Le projet de l’extension du projet Metro Express vers le Nord, l’Est et La Vigie, depuis la station centrale de Curepipe, prend du plomb dans l’aile. Dans une déclaration à Week-End, jeudi, le ministre des Transports terrestres, Osman Mahomed soutient que ledit projet ne sera « pas d’actualité en 2025 ». Chiffres à l’appui, il met en avant « la situation financière catastrophique » dans laquelle se trouve la Metro Express Ltd (MEL), pour expliquer ce statuquo.
À l’occasion de la Journée internationale des personnes âgées, le 29 septembre dernier, au SVI Conference Centre, l’ex-PM Pravind Jugnauth avait annoncé en grande pompe que la ligne de chemin de fer sera « prochainement étendu » au-delà de Réduit jusqu’à l’Est du pays, le Nord, au Sud et à l’Ouest. Trois mois après, les choses semblent prendre une autre tournure, la situation économique de la firme ferroviaire apparaissant à certains comme un frein au projet. « Les chiffres ne mentent pas. MEL souffre d’un déficit annuel de Rs 300 millions, en sus des dettes s’élevant à Rs 17 milliards. On pourrait ajouter la perte annuelle de Rs 65 millions en raison des voyageurs fraudeurs. Le dernier compte audité de Metro Express a été fait par Moore Stephens en 2021. En 2022, 2023 et 2024, il n’y a pas eu de compte audité. 2025 sera l’année de remise à plat et il est impensable qu’on injecte des milliards de roupies additionnelles, de l’argent du contribuable, dans l’extension d’un projet qui n’a jamais vraiment décollé, d’autant que la capacité d’autofinancement de MEL laisse à désirer. Le paiement des salaires, des bonus des 13e et 14e mois des employés sera honoré, mais on est devant un casse-tête qu’on tentera par tous les moyens de relever », souligne Osman Mahomed.
S’exprimant sur l’extension de la ligne de chemin de fer vers Ébène et Réduit dans un premier temps, et Côte-d’Or par la suite, Osman Mahomed est convaincu qu’il s’agit d’ « un suicide financier orchestré à des fins électoralistes par des gens irresponsables. « Rs 13,5 milliards pour 10,5 km de voie ferrée entre Réduit et Côte-d’Or. Soit Rs 1.1milliard par km. Zot inn tom lor zot la-tet ! Les conséquences financières de cette folie sur notre endettement sont colossales ». Il ajoute que « rien n’a été entrepris pour encourager les voyageurs à garder leur voiture au garage et utiliser le métro. Plus on construit d’autoroutes, plus on encourage la voiture ! Et l’on décourage le mass transit comme le métro. Un tel manque de planification est ahurissant ! »
Si le projet d’extension du métro sera reporté aux calendes grecques, le gouvernement devra prochainement envisager les contours d’un autre chantier : la rénovation (overhauling) des rames avec comme toile de fond le renouvellement des éléments usagés ou défaillants. Une opération de grand carénage qui engendrera un coût énorme. « On m’a confié ce portefeuille ministériel à une période où le métro se retrouve à la croisée des chemins. C’est un défi que je suis prêt à relever et qui passe par un travail sérieux, dont celui consistant à redonner une seconde jeunesse aux rames qui arrivent en fin de cycle. Le gouvernement et mon ministère sont conscients du coût astronomique de l’ overhauling des trains, mais on reste droit dans nos bottes. On est déterminé à renverser la vapeur », soutient Osman Mahomed.