« Mafia ! » Ce mot est revenu en boucle durant la marche pacifique organisée, samedi, par l’entente composée de Linion Pep Morisien (LPM) et du Rassemblement Mauricien (RM) dans les rues de la capitale pour protester contre les méthodes « très peu conventionnelles » adoptées par la Special Striking Team (SST) de l’inspecteur Ashik Jagai qui en a pris pour son grade.
« Jagai, out ! out ! out ! », ont scandé les manifestants tout au long du parcours. Il faut donner du crédit aux policiers et aux organisateurs qui ont su accorder leurs violons afin que cette marche se déroule dans les meilleures conditions. On ne risque pas de voir des membres de l’entente être convoqués aux Casernes centrales cette semaine, à moins que…
Quand bien même on ne s’attendait pas à voir déferler plus de 10,000 personnes dans les rues de la capitale en ce samedi très ensoleillé, les membres, la police avait déployé les grands moyens, avec notamment de nombreux policiers affectés entre le Parlement et le PMO où des fourgonnettes de la SSU avaient pris place. Une trentaine de minutes avant le début de la marche pacifique, on a vu Georges Ah Yan, activiste du Forum des Citoyens Libres, discuter longuement avec des haut gradés de la force policière et des partisans de l’entente LPM/RM, massés autour de lui, et spéculant déjà sur d’éventuelles directives « depi lao » pour leur mettre des bâtons dans les roues. Bien au contraire. La discussion, très cordiale, s’articulait autour de la bonne marche de la manifestation.
Les manifestants ont, certes, exprimé de vive voix leur exaspération, mais ils ont suivi à la lettre les instructions de la police pendant tout l’itinéraire. La rue Pope Hennessy, en face de la cathédrale St-Louis, est le lieu de départ de la manif. Elle a pris du temps avant de se garnir et s’animer mais l’essentiel est là : la foule, hétéroclite, composée de jeunes et moins jeunes d’horizons divers, scande en chœur, avec verve et détermination, divers slogans hostiles… à l’endroit du Chef de l’État et de l’inspecteur Jagai, dont le fameux « B… li deor. » Les membres de l’entente LPM/RM composé d’Ivor Tan Yan, Rama Valayden, Nando Bodha, Dev Sunnasy, Jean-Claude Barbier et Raouf khodabaccus, entre autres, donnent de la voix pour haranguer la foule où l’on distingue des visages connus comme l’ex-gréviste de la faim Nishal Joyram et Simla Kistnen, la veuve de l’ex-agent principal du MSM.
« Pinokio komplis ! Mafia ! »
Rama Valayden agite le quadricolore en compagnie de son camarade de parti Dev Sunnasy. La marche peut alors démarrer sous les regards curieux de quelques touristes ayant pu entendre les manifestants entonner en chœur l’hymne national, avant le grand départ. Une dizaine de deux-roues, roulant au pas en queue de cortège, ont également accompagné les manifestants dans un concert de klaxons. Les femmes, pour la plupart en tête de cortège, semblent être beaucoup plus affutées que leurs homologues masculins : « Jagai, out ! out ! out ! » Elles s’élèvent aussi contre le mutisme du PM : « Pinokio komplis ! »
Au cœur de la marche, on entend notamment des gens crier leur exaspération face à la cherté de la vie. L’ambiance monte d’un cran devant le PMO où Taslima Valayden, l’épouse de l’avocat, s’époumone pour dire tout le mal qu’elle pense du chef de l’État. Ça a le mérite de transcender la foule qui finit son périple à la Place d’Armes. L’événement s’est déroulé dans un esprit bon enfant. Raouf Khodabaccus a lancé un appel au commissaire de police pour qu’il prenne ses responsabilités en procédant à l’ « arrestation immédiate des brebis galeuses et mafieuses de la force policière. Pravind jugnauth, twa nou nepli ena konfians dan twa !
Nando Bodha: « Fode nepli
ena sistem 50/50 ! »
Dans son discours, le leader du RM, Nando Bodha a soutenu que « se sa vag ki pe leve la ki pou menn nou ver enn lot destin parski lepep inn kompran ki pe deroule. Nou bizin ena enn lapolis ki integ kouma lepok lontan. Fode nepli ena sistem 50/50 kouma nou pe trouve asterr. »