Lutte contre le trafic humain : le DPP institue une Task Force à son bureau

Le Directeur des Poursuites Publiques (DPP), Me Rashid Ahmine, annonce qu’une Task Force a été constituée à son bureau pour travailler sur les dossiers de trafic humain. « Il y a une unité d’avocats au niveau du bureau du DPP qui traite ce genre de dossiers. Souvent, il n’y a pas beaucoup de communication entre la police et notre bureau quand une affaire a été détectée », déclare-t-il.

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« La poursuite doit être au courant de ce qui se passe, non pas pour enquêter, car ce n’est pas notre rôle, c’est beaucoup plus pour donner des Guidances, pour que la police aille dans la bonne direction afin que nous ayons tous les témoignages pour présenter le cas devant une cour de justice », ajoute-t-il.

Cette Task Force a été placée sous la supervision de Me Jagganaden Muneesamy, assistant DPP. D’ailleurs, le bureau du DPP a organisé une conférence sur le thème Combatting Human Trafficking- The Way Forward” à la Garden Tower hier. Pour l’occasion, Me Ahmine a déploré « une absence de coordination avec la police » et souhaite qu’il y ait davantage de collaboration. « Il n’y a pas suffisamment de conscientisation sur le trafic humain à Maurice et, bien souvent, les victimes ignorent à qui s’adresser », dit-il.

Concernant les cas d’exploitation qui touchent les migrants et travailleurs étrangers, le DPP estime que les témoins doivent passer plus de temps à Maurice pour qu’un cas puisse être porté devant la justice au lieu d’être expulsés rapidement dans leur pays natal après leur arrestation. « Il faut des amendements aux lois sur ce sujet », souhaite-t-il. Le DPP a avancé que la loi sur le trafic humain a été votée à Maurice en 2009, mais qu’il y a très peu de poursuites.

De son côté, l’inspecteur Nazurally de la Traffic in Person Unit a expliqué que cette unité compte quatre membres de personnel et qu’ils doivent traiter des dossiers liés aux migrants, à l’exploitation sexuelle des enfants et des étrangers, entre autres. « L’investigation dans ces affaires est assez complexe, car il faut gagner la confiance des victimes. Bien souvent, ils hésitent à aller de l’avant avec une plainte. Avec un nombre de personnel limité, c’est assez difficile de rassembler toutes les évidences », fait-il comprendre. Il a aussi évoqué un manque d’interprètes disponibles pour aider cette unité.

Me Dzedhaan Bhatoo, Principal State Counsel, a souligné que des cas de trafic humain sont traités par la police criminelle comme des délits de prostitution. « Des fois, c’est un peu tard pour réorienter un dossier qui arrive au bureau du DPP. C’est un manque de formation de la part des policiers. » Il a aussi parlé du Trafficking dans les lois et estime que ce terme « est assez vaste ». Il a aussi évoqué un manque d’harmonisation dans certaines lois. Il a aussi déploré « l’absence de coopération avec d’autres institutions pour une approche standardisée. »

Pour sa part, Radha Appasawmy, Deputy Director au ministère du Travail, affirme que les travailleurs étrangers sont exploités, car les Terms and Conditions évoqués pour un travail depuis leur pays natal ne sont pas respectés une fois à Maurice. « Il y a une perception que les migrants sont victimes de trafic humain, mais c’est plutôt la non-conformité (non compliance) contractuelle », confie-t-elle.

Si un travailleur étranger est victime de trafic humain, a avancé Radha Appasawmy, souvent il ne souhaite pas aller de l’avant avec une poursuite. « Ils nous demandent de payer leur billet pour rentrer chez eux et ils ne souhaitent pas déposer en Cour », concède-t-elle. Pour qu’il y ait plus de poursuites en justice, il recommande que des Shelters soient créés pour héberger ces migrants. « Pourquoi ne pas leur proposer un emploi alternatif pour qu’ils restent à Maurice et témoignent en Cour contre ceux qui les ont exploités ? » propose-t-elle.

Yatin Jokhun, de l’International Organization for Migration (IOM), maintient que la détection des victimes pose problème. « La plupart de temps, ce sont les victimes qui portent plainte. » Il a dit souhaiter que les autorités travaillent sur ce manquement et propose des inspections surprises. « L’IOM travaille en collaboration avec le gouvernement pour formuler des plans d’action et nous soutenons aussi les groupes vulnérables », fait-il comprendre.

Alors que Surat Surujdev du ministère du Travail a fait ressortir que le gouvernement a signé un Memorandum of Understanding avec l’Inde sous la National Skill Development Cooperation pour le recrutement des travailleurs de la Grande Péninsule.

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