Le cardinal Maurice Piat, évêque de Port-Louis, a, pour sa traditionnelle lettre pastorale écrite dans le cadre du carême chrétien 2022, axé sa réflexion cette année sur « Bâtir des ponts pour un meilleur vivre ensemble ».
Face à la presse ce vendredi, le cardinal Piat a indiqué avoir remarqué que le « dialogue social est tendu en ce moment ».
« Cela ressemble à une guerre de chefs de clans entre le gouvernement et l’opposition. Chacun veut marquer des points. On cherche à se justifier, on se sent toujours attaqué, et cela paralyse la pensée et l’action », a fait ressortir le cardinal.
Pour lui, il est temps de s’élever au-dessus de nos interêts particuliers, politiques ou économiques. Et de donner la priorité au bien commun du peuple.
« C’est la boussole qui doit nous guider. Sans elle, beaucoup de questions resteront sans réponses, notamment sur le découpage électoral, qui traine depuis longtemps, le système First Past The Post, ainsi que la question du financement politique. Il y a ainsi une faute de soucis pour un bien commun », a déploré le cardinal.
Ce dernier a également fait ressortir qu’il était l’heure « de s’ouvrir à la rencontre, à l’échange, au dialogue, et de résister à la tentation de se replier derrière des murailles, mais de mobiliser notre énergie pour reconstruire notre économie et notre vivre ensemble démocratique ».
Pour le cardinal Piat, le peuple est plus grand qu’une nation ou un pays. Il a souligné que le peuple peut avoir des « différence et des désaccords » mais peut aussi marcher ensemble quand il prend conscience qu’il a un destin commun.
« Le peuple a une âme et une conscience et, pour être fort, il doit reposer sur une base solide de valeurs, comme le respect de la démocratie, le respect humain, la justice sociale la solidarité et l’indépendance des institutions, entre autres », a expliqué le cardinal Piat, ajoutant que « l’église est au service du peuple et non pas au-dessus ».
Par ailleurs, le cardinal a soutenu que l’église à travers le monde est passé par « une crise très grave ». Soit celle des abus sexuels commis par des prêtres et des religieux sur des enfants, ainsi que le scandale du manque d’écoute des autorités de l’église envers les victimes.
« Cette crise a beaucoup secoué l’église. Le pape François nous a interpellés vivement. Il nous a invités à nous remettre en question et à chercher les causes profondes de ce dysfonctionnement. Il nous a dirigé vers un grand processus de dialogue avec toutes les composantes de l’église appelée Synode », a indiqué le cardinal.