Mahend Gungapersad (ministre de l’Education) : « J’ai fait ce qui était humainement possible pour une rentrée scolaire dans la sérénité »

La grande rentrée scolaire 2025 se fera lundi. Les admissions en Grades 1, 7 et 10 ont déjà eu lieu à la fin de la semaine. C’est un nouveau ministre, le Dr Mahend Gungapersad, qui est désormais à la barre concernant l’éducation. Depuis un mois, il multiplie les consultations et procède à des changements pour la présente rentrée scolaire. En attendant les Assises annoncées pour avril prochain et l’élaboration d’un projet de réforme, il parle de sa vision de l’éducation et de son souhait d’inculquer une culture de la lecture et de la discipline dans les écoles.

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Vous avez eu de nombreuses consultations avec les différents partenaires depuis votre prise de fonction… Quel est votre état d’esprit à la veille de la rentrée scolaire ?
Je suis motivé, passionné. D’abord, j’ai eu une longue carrière dans l’enseignement. Pendant cinq ans, j’ai suivi le dossier de l’éducation en tant que parlementaire de l’opposition. Il y a une chose avec laquelle je n’étais pas d’accord : l’absence de consultations avec les Stakeholders.
Beaucoup se plaignaient qu’il y avait un dialogue de sourds, qu’il n’y avait pas de consultations avant les décisions importantes, et ainsi de suite. Je me suis dit que moi, je ne m’enfermerais pas dans une tour d’ivoire, ni imposerais mes décisions. Quelques jours à peine après avoir été nommé, j’ai commencé à rencontrer les partenaires, managers de collèges privés, enseignants, recteurs, responsables du préscolaire, secteur SEN, MQA, MITD…
J’ai essayé de rencontrer le maximum de personnes dans le peu de temps que j’avais avant la rentrée scolaire. Je voulais bouger vite pour assurer le School Readiness et que la rentrée se fasse dans de bonnes conditions. Que ce soit au niveau des infrastructures, du personnel, des manuels…
En 2024, il y a eu de mauvaises surprises à la rentrée, avec le manque d’enseignants et de manuels notamment. Pour 2025, nous avons fait de notre mieux, mais malheureusement, je suis arrivé en fin d’année et ma marge de manœuvre était limitée. J’ai fait au mieux pour qu’il y ait le maximum de manuels possible et j’ai revu la décision concernant l’obligation de détenir le PGCE pour pouvoir enseigner au secondaire. De même pour l’obligation de détenir des diplômes spécifiques pour enseigner certaines matières spécifiques. Et ce, afin de permettre aux collèges de recruter le personnel nécessaire. Vous réalisez qu’il y avait des Degree Holders de l’Université de Maurice qui n’étaient pas éligibles de travailler dans nos collèges auparavant ?
J’ai fait tout ce qui était humainement possible en peu de temps. Mais je dois avouer qu’il y aura encore quelques manuels pour certaines matières qui manqueront à la rentrée. Ceux qui ont obtenu les contrats pour imprimer les manuels pour ces matières n’ont pu honorer leurs engagements. Dans un premier temps, pour permettre aux enfants de travailler, nous allons faire des photocopies. Selon notre Contingency Plan, tous les manuels devraient être disponibles à la première semaine de février. Je peux dire que 90% à 95% des manuels sont déjà disponibles.
Le ministère a aussi octroyé Rs 75 000 et Rs 100 000 aux écoles primaires et secondaires respectivement pour des petits travaux avant la rentrée. Il faut nous assurer que nos écoles soient un endroit correct, où nos enfants peuvent évoluer. J’ai aussi fait débloquer Rs 150 millions en faveur des collèges privés et confessionnels. Cet argent leur était dû et ils peuvent enfin y avoir accès, après un long tug-of-war avec la PSEA. Je suis sûr que cet argent sera utilisé à bon escient pour le bien des enfants.
Autre décision importante que j’ai dû prendre rapidement : l’abolition de l’Extended Programme, qui était tant décrié. Environ 2 500 enfants se retrouvaient chaque année en situation d’échec au NCE, après avoir échoué au PSAC. Nous ne pouvions plus continuer ainsi. Le programme n’était pas adapté à ces enfants. Nous avons dû travailler très vite, sans Adviser, mais avec les techniciens du ministère et les différents partenaires, dont le SeDEC, le MIE, le MES et la MQA, pour élaborer un nouveau programme. Nous avons pu mettre en place le Foundational Programme. Les enseignants concernés ont suivi une formation cette semaine. La semaine prochaine, la formation se fera à Rodrigues. Ce programme ne mènera pas les enfants vers l’échec.
Il y aura des School-Based Assessments et, au bout de trois ans, les élèves auront un certificat de validation par les institutions concernées. Ce faisant, nous sommes en train de sauver nos enfants. Le Foundational Programme est basé sur trois axes : Basic Literacy and Numeracy, Lifeskills and Values et Skills Development. Après ce parcours, les élèves pourront suivre un cours au MITD. Le Foundational Programme se fera cinq jours à l’école au cours de la première année; quatre jours à l’école et un jour au MITD/dans une entreprise à pratiquer un métier, au cours de la deuxième année; et trois jours à l’école et deux jours au MITD/dans une entreprise à pratiquer un métier. Nous allons préparer l’enfant pour le monde où il veut évoluer. Il n’y aura pas d’échec. Le NCE était abusif pour les élèves de l’EP. Je ne comprends pas comment on a pu perpétuer un tel système en dépit de toutes les critiques, y compris celles de la Banque mondiale.

Savez-vous combien d’élèves sont enregistrés pour ce programme ?
Je n’ai pas encore les données à ce jour (mercredi, NdlR), mais beaucoup de parents accueillent favorablement ce changement. Ils m’ont dit que c’est un salut pour leurs enfants et qu’ils peuvent désormais envisager l’avenir avec plus de sérénité. Avec le Foundational Programme, nous allons former les jeunes pour assurer leur employabilité et, en même temps, leur donner les Basic Literacy and Numeracy Skills. L’enfant apprendra aussi à gérer ses émotions et à développer ses talents.
Former ces élèves à des métiers permettra également d’adresser le problème de Skills Mismatch. Il y a des besoins dans différents secteurs, agricole par exemple. Nous ne pouvons continuer à importer 80% de ce que nous mangeons, alors qu’il y a des terrains. De même pour le secteur de la pêche, qui peut assurer notre sécurité alimentaire. Nous avons besoin de main-d’œuvre qualifiée dans le secteur de l’hospitalité également. C’est une mini-révolution que nous voulons apporter dans l’éducation. Aujourd’hui, des pédagogues me disent qu’il faut inclure le Skills Development dans le Mainstream aussi.
Nos jeunes ont besoin de développer leurs compétences dans plusieurs domaines, et non seulement académiques. En même temps, nous allons relancer l’éducation fondamentale. Le literacy and numeracy a été négligé. Les enfants ne font plus de lecture. Nous allons relancer un programme de lecture dès le préscolaire. Au primaire, nous envisageons une période spécialement dédiée à la lecture.
Beaucoup d’adultes, même parmi les enseignants, ne lisent plus aujourd’hui. Si nous continuons sur cette tendance, le niveau du vocabulaire baissera. Il n’est pas possible que nos enfants ne connaissent pas les grands classiques. La lecture peut commencer par des choses simples, comme les bandes dessinées, des chansons… et dans toutes les langues. Pour moi, Sime lalimyer de Kaya est un très beau texte que les enfants devraient pouvoir apprécier. Idem pour Prendre un enfant par la main d’Yves Duteuil, par exemple. Il y a de nombreux auteurs mauriciens qui sont inconnus également.
J’ai le projet ambitieux d’inculquer une culture de la lecture. Les gens ne lisent même plus les journaux aujourd’hui. Sur ma page Facebook, les lundis, je partage des extraits du Petit Prince d’Antoine de St Exupéry. C’est un livre qui m’a fasciné et que je veux partager. Il y en a d’autres, comme The Happy Prince d’Oscar Wilde. J’envisage de demander la collaboration de la MBC pour cela. Le directeur, Alain Gordon-Gentil, est lui-même auteur. La lecture permet d’enrichir le vocabulaire, mais nous apprend aussi les valeurs.
Par ailleurs, les mathématiques demeurent un gros problème à Maurice. Nous aurons des sessions de travail avec le MIE, des enseignants de mathématiques, entre autres, pour voir comment nous pouvons développer une méthodologie. Brian Pitchen, représentant du SeDEC, disait par exemple l’autre jour que nous pouvons enseigner les maths aux enfants même en pratiquant l’agriculture. Il y a des jeux comme le Monopoly qui peuvent aussi aider.

Les Assises de l’éducation sont annoncées pour avril. Comment cela va-t-il se passer dans le concret ? Aurez-vous un projet de réforme à présenter ?
Nous serons à mi-chemin. Il y aura des pistes de réflexions, suivant les consultations. Nous aborderons également des sujets spécifiques, comme l’indiscipline. Il faudra réfléchir à ce que nous allons faire avec le NCE, les académies, la mixité, les Modular Assessments de science et histoire-géo. Faudra-t-il revoir les zones ? La promotion automatique au primaire sera aussi au centre des discussions. Mgr Jean-Michaël Durhône m’a longuement parlé à ce sujet. Les Assises seront un dialogue avec les différents partenaires. Leur input sera important. Je ne veux pas faire quelque chose à leur insu et le leur imposer par la suite.

Les résultats du PSAC Reassessment affichent un taux de réussite de 34%. En êtes-vous satisfait, après avoir étendu cet examen à trois matières ?
Disons plutôt que 34% d’enfants ne seront pas sacrifiés. Nous avons pu les sauver avec un rattrapage de deux semaines. Si nous avions pu le faire plus tôt, voire au premier trimestre, nous aurions pu en sauver encore plus. Et si nous n’avions pas fait de promotion automatique, nous aurions peut-être sauvé encore plus. Avec le resit, nous avons donné une nouvelle chance aux enfants, au lieu de les guillotiner. Nous avons un système d’éducation qui élimine un certain nombre d’enfants à chaque étape. Le système fonctionne pour certains, mais pas pour d’autres. Ce sont aussi les enfants de la République; il faut donc prendre aussi leurs besoins en considération.

Vous avez évoqué la promotion automatique à deux reprises. Envisagez-vous de revoir cela ?
Nous allons en discuter pendant les Assises. Je veux laisser les personnes concernées s’exprimer à ce sujet et nous verrons quelle est la marche à suivre.

Prévoyez-vous de revoir les examens du PSAC ?
Il faudra définitivement apporter des changements. Aujourd’hui, pour avoir le Grading 1, il faut avoir entre 75 à 100 points. C’est une situation qui crée beaucoup de frustrations. C’est pour cela que nous voyons parfois deux enfants avec quatre unités chacun mais qui n’ont pas le même collège. Il y a une trop grande marge entre 75 à 100 points. Il faut les rationaliser davantage. Nous ferons en même temps un travail d’ensemble pour voir comment rehausser le niveau.
Tout n’est pas qu’une question de performance. Nous voulons une transformation de la société, en inculquant notamment les valeurs et les principes. Nous ne pouvons plus vivre dans une société où le Bullying, le Body Shaming et la violence sont monnaie courante. Il faut apprendre le respect, l’humilité. Beaucoup de personnes éduquées deviennent vantardes, alors que cela aurait dû être le contraire. Il faut promouvoir les valeurs, le vivre-ensemble, l’harmonie. Il faut un changement de mentalité.

Au sujet de l’attribution des collèges, il y a une polémique sur le rôle de la State Informatics Ltd dans cet exercice. Qu’en pensez-vous ?
J’ai vu que M. Tengur a soulevé une série de questions dans la presse. Le même jour, j’ai eu une réunion conjointe avec mon collègue des TIC, le ministre Ramtohul, et le directeur du MES. Nous voulions en avoir le cœur net. Le directeur du MES a répondu à toutes les questions soulevées. Il a expliqué le processus dans les détails. Je peux dire que je suis rassuré que le système est fiable. S’il y avait des doutes, j’aurais été le premier à m’en alarmer.

Un autre sujet qui fait débat est celui de l’utilisation de la langue maternelle dans l’enseignement. Quel est votre avis à ce sujet ?
Étant détenteur de MA Linguistics de l’Université de Leicester, je comprends l’importance de la langue maternelle à l’école. L’anglais et le français sont des langues étrangères pour nous. Je suis très ouvert sur la question. Nos enseignants appliquent déjà ce qu’on appelle le Code Switching, soit de passer d’une langue à l’autre. Si dans certains cas, la langue maternelle peut aider à faire comprendre des concepts abstraits, par exemple, alors pourquoi pas… Nous pouvons commencer dans les écoles ZEP. Le SeDEC avait déjà un programme bilingue, kreol-anglais, élaboré par feu Dev Virahsawmy. Il peut y avoir un partage d’expériences.

Certains pédagogues parlent d’un décalage entre le programme national, jusqu’en Grade 9, et le niveau nécessaire pour les examens de Cambridge à partir du Grade 10. Partagez-vous cet avis ?
Absolument. Ce qui s’est passé, c’est quand il y a eu la réforme du Nine-Year Continuous Basic Education, il y a eu ce système pour que même les enfants qui n’avaient pas le minimum requis au PSAC aillent au collège et prennent part aux examens du NCE. Je parle de l’Extended Programme. Pour permettre à ces enfants de s’adapter, ils ont baissé le niveau, en espérant que les enfants allaient réussir le NCE. L’accent a été mis sur les chiffres, sur le pourcentage de réussites, au lieu de la qualité. Il y a eu un nivellement par le bas. Or, à Cambridge, il n’y a pas eu de baisse de niveau. C’est pour cela que beaucoup d’enfants n’ont pas pu s’adapter. Certains ont été sacrifiés juste pour augmenter le taux de réussites. Je ne vais pas entrer dans ce jeu-là. C’est pour cela que nous venons avec un nouveau programme, où il n’y aura pas d’échec.

Les résultats du SC sont attendus la semaine prochaine et nous savons que trois Credits suffiront pour monter en Grade 12. S’agira-t-il de trois Credits dans n’importe quelle matière ou de trois Credits dans les matières qui seront choisies en « main » pour le HSC ?
Il faut avant tout avoir un Pass au minimum en anglais pour réussir à l’examen. Il faudra ensuite avoir trois Credits dans les matières qui seront choisies en main. Nous encouragerons aussi ceux qui le peuvent à reprendre leurs examens. Il y a des gens qui m’ont fait un procès en disant que je faisais un nivellement par le bas avec les trois Credits. Mais il s’agit d’une exception à la règle. Les trois Credits ne sont pas la norme. Il y a des élèves qui feront beaucoup mieux que trois Credits. Mais il y a environ 25 000 autres qui se trouvent dans la fourchette des trois et quatre Credits. Ne sont-ils pas des jeunes qui méritent d’être au collège comme les autres ? Quand SSR a donné l’éducation gratuite, il l’a fait pour tout le monde, et non seulement pour ceux avec cinq Credits.
En Angleterre, les élèves qui ont trois Credits ne sont pas rejetés. Mais à Maurice, nous avions un système qui rejetait nos enfants. Bien sûr, je vais encourager ceux qui le peuvent à repasser leur examen de SC, pour essayer de faire mieux. Mais il ne faut pas se focaliser sur les cinq Credits à cause des règlements de la PSC. Tout le monde ne travaillera pas dans la fonction publique. Je connais des lauréats et des personnes qui ont très bien réussi leurs études qui ont choisi de travailler dans le privé. Pourquoi donc imposer les critères de la PSC comme barème ? D’autant que les universités demandent deux A Levels comme minimum requis pour être admis.
Je vous citerai le cas d’un garçon, Yash Bissessur. Il m’a demandé de parler de son cas quand je donne des interviews. Ce jeune homme a lutté contre l’ancienne ministre pour pouvoir faire le HSC avec ses quatre Credits. Mais il n’a pas pu. Au final, il est parti au Canada, où il a pu poursuivre ses études, et il a réussi. Il m’a dit : « Maurice m’a rejeté, mais le Canada m’a accueilli. » Combien de jeunes il y a eu comme lui, mais qui, eux, n’avaient pas les moyens d’aller au Canada ?

Que se passera-t-il pour les 86 étudiants engagés dans la Technology Education Stream ? Pourront-ils poursuivre leur parcours ?
Il faut d’abord se demander pourquoi il y a seulement 86 élèves dans cette filière. C’est un système très British qui a été copié-collé ici et qui ne répond pas à nos réalités. Certains ont même trouvé approprié de faire ce projet au Collège Royal de Port-Louis. C’est aberrant ! Je ne vais pas regarder l’avenir dans le rétroviseur. Ce qui est fait est fait. Je ne vais pas arrêter quelque chose qui est déjà en cours. Le groupe d’élèves qui est déjà engagé dans le TES va prendre part à l’examen prévu à la fin de l’année. S’il y a des choses qui vont dans l’intérêt des enfants, nous allons les garder, et s’il y en a d’autres qui ne sont pas dans leur intérêt, nous allons les revoir.

Il y a des attentes également concernant le Kreol Morisien en HSC. Quelle est votre position ?
J’aurais bien aimé pouvoir proposer le Kreol Morisien en HSC en 2025, mais nous ne sommes pas prêts. Il y a un problème de ressources humaines, de curriculum et de matériel. Cette année est une année de transition. Je vais appeler les professionnels concernés bientôt pour discuter de ce dossier et prendre les mesures nécessaires pour pouvoir proposer le Kreol Morisien en HSC dès que possible.

Le plan du NYCBE prévoyait également 16 bourses additionnelles sur une base régionale à partir de l’année prochaine. Soit pour la première promotion du PSAC qui passera le HSC cette année. Irez-vous de l’avant avec ce projet ?
Je n’ai pas encore travaillé sur de ce dossier, mais si l’ancienne ministre avait prévu d’accorder des bourses additionnelles sur une base régionale, j’espère qu’elle a pris les dispositions nécessaires pour cela. Si elle l’a fait, il n’y a pas de raison que nous n’allions pas de l’avant.

Avec la baisse de la population estudiantine, certains collèges se retrouvent avec très peu d’élèves d’année en année. N’y a-t-il pas là nécessité de redistribuer les places de manière plus équitable dans les collèges ?
Commençons par le primaire. Avec moins d’élèves, il y aura des classes vides, et je vois cela comme des opportunités de faire autre chose avec ces classes. Par exemple, nous pouvons les transformer en salles de lecture, en salle d’activités… Nous pouvons réduire le nombre d’élèves par classe.
Il n’est pas nécessaire d’avoir beaucoup d’élèves dans une école. Au contraire, ce sera plus facile à gérer également. Surtout en ce qui concerne l’indiscipline. Avant de prendre quelconque décision, il faudra discuter avec les partenaires. Dans tous les cas, les décisions doivent être dans l’intérêt des enfants.

Comme à chaque rentrée scolaire, les problèmes liés aux transferts et au manque d’enseignants font surface…
Le transfert est un exercice compliqué dans la mesure où, souvent, il y a des mécontentements. Mais nous devons le faire, et c’est difficile de plaire à tout le monde. Certains veulent des établissements réputés, d’autres être près de chez eux… Chacun a ses raisons. Pour ce qui est du manque d’enseignants, comme je l’ai dit, nous allons revoir les critères. Nous ferons aussi appel aux Supply Teachers. Si j’avais eu un an pour préparer l’année scolaire, j’aurais pu faire plus, mais j’ai fait le maximum dans le peu de temps que nous avions.

Allez-vous maintenir les cours en ligne en période de mauvais temps ?
J’ai eu une longue discussion avec mes officiers à ce sujet. En 2024, l’école est restée fermée pendant 13 jours pour mauvais temps. Admettons que nous aurons 15 jours d’interruption cette année. Si nous faisons les cours en ligne, cela voudra dire que ceux qui n’en ont pas les moyens ne pourront pas suivre. De plus, beaucoup d’élèves ne suivaient pas les cours non plus, même s’ils avaient les outils nécessaires.
J’ai proposé que les enseignants donnent un toolkit à leurs élèves avec des devoirs à faire les jours où il n’y aura pas d’école à cause du mauvais temps. Cela peut être une rédaction ou des exercices, dépendant des matières. Une fois que les élèves auront complété les devoirs de leur toolkit, les enseignants leur en donneront un autre. De plus, la collaboration des parents sera recherchée, pour que le reste du temps, les enfants contribuent aux tâches ménagères ou assument une responsabilité dans la maison. De retour à l’école, ils devront donner un rapport de ce qu’ils ont fait.

Beaucoup a été dit sur l’interdiction du téléphone portable à l’école. Allez-vous l’appliquer à la rentrée ?
Je ferai plutôt une requête. Je voudrais qu’il y ait de la bonne volonté. J’aimerais aussi que les recteurs prennent l’engagement. Moi, je l’avais fait quand j’étais recteur. Je veux rencontrer les parents et les élèves également à travers les PTAs et autres Student’s Councils. Je souhaite avoir leur soutien. Je n’aime pas imposer.
Cette démarche s’inscrit dans un contexte de discipline. Les enfants doivent comprendre qu’il y a un moment pour travailler et un moment pour utiliser son téléphone portable. Quand on est à l’école, on est là pour travailler. Il ne faut pas se laisser distraire. La situation s’est tellement aggravée de nos jours que même des enseignants utilisent leurs portables en classe. C’est pour cela que plusieurs pays ont élaboré des Policies à ce sujet. Bien sûr, le téléphone pourra être utilisé pour des besoins pédagogiques.
Beaucoup de dégâts ont été causés à cause du téléphone à l’école. Des vidéos ont été faites et ont fait du tort à certains. Il faut responsabiliser nos jeunes. Ils doivent comprendre qu’il ne faut pas utiliser son téléphone pour faire du tort aux autres. Il faut aussi prendre en considération que certains deviennent accros, ce qui a des répercussions sur la santé mentale et physique.
En parlant de discipline, nous allons aussi mettre l’accent sur la ponctualité. Ce n’est pas possible de voir des enfants à la gare quand les cours ont déjà commencé. La discipline s’applique aussi pour le personnel enseignant et non enseignant. Il y a eu des cas où des membres du personnel étaient sous l’effet de l’alcool. Il faut inculquer une culture de discipline, et il nous faut la collaboration de tout un chacun. L’école doit être un endroit où les enfants peuvent s’épanouir. C’est pour cela que nous allons aussi mettre l’accent sur le sport, les arts et la relance du sport intercollèges bientôt.

Agalega a été durement affecté par un cyclone récemment. Les conditions sont-elles réunies pour une reprise des classes dans l’archipel ?
Le Premier ministre a donné les instructions pour que les infrastructures liées à l’éducation soient réparées en premier. Nous faisons tout pour que les enfants puissent aussi reprendre l’école à Agalega dans la mesure du possible. Sauf inconvénients de dernière minute. Nous faisons le nécessaire également pour qu’ils aient le matériel adéquat.

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