau de poste dans les environs de Port-Louis, décrit les conditions difficiles dans lesquelles il est contraint de travailler, vu le manque de main-d’œuvre.

Avec des Postal Officers en moins affectés derrière les guichets de son bureau de poste, il est souvent contraint d’effectuer le travail de deux personnes. Il ajoute que dans ce contexte, les Casual ou Vacation Leaves des Postal Officers ne sont pas approuvés. Souvent des fois, il doit souvent faire face à la colère des membres du public, irrités par la longueur des files d’attente.

« Par exemple, si un client a une quarantaine de lettres ou de colis à affranchir, et que je suis seul derrière le guichet, la file d’attente est complètement bloquée. Et c’est sur nous que les gens vont passer leur colère », dénonce-t-il.

Il dénonce aussi le fait que Mauritius Post a ajouté plusieurs services dans les bureaux de poste, tels que le paiement des mensualités d’Elie & Sons, de Rogers Capital, de CIM Finance, de CanalPlus et de Parabole Maurice, entre autres.

Il  affirme que le ministre des TIC, Deepak Balgobin, qui détient aussi le portefeuille des services postaux, avait pourtant émis des directives en faveur d’un exercice de recrutement. Lors d’une récente visite du Chairman de Mauritius Post dans les bureaux de poste, ce dernier avait dit aux employés de soulever la question avec le directeur des ressources humaines. Or, ce dernier fait ressortir à chaque fois qu’il n’a pas reçu le feu vert du Chairman ou du conseil administration pour lancer une campagne de recrutement. « On ne fait que se renvoyer la balle lorsqu’il s’agit de recruter plus de personnes », dénonce-t-il.

Pour lui, plusieurs postes sont créés dans l’administration pour « caser des petits copains qui vont toucher des salaires mirobolants », et ce serait ces Overhead Costs, qui constituent un empêchement au recrutement des Postal Officers et des postiers.

Un facteur : « Mauritius Post ne fait rien pour nous soutenir » 

Un facteur maintient qu’il y aurait bien plus de cinquante postes vacants parmi les postiers. À cela, il faudra souligner que de nombreux  facteurs prendront leur retraite fin 2023.

Le nombre de facteurs affectés à chaque zone postale est resté le même depuis l’époque coloniale. Or, la démographie dans ces zones a depuis connu une augmentation drastique, que ce soit dans les villes, les villages. Ce qui a amené une augmentation correspondante de la charge de travail des facteurs, et par ricochet, du retard dans la livraison du courrier. « La direction de Mauritius Post ne fait absolument rien pour recruter de nouveaux facteurs ou pour nous soutenir », dénonce-t-il.

Plus de 3 semaines pour

un colis posté à Maurice 

 

Les services postaux sont littéralement dépassés par les événements en ce mois de décembre avec le flot de colis de l’étranger et ceux postés localement. Jusqu’à l’année dernière, lorsque l’on achetait un article auprès d’un commerçant local, on pouvait recevoir son paquet dans un délai de deux à dix jours, mais là c’est la croix et la bannière pour les services postaux ; et pour les colis venant de l’étranger, c’est encore pire…

La Mauritius Post devrait restructurer ses opérations, recruter si nécessaire, afin de mieux être à même de pourvoir un service de distribution adéquat, pour tous ceux qui préfèrent acheter en ligne plutôt que d’aller faire les magasins, et ils sont de plus en plus nombreux.

Karen B. a eu la mauvaise idée d’acheter une robe d’un commerçant local sur le réseau TikTok début décembre. Le vendeur a bien posté la robe le 6 décembre (ayant même fourni un reçu de la poste à sa cliente)…. Mais trois semaines plus tard, Karen n’avait toujours pas reçu son colis.

 

Si la poste prend plus de trois semaines pour distribuer le courrier local on n’imagine même pas le délai accusé pour distribuer les colis venant de l’étranger… D’ailleurs, ces longues semaines – et mois d’attente – découragent beaucoup de Mauriciens d’acheter auprès de sites étrangers comme Ebay, AliExpress, et autres. Kavish S. un amateur de shopping en ligne sur les sites étrangers, a préféré stopper cette pratique : «J’adorais acheter en ligne, c’est tellement plus Convenient et on a accès à un choix énorme sur les sites internationaux. Mais cela prend trop de temps pour la distribution à Maurice. Avec un tel service, c’est décourageant de commander en ligne. Donc j’ai arrêté. »

 

Pour en revenir à Karen B., plus de trois semaines après, soit le 21 décembre, elle reçoit un SMS non signé, venant de nulle part, lui demandant de « please collect your parcel at post office ». Renseignement pris auprès de certains facteurs : « Ena parsel par bal mo dir ou, mari bokou travay. » Les pauvres facteurs ne savent plus à quel saint se vouer et on ne peut leur jeter la pierre.

 

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