Le Center for excellence in Disaster Management & Humanitarian Assistance (CFE-DM) du U.S. Department of Defense (DoD) a publié le mois dernier le Mauritius Disaster Management and Climate Change Handbook, soit un rapport complet sur Maurice et sur son système de gestion de crise et de risques liés au changement climatique. S’il reconnaît les efforts accomplis du côté des autorités pour mitiger les risques, il rappelle que “the potential for a major hazard event to cause widespread destruction is high”. Nous résumons quelques points saillants du document disponible dans son intégralité en ligne.
Des “hazards” principalement weather-related, soit de cause naturelle. C’est ce que redoutent le plus les autorités mauriciennes. Ainsi, dans le rapport, l’on indique qu’en plus des catastrophes naturelles, dont les cyclones, les pluies torrentielles et les inondations, les incidents liés au feu et au “various technological hazards – gas and oil spills or aircraft and boat accidents” sont aussi source de grande préoccupation pour les autorités mauriciennes. Sans compter les risques de tsunami dans l’océan Indien. Dans le volet de l’érosion côtière, le document indique qu’elle est en grande partie due à l’“intensive coastal development or construction”, à l’augmentation du niveau de la mer ; à la destruction et la mort des coraux ainsi que les cyclones générant de grosses vagues, néfastes pour la faune et la flore marine.
Augmentation préoccupante de niveau de la mer
S’agissant des risques d’inondation, les services météorologiques de Maurice (MMS) ont noté une augmentation de la variabilité des précipitations liée à une augmentation des événements pluvieux de forte intensité, qui favorisent les flash floods. À cet effet, une analyse de 2021 a révélé que le risque de flash floods a augmenté de manière significative, en partie parce que l’urbanisation et le développement ont perturbé les systèmes de drainage naturels.
Par ailleurs, les flash floods ont représenté un peu plus de 26% des pertes signalées au niveau national entre 1990 et 2014. En 2024, une étude de la Land Drainage Authority (LDA), sous l’égide du ministère des Infrastructures nationales, a révélé que 306 zones sujettes aux inondations ont été identifiées. L’étude indique que les inondations sont susceptibles de se produire sur le côté de l’île exposé au vent et que les menaces pourraient être plus prononcées dans les zones à forte densité de population et les zones bâties…
Concernant l’augmentation du niveau de la mer, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a prévu que le niveau de la mer continuera à s’élever tout au long du 21e siècle. Selon des enregistrements des marégraphes (1950-2001), il est prouvé que le niveau de la mer a augmenté de 1,5 mm (0,06 pouces) par an à Port-Louis et de 1,3 mm (0,05 pouces) par an à Port Mathurin. Le rapport souligne que si cette tendance se poursuit, cela devrait entraîner l’érosion des plages, la perte de baies et de graves dommages aux zones bâties. Le gouvernement signale par ailleurs que les zones les plus exposées au risque de perte de masse terrestre sont situées dans les régions du sud-ouest et du nord, ainsi que dans l’estuaire du ruisseau de Terre Rouge. Zone soit dit en passant récemment touchée par deux fuites d’huile industrielles…
“Technological hazards”
Quant aux plages publiques les plus menacées par l’érosion due à l’élévation du niveau de la mer, elles sont Flic-en-Flac, Le Morne, Riambel, Pointe d’Esny, Cap Malheureux et Grand-Baie. De plus, le receeding coastline à certains endroits de 1 mètre par an et le risque de salinisation des sols et des terres agricoles basses ne doivent pas être sous-estimés, indique le CFE-DM. La récente étude évoque aussi les “technological hazards”. Ainsi, une évaluation réalisée en 2020 a révélé que l’industrie textile est une source potentielle d’impacts graves sur l’environnement et la santé. Il a été rapporté que des produits chimiques utilisés dans l’industrie textile ont provoqué une mortalité anormale des poissons dans les zones de pêche du nord et de l’est.
En outre, l’île Maurice a été confrontée à des marées noires en 2016 avec le MV Benita et en 2020 avec le MV Wakashio. Les chercheurs et les autorités locales estiment qu’étant donné que les îles sont situées à proximité des principales voies de transport maritime, le risque qu’un navire rencontre des difficultés — ou s’échoue — et ait besoin d’aide est élevé. Non seulement les matériaux à bord de ces navires posent des risques écologiques, mais les intervenants mauriciens peuvent être amenés à opérer seuls pendant de longues périodes jusqu’à ce que d’autres intervenants puissent atteindre le lieu de l’incident.
Pour conclure, le CFE-DM indique que ces dernières années, la fréquence des pluies torrentielles, des cyclones tropicaux, des tempêtes, des raz-de-marée, des inondations, des glissements de terrain, des tsunamis et des déversements de matières dangereuses a augmenté. Il signale par ailleurs que le système de santé du pays peut s’attendre à des épidémies plus fréquentes de maladies à transmission vectorielle, sans compter les infrastructures de drainage et les systèmes de gestion des déchets inadéquats pour lutter contre les effets du changement climatique.