Est-ce que le Nine-Year Schooling (NYS) a atteint ses objectifs énoncés ou pour être lapidaire, est-ce tout simplement un échec ? Après deux années marquées par un taux d’échec avoisinant les 30% au niveau du National Certificate of Education (NCE), le réveil semble être brutal. D’où l’impérieuse nécessité d’introduire plusieurs mesures palliatives, un bric-à-brac dans une tentative de sauver les meubles.
À commencer par l’Extended Programme où le taux de réussite laisse pantois. Imaginez que sur 2 149 élèves, seuls 192 qui réussissent. En termes de pourcentage, cela fait 8,9% cette année par rapport à 3,6% l’année dernière. Et cela représente une augmentation de plus de 100%…. De quoi faire pavoiser la directrice du MES ? Échec !
Et pour le NCE : tenez-vous bien – le taux de réussite passe de 65,5% l’année dernière à 74,6% pour cette année. Belle amélioration qui fait bondir certaines personnes, y compris la directrice du MES. Et là encore, il faut aussi tenir compte qu’il reste près de 25% d’échecs. En réalité, sur les 14 527 candidats seuls 10 832 ont réussi. Et de ce dernier groupe seuls 725 (463 filles et 262 garçons) ont obtenu huit unités, ce qui leur permettra d’accéder les académies. Les chiffres sont implacables.
Ce taux de réussite… (élevé pour certains !) suscite de nombreuses interrogations. Est-ce qu’il n’y a pas une tentative de nivellement par le bas, c’est-à-dire des épreuves d’un niveau inférieur, voire médiocre, pour permettre aux élèves de réussir ou bien est-ce l’effort de ces derniers ? Quoi qu’il en soit, durant cette dernière décennie, on a noté l’instauration d’une politique de nivellement par le bas pour permettre à certaines catégories de personnes d’avoir l’accès universitaire. Quel avenir pour le pays, qui, dans un passé pas trop lointain, se voulait être un knowledge hub, mais où des circonstances politiques favorisent la médiocrité à s’installer à la tête ?
Mais revenons à la réalité brutale : mis à part les 725 élèves qui accèdent aux académies, que va devenir le reste, soit les 2 970 recalés de cette année, et les 10 107 qui ont quand même réussi aux examens du NCE ?
C’est la politique Piece Meal, voire bouche-trou du ministère de l’Éducation qui prédomine en ce moment : deux dernières trouvailles – le projet Technology Education Pathway et le tout dernier né, Bright Up Programme.
Les 10 107 Successful Candidates qui n’auront pas accès aux académies se retrouveront malgré eux dans le cadre du projet TEP dont le programme d’études comprend cinq Core Subjects et trois matières optionnelles. Au bout de deux années; ils auront en cas de réussite un certificat portant le sceau de l’université de Maurice et du National Education Board. Est-ce que ce certificat aura la même validité qu’un Cambridge SC et permettra au détenteur de poursuivre ses universitaires à l’étranger ? Ou encore, sera-t-il habilité à prendre part aux examens du HSC tout comme ceux des académies ? Autant d’interrogations qui restent en suspens !
En fin de compte les plus malheureux seront ces 2 149 Drop Outs de l’Extended Programme dont 192 qui ont « réussi » auront une attestation (Statement of Attainment) et qui n’est même pas un certificat. Les 957 restants seront engouffrés dans un programme brillant (?) baptisé Bright Up Program basé sur le concept de Shantiniketan de feu Rabindranath Tagore afin de leur éviter de redoubler pendant encore une année. En fin de compte, quel avenir pour ces derniers à la fin de leur stage ?
Et le rôle du MITD dans tous ces scénarii ?
Quand l’IVTB avait été créé dans les années 70, l’objectif était d’encadrer les recalés du primaire ou du secondaire et de leur offrir une formation en fonction de leurs aptitudes. Depuis, bien de choses ont évolué et le MITD lui a succédé avec un rôle plus élargi mais pour toujours prendre en charge la formation des non-académiques afin qu’ils puissent mettre en valeur leurs talents et capacités. Pourquoi ne pas mettre en valeur le MITD au lieu de créer des programmes qui ne serviront que de miroir aux alouettes pour appâter ces jeunes recalés ?
Il est grand temps de revoir tout le fonctionnement de notre système d’éducation par rapport à nos besoins futurs en main-d’œuvre. Ce système devra être axé sur un projet de société et s’appuyer surtout sur un MANPOWER PLANNING qui tienne compte de la vision politique du pays et nos capacités en ressources humaines dans le cadre d’une politique inclusive.
Suttyhudeo Tengur