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Manifestation de la CTSP à R.Hill : marée rouge, malgré le rétablissement de la relativité salariale

Reaz Chuttoo : « L’amendement autorisant les agents de privé à recruter des travailleurs étrangers est trop grave »

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Jane Ragoo harangue la foule et évoque le non-respect du principe de la séniorité des salariés

Les spéculations allaient bon train, depuis vendredi soir, sur la tenue ou pas de la manifestation orchestrée par la Confédération des Travailleurs des Secteurs Public et Privé (CTSP), après la décision du conseil des ministres d’avaliser une série de mesures en vue de rétablir la relativité salariale, avec le chiffre de « Rs 4925 » pour les salariés du secteur privé. Elles n’ont pourtant pas refroidi l’ardeur des manifestants qui étaient nombreux à avoir marché, hier après-midi, dans les rues de Rose-Hill. « Il y a des avancées dans ce que le gouvernement a annoncé. Sauf que l’amendement faisant partie du Finance Bill, autorisant les agents de privé à recruter des travailleurs étrangers, est trop grave », a confié le syndicaliste Reaz Chuttoo, pour justifier le maintien de la manif. Affaiblie par la maladie mais déterminée à être de la partie, Jane Ragoo a lancé un appel au gouvernement pour qu’il prenne « en considération la frustration des travailleurs se sentant lésés par le non-respect du principe de la séniorité dans les barèmes salariaux. »

Il est 13h30. À l’aide d’un mégaphone, Reaz Chuttoo s’époumone pour haranguer la foule hétéroclite de manifestants, composée de jeunes et moins jeunes d’horizons divers, massés devant les locaux de la CTSP, point de départ de cette marche pacifique. « On a remporté deux victoires. Le gouvernement a accédé à certaines de nos revendications sur la relativité salariale, mais le plus important demeure la joie de voir Jane Ragoo parmi nous aujourd’hui », dit le syndicaliste, sous les applaudissements nourris de l’assistance.
Souffrant du syndrome de POEMS, Jane Ragoo avait la mine très fatiguée et la voix rouillée, mais le soulagement et la satisfaction pouvaient se lire sur son visage. Six mois de soins intensifs en Inde lui ont redonné un peu de force pour reprendre son action syndicale. En dépit des recommandations de ses médecins, il était hors de question de rater ce rendez-vous. Elle a sillonné « symboliquement », à bord d’une voiture, les grandes avenues de Rose-Hill pour faire entendre ses revendications.

Arborant un t-shirt rouge à l’effigie du mouvement syndical qu’elle a façonné, Jane Ragoo a donné de la voix, malgré son état. « Zot mem ki donn mwa lafors. Solidarite dans laksyon ! », a lancé la syndicaliste, avant d’évoquer le combat qu’elle a mené avec la CTSP en 2017, en faveur des femmes cleaners : « Si nou pa ti amenn sa komba-là, zame pa ti pou ena saler minimum national. Noun mett nou lavi en danze. C’est vrai que le gouvernement a pris certaines mesures louables, vendredi, mais la lutte ne s’arrête pas pour autant. »
La syndicaliste regrette « le manque de mesures pour rétablir les barèmes de salaires au niveau de l’ancienneté des salariés. Ceux comptant une vingtaine d’années de service ou plus percevront le même salaire que ceux venant de commencer à travailler. Cette situation génère de la démotivation parmi les travailleurs du secteur privé ». Reaz Chuttoo a abondé dans le même sens : « La hausse du salaire minimum a mis ceux qui gagnaient déjà environ cette somme ou légèrement plus dans une position délicate, car ils ont été rattrapés par ceux touchant le salaire minimum. C’est illogique et irrationnel ! »

Les rues principales de Rose-Hill ont, donc, été le théâtre d’une marée rouge et blanche. Les manifestants, Mauriciens et étrangers, brandissant des drapeaux marqués du sigle de la CTSP, ont uni leurs voix à celles des leaders du mouvement syndical. « La CTSP a décidé de descendre dans la rue car étant en désaccord avec la décision du gouvernement visant à permettre aux agents recruteurs de devenir des employeurs pour louer leurs services aux entreprises. Les agents vont louer les services des travailleurs aux usines et compagnies. C’est la définition même du trafic humain. La section 5 de la loi sur la santé et la sécurité souligne qu’il est de la responsabilité des employeurs d’assurer que l’environnement de travail de l’employé soit sans risque. Cette section s’appliquera à qui dans ce contexte ? Sur celui qui a loué les services d’un travailleur ou celui qui se sert de ce travailleur ? Gouvernma bizin reponn », a souligné Reaz Chuttoo.
Dans l’esprit des manifestants, il y a avait, bien entendu, la lutte contre le trafic humain et l’esclavagisme moderne, mais l’on note que la mobilisation a pour toile de fond d’autres revendications, des travailleurs scandant des slogans, tels que « Nou drwa ! », « Aret bwar disan travayer ! » et « Nou bizin zistis ! », à l’endroit de certains patrons de grandes entreprises du secteur privé qu’ils ont cités. Au cœur de la marche, on entend notamment des gens crier leur exaspération face à la cherté de la vie. Reaz Chuttoo a donné la garantie que la CTSP ne compte pas abandonner les employés, prévoyant d’organiser une série de manifestations pour faire entendre leur voix. Le syndicaliste a demandé au ministre du Travail de prendre en considération leurs requêtes.

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