Maintien du prix de l’essence et du diesel : c’est reparti pour un tour !

  • Suttyhudeo Tengur : « Le gouvernement veut jouer au Père Noël avant les élections générales… »

C’est reparti pour un tour. De nombreux Mauriciens s’attendaient à une baisse des prix du diesel et de l’essence, notamment en raison de la chute des prix du pétrole sur le marché international, mais ils ont vite déchanté en en apprenant le maintien des coûts cette semaine. La dernière réunion du Petroleum Pricing Committee (PPC) remontait au 24 mai 2024. Pour justifier ce statu quo, le comité dit avoir pris en considération l’ « évolution des prix mondiaux de l’essence et du diesel et le déficit estimé à Rs 3,9 milliards dans le Price Stabilisation Account (PSA) du diesel. » C’est la levée de boucliers du côté des membres de l’opposition et des syndicalistes. « Une baisse d’au moins Rs 10 des prix du carburant aurait été bien accueillie par la population. Mais, il semble que le gouvernement veut jouer au Père Noël avant les élections générales… Le risque, c’est que la caravane aura déjà passé », soutient Suttyhudeo Tengur, directeur de l’Association pour la Protection des Consommateurs.« La déception aura des répercussions politiques ! » Suttyhudeo Tengur n’a pas fait dans la dentelle après avoir pris connaissance de la teneur de la dernière réunion du PPC. Sur les réseaux sociaux, il a souligné que « c’est de l’escroquerie pure et simple. Le peuple s’attendait à une baisse conséquente des prix, mais c’est une totale désillusion. L’ancien directeur de la State Trading Corporation (STC), Megh Pillay, a donné les bonnes explications dans une interview parue dans un quotidien. Selon lui, si la STC cherche comme couverture bancale le déficit du PSA pour justifier sa décision, cet argumentaire ne tient pas la route, car le PSA a été déficitaire depuis décembre 2021, comme l’indique le dernier communiqué de cette même STC. »

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S’appuyant sur les analyses de Megh Pillay, Suttyhudeo Tengur soutient que « l’État impose sa volonté politique sur les décisions prises par le PSA. M. Pillay cite notamment la décision du gouvernement prise en octobre 2023. Le PPC s’est réuni à deux reprises en moins d’une semaine le 30 septembre et 6 octobre. À la première réunion, il avait fixé le prix à Rs 72,10 et Rs 60 pour l’essence et le diesel respectivement. Une semaine après, il baissa l’essence à Rs 69 et monta le diesel à Rs 63,95. Le gouvernement injecta Rs 250 millions en octobre dernier pour faire baisser le prix de l’essence en octobre… C’est le gouvernement qui tient les ficelles de ces pantins du PSA ! »

Même son de cloche du côté du secrétaire général de l’Association des Consommateurs de Maurice (ACIM), Jayen Chellum, qui se demande si la baisse interviendra à la veille des élections générales. « C’est clair qu’il y a eu intervention politique dans cet exercice. Les explications du PPC ayant motivé le maintien du prix de l’essence et du diesel ne tiennent pas la route. Les prix ont dégringolé de l’ordre de 17% sur le marché international. Dans cette conjoncture, la population s’attendait que cette baisse soit répercutée à la pompe, mais tel n’a pas été le cas. Comment, quand il y a des hausses sur le marché mondial, le PPC peut se réunir en l’espace d’une semaine pour des révisions à la hausse, mais que quand il s’agit de baisser, cela se fait très lentement ? » Jayen Chellum ajoute que le maintien des prix profite surtout au gouvernement. « Cela lui permet de se faire de l’argent sur la tête de la population, avec ses différentes taxes. C’est cet argent qui sera par la suite réutilisé pour les différentes allocations. Ce qu’on vous donne émane de votre poche. »

Le secrétaire de l’ACIM a également fait une comparaison avec la situation avant les élections de 2014. Il souligne que le prix de l’essence était passé de Rs 52.25 le litre en juillet à Rs 45.95 en décembre. Celui du diesel était à Rs 43.95 en juillet 2014 et de Rs 37.80 en décembre. « D’un côté, nous voyons que l’ancien gouvernement avait baissé les prix des carburants avant les élections de 2014, mais ici, le prix a été maintenu », dit-il. Faisant une comparaison avec les prix pratiqués dans d’autres pays, il cite l’exemple de l’Australie, où le salaire moyen est de Rs 175 829. Le litre d’essence se vend à Rs 50.39 et celui du diesel à Rs 51.32. En Chine, où le salaire moyen est de Rs 44 666, l’essence se vend à Rs 53.67 le litre et le diesel à Rs 47.80. À Maurice, le salaire moyen est de Rs 46 600, et l’essence est à Rs 66.20 le litre, contre Rs 63.95 pour le diesel. Jayen Chellum a réitéré sa demande pour un débat national sur la MBC avec les autorités concernées sur le prix du carburant à Maurice.

Nasser Moraby (Association des propriétaires de boulangeries) :« Nous attendons une réponse de la part du ministre »
« Les boulangers sont dans une situation très difficile et nous nous attendions à une baisse, à un soulagement. Malheureusement, cela n’a pas été le cas. L’Association a envoyé une lettre au ministre du Commerce en vue d’une rencontre il y a trois semaines. On nous a référés au ministre des Finances. Donc, nous attendons une réponse de sa part. En attendant, l’Association des propriétaires de boulangeries réunira ses membres jeudi prochain pour passer en revue la situation. Une décision sur la marche à suivre sera prise. »

Yashpal Murrakhun, président de la Federation of Hotels Taxi Association :« Je suis déçu »
« Je suis déçu. Nous nous attendions à une baisse, car le prix a considérablement baissé sur le marché mondial, mais il n’en a rien été. ll faut arrêter de surtaxer le carburant à Maurice. Il y a des taxes qu’on a imposées pour certains projets et on ne nous dit jamais combien d’argent on a pu collecter pour ces projets, et si ceux-ci ont été complétés. Il y avait une taxe pour l’achat des vaccins, qui a par la suite été transférée sur d’autres items. Je souhaite attirer l’attention sur les difficultés rencontrées par les chauffeurs de taxi quant à la subvention de Rs 5 sur le litre de diesel. Pour bénéficier de cet argent auprès de la MRA, nous devons faire des returns chaque mois. C’est une complication et beaucoup de personnes ne savent comment le faire. Pourquoi ne pas avoir baissé le prix directement à la pompe ? Ainsi, tout le monde aurait pu en profiter. »

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