Lutte intestine : l’ex-COO de MK, Laurent Recoura, jette l’éponge

« J’ai été confronté à des jeux qui me dépassent et j’ai fait le maximum pour sauver la compagnie, mais je me suis fait massacrer »

- Publicité -

Jeté en pâture sur la place publique, confronté à des accusations obscures, et finalement soumis à un comité disciplinaire, le professionnel de l’aviation Laurent Recoura, ex-Chief Commercial Officer (CCO) d’Air Mauritius, suspendu de ses fonctions, et qui était convoqué pour un comité disciplinaire vendredi, a finalement mis un terme à ses tracasseries avec la nouvelle direction de MK, menée par le Chief Executive Officer (CEO) Charles Cartier. Il a en effet décidé de jeter l’éponge et a soumis sa démission. Se disant victime de manipulations claniques et de Fake News, l’ex-CCO préfère partir plutôt que de continuer à lutter au sein d’une entité gangrenée par l’ingérence politique et les ego surdimensionnés.

Interrogé, Laurent Recoura, qui se trouve actuellement en Europe, parle d’« erreurs, d’agressivité et de malversations produites pour me nuire ». Il maintient qu’il n’a rien à voir avec les guéguerres intestines d’Air Mauritius. « Je suis un étranger et la politique mauricienne me dépasse. Je suis là pour bosser au profit de la compagnie. Et ce que j’ai fait, j’en suis très fier. La compagnie va bien mieux et, pour moi, c’est mission accomplie », dit-il.

Ce professionnel affirme qu’il s’est retrouvé piégé : « Nous avion commencé des négociations pour une séparation à l’amiable, et cela m’allait très bien. Puis le CEO a commencé ses attaques avec la Financial Crimes Commission. J’ai démissionné, car je respecte les institutions mauriciennes. J’étais soumis à un droit de réserve, mais l’équipe en place ne respecte pas les institutions, car ils ont balancé les accusations les plus fallacieuses, les plus injustes et fausses dans la presse. Des accusations ont fuité pour me nuire. Ce sont des méthodes indignes pour une compagnie aérienne. »
La direction lui aurait demandé de démissionner, ajoutant que dans le cas contraire, il serait soumis au conseil disciplinaire. « Mon seul malheur est que j’ai été recruté par la holding, un cabinet de chasseurs de têtes, puis interviewé par le board. Mais pour Charles Cartier, j’étais l’homme de Ken Arian, alors que je ne le connaissais même pas avant de venir. Je suis un professionnel et je n’appartiens pas au monde de la politique. Je ne veux pas alimenter les polémiques, mais j’ai été confronté à des jeux qui me dépassent », fait-il ressortir.

Dès le début de son installation au sein d’Air Mauritius, la direction lui aurait fait comprendre qu’elle ne pouvait pas lui faire confiance, sous prétexte qu’il serait proche de Ken Arian. « Ma loyauté était absolue envers le CEO, mais lui avait un agenda pour dégager tous ceux qui sont présentés comme des proches de Ken Arian. Il y a un mouvement de purge au sein de la compagnie. Deux autres cadres ont été suspendus et certains employés ont été mis au placard », ajoute-t-il.
Laurent Recoura a choisi de partir car, pour lui, le point de non-retour a été atteint et, « de toute façon, on voulait me coincer ».

Accusé notamment de trafic d’influence et qu’il aurait donné un billet d’avion à un journaliste suisse, Laurent Recoura maintient que ce journaliste a gagné ce billet d’avion lors d’une soirée promotionnelle dans le cadre d’initiatives commerciales organisées par la Mauritius Tourism Promotion Authority. Ce qui d’ailleurs est une pratique courante au sein de l’autorité de faire venir des journalistes à Maurice. « Mais ils ont twisté cette information pour faire croire que j’avais donné un billet gratuit pour soi-disant bénéficier de faveurs du journaliste. Toutes ces accusations portées contre moi sont fausses. C’est de la diffamation », dénonce-t-il.

Concernant l’annulation du vol direct sur Rome, la presse a rapporté qu’il n’y avait pas eu d’étude de marché. Là encore, l’ex-CCO maintient : « c’est une accusation grave. Comme si on allait lancer un vol sans étude préalable. Bien sûr qu’il y en a eu. L’étude est même passée au conseil d’administration. Quand j’ai vu tous ces mensonges, j’ai réalisé que je ne pouvais pas rester chez Air Mauritius. Il y a un système qui manipule toutes les informations. » Il dit son regret à l’effet que le projet de vol direct sur Rome ait été mis au frigo, car 2025 est une année sainte pour les catholiques, et cela aurait une occasion en or d’attirer beaucoup de passagers sur ce vol.

Malgré ses tribulations, Laurent Recoura demeure satisfait de son bilan de deux ans au sein de la compagnie nationale. « En deux ans, j’ai relancé les opérations. Nous avons un vol quotidien sur l’Angleterre, qui est un gros marché, et le bilan financier pour 2023/24 montre un chiffre d’affaires et des bénéfices records. J’ai fait le maximum pour sauver la compagnie, mais je me suis fait massacrer. Il y a quelque chose qui dépasse la logique. »

Ce professionnel de l’aérien ne compte pas en rester là et veut poursuivre Air Mauritius pour licenciement abusif (“constructive dismissal”) et diffamation. Il dit avoir un sentiment d’amertume par rapport à l’équipe de direction. Dans les jours à venir, il compte relancer sa carrière. « Je suis en Europe et je suis à la recherche d’un emploi, car j’ai une famille à nourrir. J’ai ma résidence à Maurice et je n’ai pas fui, comme on l’a fait croire à certains médias », a-t-il conclu.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -