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Lutte contre le chômage : la formation technique et professionnelle, outil précieux, mais encore… ?

Miser sur la formation technique et professionnelle pour combattre le chômage. Le ministre du Travail, Soodesh Callichurn, qui procédait à la remise de certificats à 1 400 jeunes du MITD la semaine dernière, y voit là un outil précieux pour amenuiser le nombre de jeunes sans emploi. Alors que le pays est confronté à un manque cruel de main-d’œuvre dans le secteur technique, comment rendre cette filière attrayante auprès des jeunes ?

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Le Chairman du MITD, Harrykrishna Vydelingum, confirme la grande demande venant de divers secteurs pour ce type de main-d’œuvre et souligne que grâce à ces cours, nombre de jeunes deviennent employables. « Il est important donc pour le gouvernement d’y investir massivement, car nous devons former nos citoyens pour travailler dans nos industries. Ce que nous souhaitons, c’est que tous les Mauriciens puissent trouver un travail décent et que tous puissent contribuer à l’économie au lieu d’importer de la main-d’œuvre », fait-il valoir. Si autrefois, ajoute-t-il, de telles formations étaient perçues comme « le dernier recours, aujourd’hui nous avons fait beaucoup pour redynamiser l’image de la formation technique ». Pour attirer les jeunes vers la filière technique, « il faut leur montrer ce qu’ils auront après leur qualification : un travail avec un salaire décent et s’ils travaillent plus dur, les perspectives de grimper dans la hiérarchie professionnelle ».

Alain Beche, proviseur depuis une trentaine d’années au collège Saint-Gabriel, estime que l’essentiel est de valoriser ces métiers pour encourager les jeunes à s’y lancer. « Mon expérience de 30 ans avec les jeunes de la filière technique me montre qu’une fois qu’ils sont motivés, ils font très bien. C’est facile de dire que les Mauriciens sont paresseux. Je ne contredis pas tous les cas, mais a-t-on valorisé ces métiers ? Donne-t-on aux jeunes les formations qu’ils aiment vraiment ? » Il faut arrêter, tonne-t-il, de dire qu’une filière est plus importante qu’une autre. « Si un jeune veut aller dans une direction dès son jeune âge, il faut l’y encourager. » Il exprime la fierté de son collège d’avoir pris des jeunes qui ne faisaient pas partie des élites, mais qui, pour bien d’entre eux, brillent aujourd’hui dans leur carrière.

Adilla Diouman-Mosafeer, fondatrice de Talent Lab, agence de ressources humaines et de recrutement, prône la mise sur pied d’un organisme en vue de travailler sur le développement des compétences, car « notre île est dépourvue de toute ressource ou richesse naturelle » et « notre richesse est notre peuple ». Tous les chantiers de construction et autres projets d’envergure dans le pays « attestent de notre besoin non seulement en gestionnaires ou administrateurs, mais aussi en expertise technique », dit-elle.

Elle souligne ainsi la nécessité d’investir davantage dans la valorisation de ces métiers, car « qui s’intéresse à se former dans un métier qui n’est pas valorisé ? » demande-t-elle. Elle recommande en outre que puissent être disponibles des indicateurs précis sur la disparité entre le marché du travail et les chercheurs d’emploi en vue d’une « stratégie solide et pérenne ».

Harrykrishna Vydelingum (MITD) : « Une grande demande pour ce type de main-d’œuvre »

Lors de la cérémonie de remise de certificats à 1 400 diplômés du MITD, le ministre du Travail, Soodesh Callichurn, a fait valoir que la Technical and Vocational Education and Training (TVET) offre de grandes perspectives de carrière et est largement reconnue comme un outil essentiel dans la lutte contre le chômage des jeunes. Comment cette formation est-elle à même de lutter contre le chômage des jeunes ?

Le MITD offre une panoplie de cours, environ 94 dans diverses filières à plein temps et 135 autres à temps partiel côté technique et vocationnel. Avec les changements au niveau des demandes des employés aujourd’hui mais aussi avec l’évolution mondiale, il y a une bonne partie d’élèves qui ne poursuivent pas leur parcours académique et qui optent pour le vocationnel. Dans ce contexte, le MITD est là pour mieux encadrer ces jeunes en leur offrant diverses alternatives.

La semaine dernière, il y a eu la cérémonie de remise de certificats. Et 1 400 jeunes du MITD ont reçu leur diplôme dans diverses formations, dont l’IT, le tourisme, la mécanique automobile. Ces élèves, qui n’ont pas nécessairement suivi le parcours académique normal, ont été récupérés par le MITD pour une formation et aujourd’hui, ils sont employables. Il y a une grande demande venant de divers secteurs pour ce type de main-d’œuvre pour que toute l’organisation puisse fonctionner.

 

Ces 1 400 jeunes décrocheront-ils tous facilement de jobs ?

Chaque année, trois à quatre mois après la remise des diplômes, le MITD fait une étude pour voir ce que sont devenus les jeunes diplômés, s’ils se sont adaptés à leur travail. L’avantage au MITD, c’est qu’il y a la partie académique mais les jeunes passent trois jours de pratique dans une entreprise. Ils ont donc un plus par rapport à ceux qui, même ayant décroché un Master’s Degree, font face à un choc culturel en entrant dans le monde du travail. Nos analyses montrent ainsi qu’environ 75% des diplômés travaillent déjà ; 22% choisissent de continuer leur parcours (NC4, NC5, Diploma, Degree). Enfin, le petit pourcentage restant se reconvertit et certains même décident d’aller travailler à l’étranger.

 

Pourquoi est-il important pour un pays d’investir dans la formation technique et professionnelle ?

Nous ne pouvons pas avoir que des médecins, avocats ou comptables. Il faut avoir toute la main-d’œuvre au complet. Toute entreprise a besoin d’une expertise technique. Le MITD, à travers l’École Sir Gaëtan Duval, met l’accent sur la formation en vue de soutenir l’industrie touristique. Il est important donc pour le gouvernement d’investir massivement car nous devons former nos citoyens pour travailler dans nos industries. Ce que nous souhaitons, c’est que tous les Mauriciens puissent trouver un travail décent et que tous puissent contribuer à l’économie au lieu d’importer de la main-d’œuvre.

 

Ce type de formations intéresse-t-il les jeunes aujourd’hui ? Comment mieux mettre en valeur ces formations ?

Aujourd’hui, avec le Nine-Year Schooling et toutes les nouveautés apportées dans l’éducation, le côté technique est un parcours normal. Autrefois, c’était perçu comme le dernier recours. Aujourd’hui, nous avons fait beaucoup pour redynamiser l’image de la formation technique et rendre les jeunes fiers en venant au MITD. Cela nécessite beaucoup de financement. Il faut créer un environnement attrayant.

Le jeune doit pouvoir être motivé en se levant le matin : un centre avec de bonnes infrastructures, des uniformes avec le logo du MITD, une manière innovante d’enseigner. Enfin, il faut leur montrer ce qu’ils auront après leur qualification : un travail avec un salaire décent et s’ils travaillent plus dur, les perspectives de monter dans la hiérarchie professionnelle. Ils sont à même ainsi de comprendre qu’il y a un avenir pour eux.

 

Le MITD travaille sur l’élaboration de nouveaux cours sur les métiers du futur, comme la robotique et l’intelligence artificielle…

Le MITD travaille étroitement avec les industries qui nous guident sur les formations nécessaires. Par exemple, aujourd’hui, avec l’émergence des voitures électriques, il y a une demande en maintenance qui émerge aussi. Idem pour les panneaux solaires. Il y a une demande pour aller plus vers l’énergie solaire et la demande pour la maintenance s’accroîtra. Nous devons donc travailler étroitement avec les industries pour mieux préparer les jeunes face aux nouveaux besoins.

Nous avons donc constaté un besoin émergent dans le secteur de la robotique, des Data et de l’IA, etc. Ces cours seront donc disponibles incessamment, peut-être à la prochaine rentrée en septembre. Ils le seront à des jeunes n’ayant pas nécessairement trois Credits. Il y a des étapes qui y mèneront (NC4, NC5). Il y aura différents critères possibles pour suivre ces cours.

 

Quels sont les cours du MITD qui ont la cote aujourd’hui à Maurice ?

La demande au niveau de l’hôtellerie reste la même. Il y a aussi les cours en Automotive Mechanics, Electrical Installations et IT qui attirent beaucoup de jeunes.

Aujourd’hui, il y a l’ITEC, cette nouvelle institution créée par le ministère qui va prendre une partie des infrastructures du MITD pour faire la formation vocationnelle et technique aussi, mais elle sera beaucoup plus un Feeder naturel pour les élèves qui n’ont pas réussi en Grade 9. Le MITD continuera de faire ce qu’il fait. L’ITEC sera davantage focalisé sur le côté professionnel. Les employés du MITD ont cette crainte de devoir bouger à l’ITEC.

Au niveau du MITD, nous garantissons que tous les employés resteront au MITD s’ils ne veulent pas partir à l’ITEC, qui fait des appels à candidatures. Le Board du MITD a fait une demande budgétaire pour des fonds pour de nouveaux centres MITD à travers l’île.

 

Pour conclure…

Je demande aux jeunes de faire confiance au MITD. Nous avons vraiment des Success Stories. Quand j’écoute les jeunes qui ont quitté le parcours scolaire tôt et qui se disaient qu’ils n’avaient pas d’avenir et quand je regarde ces professionnels qui sont des chefs de cuisine, des directeurs électroniques, etc., cela nous fait réaliser qu’il y a toujours une solution. Il faut faire confiance en soi et faire preuve de discipline pour réussir.

Alain Beche (Collège Saint-Gabriel) : «  La valorisation des personnes et des métiers est très importante »

Lors de la cérémonie de remise de certificats à 1 400 diplômés du MITD, le ministre du Travail, Soodesh Callichurn a fait valoir que la Technical and Vocational Education and Training offre de grandes perspectives de carrière et est largement reconnue comme un outil essentiel dans la lutte contre le chômage des jeunes. Qu’en pensez-vous ?

Bien sûr. Toutefois, tant que nous ne valorisons pas ces métiers, les jeunes ne seront pas encouragés à s’y lancer. Nous avons toujours tendance à dire : « Si tu n’as pas réussi à tes études, à ce moment tu te lances dans la formation technique. » Quand nous écoutons la réforme, nous entendons : « Si tu n’as pas eu cinq Credits, tu vas dans une école polytechnique. » Nous n’apprenons pas au jeune d’aller vers une filière qui le motive. Même les parents pensent que c’est à travers la filière académique que leurs enfants vont mieux réussir.

La filière polytechnique  est perçue comme un second choix. Mon expérience de 30 ans avec les jeunes de la filière technique me montre qu’une fois qu’ils sont motivés, ils font très bien. Dans l’enseignement technique, il n’y a pas que l’apprentissage d’un métier, il y a aussi les maths, l’anglais, le français, la technologie, etc. Il y a toute une formation et c’est la personne du jeune même qui est développée.

 

Pourquoi est-il important d’investir dans la formation technique et professionnelle ?

Qui fait tourner l’économie du pays ? Nous avons besoin de comptables, médecins, etc., mais nous avons aussi besoin d’ouvriers qualifiés. Combien de techniciens ne devons-nous pas importer ? Nous dépensons plus que ce que nous aurions payé aux Mauriciens car il y a le logement, le passage, etc. Les entreprises s’en plaignent.

C’est facile de dire que les Mauriciens sont paresseux. Je ne contredis pas tous les cas mais avons-nous valorisé ces métiers ? Donnons-nous aux jeunes les formations qu’ils aiment vraiment ? Par exemple, un jeune veut devenir ingénieur mécanique et nous lui disons qu’il doit jusqu’en SC choisir des matières comme la littérature anglaise. S’il n’est pas motivé en classe, il n’aura pas le nombre de Credits nécessaires. Ou alors un jeune qui veut être écrivain et nous lui disons : « Tu n’as pas eu de Credit en maths… »

Pour moi, il n’y a pas d’enfant bête. Tout simplement, ils n’ont pas eu l’occasion de choisir des matières qu’ils aiment. Combien d’années ces jeunes perdent-ils à étudier des matières qu’ils n’aiment pas… Il faut arrêter de dire que telle filière est plus importante qu’une autre. Si un jeune veut aller dans une direction dès son jeune âge, il faut l’y encourager.

Les industries peinent-elles à recruter de la main-d’œuvre technique ?

Effectivement, la dernière fois, par exemple, j’ai reçu une demande pour 1 400 maintenanciers. Ni nous, ni le MITD ne pouvons fournir la quantité. Donc, le groupe doit avoir recours à la main-d’œuvre étrangère. La plupart des entreprises cherchent des soudeurs et n’en trouvent pas. Aujourd’hui, un jeune ne s’y intéresse pas. Il se dit qu’il doit travailler sous le soleil pour gagner peu. C’est pourquoi il faut valoriser ces métiers. Au lieu d’exiger cinq Credits dans les mêmes matières pour tous, il faut plutôt exiger des Credits dans les matières que le jeune va utiliser pour sa formation professionnelle.

 

Quels sont les cours techniques qui ont la cote aujourd’hui ?

Actuellement, à Maurice, toutes les formations ont la cote. La maintenance est recherchée partout. Même avec la robotisation, il faut toujours des personnes pour assurer la maintenance. La mécanique auto est très demandée. Tous les concessionnaires en cherchent. J’ai actuellement une demande pour des carrossiers peintres. Nous n’en trouvons pas de bons. Nous avons en projet de transformer notre collège en un lycée professionnel et nous formerons des carrossiers peintres car il y a une grande demande.

 

Votre transformation en lycée professionnel apportera quoi de plus ?

Les jeunes se sentiront davantage valorisés. L’idée est de créer une passerelle vers l’université. Aujourd’hui, l’université des Mascareignes dispense des formations techniques. Nous voulons montrer aux jeunes que s’ils s’appliquent, ils peuvent même envisager l’université pour une formation technique. Beaucoup pensent que l’université, c’est juste académique, non. En Europe, et ailleurs, il y a des universités techniques partout. Ici, cela a commencé par l’université des Mascareignes.

Quand nous parlons de formation vocationnelle, nous pouvons intégrer d’autres formations comme la musique. Peut-être y a-t-il des jeunes qui sont motivés mais qui n’ont pas l’opportunité d’avoir une formation comme à la Royal School of Music. Pour moi, la valorisation des personnes et des métiers est très importante. Quand nius sommes motivés, c’est déjà gagné d’avance !

 

Pouvez-vous nous citer quelques exemples de Success Stories dans la filière technique ?

Nous en avons plein ! Nous avons par exemple Thierry Goder, CEO d’Alentaris, un de nos anciens élèves ! Il y a aussi Terry Lo, pilote à Air Mauritius, alors qu’il avait vécu un échec scolaire. Il a commencé dans la mécanique auto, ensuite a pris goût et a poursuivi son bout de chemin. Ces jeunes ont beaucoup de potentiel. Cédric Coutet est aujourd’hui Product Support Manager chez Leal alors qu’il n’avait pas réussi son cycle primaire. Dès que nous les plaçons dans leur filière de prédilection, ils excellent. Il faut juste trouver où ils sont motivés.

Prenons les filles. Parfois, elles font même mieux que les garçons. Il y a l’exemple de Karine Hector, une de nos anciennes élèves en mécanique automobile, qui dirige aujourd’hui toute une équipe chez Scomat. Peut-être qu’au niveau académique, ces jeunes n’étaient pas brillants mais côté technique, ils se sont illustrés et gagnent très bien leur vie aujourd’hui.

L’autre jour, un de nos anciens élèves en électronique, qui habitait Sainte-Croix, est venu me voir. Aujourd’hui, il est assistant surintendant de prison à Perth. Il nous raconte comment c’est grâce à Saint-Gabriel qu’il a repris goût aux études… Nous en sommes très fiers car nous n’avons pas pris de membre de l’élite. Ils étaient au bas. Nous leur avons redonné la base pour les aider à remonter.

Adilla Diouman-Mosafeer (Talent Lab) : « S’assurer que les formations en TVET sont d’actualité »

Lors de la cérémonie de remise de certificats à 1 400 diplômés du MITD, le ministre du Travail, Soodesh Callichurn a fait valoir que la Technical and Vocational Education and Training offre de grandes perspectives de carrière et est largement reconnue comme un outil essentiel dans la lutte contre le chômage des jeunes. Partagez-vous cet avis ?

Tout à fait. La TVET tient sa place dans un environnement où le développement des compétences, dans son ensemble, est primordial. L’île est dépourvue de toute ressource ou richesse naturelle. Notre richesse est notre peuple. Donc, un organisme pour assurer le développement des compétences est non seulement nécessaire mais crucial. Certainement, avec un outil pareil, nous pouvons lutter contre le chômage et valoriser les talents de nos concitoyens. Cependant, la clé réside dans un dialogue effectif et des recherches entre les acteurs économiques, l’État, et les institutions de formation.

Nous avons le devoir de nous assurer que les formations dispensées par la TVET sont d’actualité et respectent les exigences du monde professionnel et cela, dans le but de créer une main-d’œuvre qui réponde aux besoins du pays mais qui, dans l’intérêt individuel aussi, soit rentable. Il faut aussi traiter l’employabilité dans le cursus de la TVET, sans se limiter à la formation technique ou vocationnelle.

Il faut noter qu’en 2020, 76% des élèves enregistrés auprès des institutions financées par les fonds publics étaient des garçons. N’est-il pas temps d’inclure davantage d’éléments de sexe féminin ? Ne devons-nous pas attirer les femmes et les jeunes filles vers des études supérieures à travers la TVET ? Il nous faudra certainement étudier ces questions en profondeur.

Pourquoi est-il important pour Maurice d’investir dans la formation technique et professionnelle ?

La formation technique et professionnelle assure non seulement une mise en valeur des talents, mais elle est également nécessaire pour assurer le bon développement du pays. Nous voyons autour de nous des chantiers de construction massive et ces projets ont besoin non seulement de gestionnaires ou administrateurs, mais aussi d’expertise technique et professionnelle. Nous vivons sur une île avec une nécessité d’assurer le bon fonctionnement de nos portes d’accès qui sont le port et l’aéroport et là, les besoins en termes de techniciens ou encore des professionnels sur le terrain ne se font pas dire. Il y a tant de raisons d’investir dans ces secteurs, notamment dans la formation.

La reconnaissance de nos diplômes sur le plan international est nécessaire vu la disparition des barrières géographiques entre les pays. Nos jeunes doivent pouvoir rentabiliser leurs études au-delà du territoire mauricien. Sans reconnaissance internationale, les diplômes de TVET n’intéresseront pas beaucoup car ils ne seront pas aptes à satisfaire les ambitions d’une meilleure qualité de la vie à laquelle aspirent beaucoup de jeunes. Nous devons consentir des efforts et investissements importants, passant par une valorisation des métiers. Ces efforts et investissements doivent venir de tous bords. Qui s’intéresse à se former dans un métier qui n’est pas valorisé ?

Ce type de formations intéresse-t-il les jeunes aujourd’hui ? Quels sont les cours techniques qui ont la cote ?

Voyez-vous, la coiffure, par exemple, intéresse pas mal de personnes. Je pense que d’un ordre général, tous les métiers intéressent les jeunes du moment que ces métiers sont valorisés ou connaissent une demande importante. Nous voyons pas mal de jeunes intéressés aussi par la mécanique, et dans un moindre aspect l’électronique, l’électrique et la plomberie. Mais l’intérêt, même faible, est toujours présent, surtout auprès de ceux qui ne s’intéressent pas au cursus académique. Encore une fois, valoriser les métiers à plusieurs niveaux est important dans les écoles, il faut montrer l’offre et les conditions de travail, etc.

 

1 400 jeunes viennent de décrocher leur diplôme. Pensez-vous qu’ils décrocheront tous facilement un job ?

Il ne faut pas se faire d’illusion. Bien souvent en faculté, ces jeunes sont leurrés par des conseils venant de l’environnement académique qui est, dans bien des cas, déphasé par rapport au monde professionnel en constante mutation. Avoir un diplôme ne garantit rien sauf peut-être que c’est une attestation de formation. C’est tout une autre paire de manches sur le marché du travail. La clé, c’est d’éliminer toute prétention inutile en considérant les offres disponibles. Attendre qu’on décroche le job idéal tout de suite serait utopique. Il faut d’abord franchir le seuil et ensuite faire ses preuves, évoluer et se développer. Avec cet état d’esprit, un job serait plus facilement disponible.

 

Ces cours permettent-ils de réduire le décalage entre la demande sur le marché du travail et les compétences des diplômés, n’est-ce pas ?

Réduire le décalage est un grand mot. Pour arriver à cette fin, il ne suffirait pas uniquement de proposer des cours, mais il faut encore instaurer une politique ou une stratégie nationale à grande échelle. Certainement, c’est un pas dans la bonne direction mais ce n’est pas suffisant.

Que préconisez-vous comme outil efficace contre le chômage ?

Déjà, comme je l’ai dit, il faut une politique nationale à grande échelle. De là, ouvrir cette politique vers les sous-stratégies dont les incitations liées au développement des entreprises, par exemple. Le chômage, bien qu’il soit un aspect en lui-même et fortement relié aux activités économiques, ne peut être combattu sans une stratégie saine encourageant ces activités. La création de la zone franche dans les années 80 est un exemple criant. Le tourisme, c’est évident aussi.

Il faut aussi réaliser que le vrai défi est la disparité entre le marché du travail et les chercheurs d’emploi. Je recommande fortement la mise sur pied d’indicateurs précis qui pourraient entraîner la mise sur pied d’une stratégie solide et pérenne. Sans comprendre, avec des données précises, nous ne pouvons prétendre formuler des solutions ou même comprendre la présente situation.

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