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Le vieillissement en santé : ce besoin de rupture avec l’isolement…

L’Ong Groupement FIAPA (Fédération internationale des associations de personnes âgées) a organisé les 18 et 19 avril des activités et des causeries sur plusieurs thèmes, dont le vieillissement en bonne santé. Les principales intervenantes, les Drs Pascale Dinan et Sylvie Bonin-Guillaume, ont fait le point sur les besoins de la population vieillissante à Maurice.

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Le premier volet d’un séminaire portant sur le thème Le vieillissement en santé, présenté le 18 avril au Domaine de Grand-Baie, a été très bien accueilli par les membres de la FIAPA. Dr Pascale Dinan, médecin membre de l’European Academy for Medecine of Ageing et membre de la société française de gériatrie et de gérontologie, a fait une rétrospective de toutes les actions menées par l’Ong Groupement FIAPA, de 2010 à 2024. Le fait, a-t-elle dit, de recevoir à nouveau Sylvie Bonin-Guillaume, professeur de gériatrie au CHU de Marseille et vice-présidente de la société française de gériatrie et de gérontologie permet de maintenir des discussions avec le grand public, mais aussi avec leurs partenaires en soins, infirmiers, médecins, paramédicaux. D’où la tenue du séminaire sur la gériatrie pour le corps soignant médical à la nouvelle clinique Ferrière qui s’est tenu le vendredi 19 avril axé sur “L’importance de l’exercice physique en gériatrie” animée par Dr Pascale Dinan.
Un autre exposé a porté sur la prise en charge de la douleur en gériatrie, animé par le Dr Vicky Naga, chef de service à l’unité de soins Mère Marie Augustine. Le séminaire a pris fin sur une intervention du Pr Sylvie Bonin-Guillaume, sur les conséquences médicales de la solitude et de l’isolement chez les personnes âgées.
Dr Pascale Dinan a indiqué que l’objectif est de répondre à un besoin médical de la population vieillissante de Maurice. « Sur les chiffres montrés par le Pr Sylvie Bonin-Guillaume, nous sommes à Maurice une Aeging Society avec un taux de natalité qui baisse et une espérance de vie qui augmente. Ce que l’on veut, c’est une espérance de vie en bonne santé tout en rajoutant une qualité de vie aux années à venir. »

« Valoriser le talent des personnes âgées »

Dr Pascale Dinan a aussi parlé d’un besoin de formation médicale, mais surtout d’une rupture contre l’isolement. D’où le rôle de l’Ong FIAPA qui, depuis 2006, a mis en place trois fois par semaine des activités pour entretenir le bien-être, le physique, le mental des personnes âgées. Pour elle, il est conseillé qu’une personne âgée sorte de chez elle, fasse des rencontres, « ce qui a pour effet d’augmenter cette estime de soi ». Et s’ajouter : « Si cette dernière a encore de la force motrice, elle peut aussi faire du tai-chi, pratiquer le chant, la danse. »

Pour valoriser le talent des personnes âgées, la FIAPA met aussi en exposition leurs travaux, notamment du macramé, de la peinture sur verre, de la couture, du crochet, etc. « Il y a aussi la dimension holistique de la personne âgée et aussi le droit et la bientraitance qui prévaut », a souligné Dr Dinan.

Ouvrant une parenthèse, elle indique que la FIAPA a organisé deux colloques internationaux, en 2014 et 2022, sur les droits et la bientraitance avec les pays de la région de l’océan Indien (Madagascar, Seychelles, Rodrigues, Mayotte, France et Réunion). Et en 2024, l’Ong s’est engagée dans un partenariat avec la Commonwealth Association avec des experts d’autres pays (Angleterre, Australie, Canada, Dubaï, Tanzanie et Inde) tout en organisant des ateliers de travail pour cibler les domaines d’interventions auprès des personnes âgées.

« La santé, c’est un point. Il y a aussi la technologie, tout ce qui est intelligence artificielle. Il y avait la question des droits et de la bientraitance. On a réuni des gens du domaine légal. On a aussi eu la question de “healthy ageing” en cette décennie. On a évoqué la maladie d’Alzheimer et des démences apparentées qui touchent les seniors. On répond à un besoin certes, mais on est aussi une Ong. Et, en tant qu’Ong, notre rôle est aussi de mettre en lumière nos actions auprès des pouvoirs publics. Car c’est au niveau des décisionnaires que les actions sont prises », a fait ressortir l’intervenante.

Cette année, la FIAPA a choisi de mettre en avant un parrain d’honneur en la personne du vice-président de la république, Eddy Boissezon. Selon Dr Pascale Dinan, le travail de la FIAPA est reconnu et souvent l’Ong est sollicité pour les cas de maltraitance. « Ce n’est pas notre rôle de mener des enquêtes avec les officiers, on n’a pas les moyens. Mais on met le doigt sur des sujets importants de gériatrie qui ont été traités vis-à-vis du grand public et aussi par rapport aux professionnels de santé dans le cadre de la formation médicale en continu. On a aussi eu le syndrome de gériatrie de chute, de fragilité, du comportement, la prise en charge de la douleur. Tout cela fait suite à nos ateliers de travail et de nos chartes de recommandation qui sont disponibles sur Internet et qui ont été soumis au ministère. »

Elle a expliqué pourquoi elle a choisi de se pencher sur le vieillissement en santé avec le Pr Sylvie Bonin-Guillaume. « Elle a fait une étude sur l’isolement et la solitude des personnes âgées. Déjà il faut définir quel est l’âge de la vieillesse. On est tous en train d’avancer en âge et de vieillir, mais quand on commence à percevoir une pension de retraite à 60 ans, on pense que le couperet tombe à cet âge. Plein de choses se passent dans la tête, pas mal d’entreprises mauriciennes préparent les gens à 60 ans à la retraite. Il y a aussi l’aspect de soi, la relation à l’autre, le rôle dans la famille, le rôle au sein de la société. Tout cela est appelé à changer et c’est un bouleversement dans la vie de certaines personnes. Il y a des deuils, le syndrome du nid vide quand l’enfant quitte le foyer pour faire sa propre vie. Il faut, dès lors, envisager un projet de vie et avoir une force motrice qui tire la personne âgée de l’avant et qui lui donne cette envie d’accomplir des choses.

Dr Pascale Dinan a aussi abordé la question de la mobilité après 80 ans. « Pour moi, il ne faut pas brider une personne âgée, il faut la soutenir dans ses projets de vie. Chaque personne âgée doit se prendre en main, mais elle ne pourra pas tout faire seule. Il faut approcher une Ong, un club senior et décider d’un projet de vie au bénéfice de sa personne et de la société. Il y a un retour par rapport à soi, car l’estime de soi est appelée à grandir. »
Parlant de l’image que le miroir nous renvoie à un certain âge, Dr Pascale Dinan a conclu en disant que c’est dans la socialisation et le lien avec les autres qu’on se rend compte qu’on n’a pas besoin d’être au maximum de sa beauté physique pour être en capacité d’être en relation avec les autres et de donner aux autres. « Cette image de soi ne peut être alors que magnifique. »

« Se donner toujours rendez-vous »

Pour sa part, Sylvie Bonin-Guillaume, professeur de gériatrie au CHU de Marseille et vice-présidente de la société française de gériatrie et de gérontologie, trouve que derrière chaque personne âgée, il y a de belles histoires. Le but de cet atelier chez FIPIA, a-t-elle dit, est de donner des pistes qui permettent d’avoir un regard différent sur la personne qui vieillit et d’en finir avec les commentaires du genre : « Ils ne sont plus capables, ce n’est plus de leur temps. Il faut se dire que chaque personne âgée a encore le droit d’avoir des projets, des envies. Et c’est pour cela qu’il faut avoir le regard qui change encore. »

Certes, quand on parle de vieillir, note la professeur de gériatrie, il y a aussi le comportement qui entre en jeu. Certaines personnes âgées croient que leur vie est derrière elles alors que d’autres s’accrochent pour avoir le plaisir de voir grandir leurs petits-enfants, de s’adonner au jardinage, de voyager. « Pour se maintenir en bonne santé et vivre vieux, il faut toujours se donner rendez-vous. Quand on a une rencontre avec l’autre, cela permet de passer le temps différemment. »
Elle a insisté sur le fait que la vieillesse n’est pas une fatalité, mais une chance. « Car si on est vieux, c’est que l’on n’est pas mort et on doit être content de cette nouvelle. » Selon elle, il faut que les jeunes en prennent conscience et se préparent aussi à être vieux. Elle a soutenu que le vieillissement n’est pas une maladie, mais un processus normal de la vie, « sauf que tous ne vieillissent pas de la même manière ».

La professeur Sylvie Bonin-Guillaume a mis l’accent sur l’importance d’avoir un regard positif sur ce que l’on souhaite et poursuivre ses projets. « Cela aidera à se maintenir en vie d’une belle façon. Couplé à cela, il y a aussi des activités comme le chant, la danse, le tai-chi, la rencontre avec les autres, les échanges. Il faut dissocier la maladie du vieillissement. C’est la maladie qui nous emporte et rarement la vieillesse. Garder des projets, cela donne de l’utilité à une personne âgée. Il ne faut jamais garder une personne âgée longtemps sur un lit, les muscles fondent. Déjà à 40 ans, on peine à récupérer, imaginez à 80 ans… Dans mon cabinet médical, j’ajoute toujours sur la feuille de prescription : Sortir trois fois par jour, cela ne peut être que bénéfique pour le mental et le physique. »

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