Le Centre de la Trinité – Dix ans aux côtés des déficients intellectuels

Cela fait dix ans depuis que le Centre de la Trinité se tient aux côtés des enfants atteints de déficiences intellectuelles, plus particulièrement la trisomie et les troubles du spectre autistique. Pour célébrer les dix ans d’existence de l’association, une messe a été dite en l’église Saint-Patrick à Rose-Hill, le mois dernier, suivie d’une fête en petit comité et dans le respect des consignes sanitaires entre les membres, les bénéficiaires et les amis du centre.

- Publicité -

« Cela a été une belle aventure, emplie d’émotion, avec tout ce que cela peut contenir : des hauts et des bas, des moments de découragement ou encore de joie, de grande fierté, des doutes… Cependant, la volonté de faire quelque chose de beau et de bien pour ces jeunes ne m’a jamais manquée. Démarrer avec presque rien nous a fallu du courage et, au fil des jours, je me suis rendu compte que ma force et ma détermination pour mener à bien ma mission, qui est devenue aujourd’hui une vocation, viennent de l’amour que je porte à ces jeunes. Et croyez-moi, ils me le rendent, chaque jour, au centuple. Notre programme depuis la création du centre repose sur trois piliers : l’autonomie, la socialisation et l’intégration de ces jeunes dans la société. Nous avons toujours pu compter sur l’indéfectible soutien des parents dans le succès de ce programme qui ne pouvait être mis en place sans leur entière collaboration », confie Marie-France-Violette, la directrice du Centre de la Trinité.

Dix ans pour ce centre qui a vu le jour grâce à la détermination d’un groupe de parents

Le centre a ainsi ouvert ses portes le 17 octobre 2011 à 9, rue Raoul Félix à Rose-Hill, dans une maison familiale cédée par Gaston et Jacqueline Laurent, et sera nommé Centre Nazareth. De fil en aiguille, et avec l’aide de bons samaritains, l’association Foyer de la Trinité voit finalement le jour. « Nous avons avancé lentement mais sûrement, car il fallait respecter le rythme de nos jeunes. Nous étions comblés de joie à chaque progrès qu’ils faisaient », souligne la directrice. Plusieurs ateliers de peinture, broderie, modelage, découpage et d’assemblage de bijoux fantaisie ainsi que la danse et le yoga sont alors mis en place.

Une messe a été dite à cette occasion

22 bénéficiaires de 15 à 53 ans 

Et en 2017, l’association finit par bénéficier du soutien du ministère de l’Égalité des Genres. « Cela nous a permis de louer une maison plus spacieuse car, au fil des années, le nombre de bénéficiaires a augmenté de manière significative. Nous avons aussi pu offrir un salaire à nos éducateurs, notre personnel et nous payer les services d’un psychologue et d’un ergothérapeute, qui sont essentiels à l’accompagnement des personnes souffrant de déficiences intellectuelles », ajoute Marie-France-Violette. En 2018, l’institut change de nom et est baptisé Centre de la Trinité.

Aujourd’hui, le centre compte une trentaine de membres, quatre éducateurs à plein temps et deux autres à temps partiel, un comptable, un technicien de surface, un jardinier, une directrice et 25 bénéficiaires, notamment neuf garçons et 16 filles âgés entre ente 15 et 53 ans. « Je tiens à remercier tous ceux qui nous aident chaque jour pour assurer le bon déroulement du centre, notamment nos bienfaiteurs, des amis du centre, comme j’aime les appeler. Ils sont toujours à nos côtés. »

Elle conclut qu’ « aujourd’hui, le centre opère principalement grâce à l’aide du CSR, des parents, de généreux donateurs. Ces jeunes ont besoin d’être accompagnés ; ils ont fait d’énormes progrès au fil des années. Cependant, les fonds ne sont pas suffisants, un montant de quelque Rs 100 000 étant nécessaire chaque mois pour faire fonctionner le centre. Avec la pandémie de Covid-19, aucune levée de fonds n’a pu être organisée durant ces deux dernières années. Nous lançons donc un humble appel à sponsors : toute forme d’aide est la bienvenue pour nous aider à poursuivre notre combat au nom de l’amour ! »


Marie-France Violette, une maman courage

Marie-France Violette et sin fils

Cette bataille, Marie-France Violette l’a d’abord menée pour son fils, Lucas, trisomique. À 67 ans, la directrice du centre compte pas s’arrêter en si bon chemin. Mariée à Judex, président de l’association Foyer de la Trinité, et mère de deux fils, Laurent et Lucas, la sexagénaire travaillait dans l’hôtellerie lorsqu’il y a 28 ans, sa vie a basculé. « Nous n’étions pas préparés, mon époux et moi, à accueillir un enfant différent. Mais avec beaucoup d’amour, de patience et de persévérance, nous avons pu l’aider à développer son potentiel tout en respectant son rythme. Aujourd’hui, Lucas est très autonome, il a confiance en lui, peut voyager seul et gérer ses petits problèmes. Cela fait quatre ans qu’il a quitté le centre et a intégré le monde professionnel. Il travaille dans un supermarché et tout se passe bien, car il est très discipliné. Il sait aussi cuisiner et mène une vie tout à fait normale comme d’autres jeunes de son âge. Lucas est un vrai boute-en-train qui rend toutes les personnes de son entourage heureuses », confie-t-elle. « Si c’était à refaire, je ne vois pas ce que je ferais de mieux. J’y ai mis tout l’amour que je pouvais, de manière tout à fait désintéressée. Mon seul souci aujourd’hui c’est la relève. Puis, en tant que parents, nous nous inquiétons de savoir ce que deviendront nos enfants après notre départ. Il n’y a pas de foyer d’accueil pour les personnes adultes atteintes de déficience intellectuelle », dit-elle. Marie-France Violette fait aussi partie d’un mouvement international pour les personnes atteintes de déficience intellectuelle « Foi et Lumière », dont elle est la vice-coordinatrice internationale.


Geneviève Chinasami et son amour pour Natacha

Geneviève Chinasami et sa fille Natasha

« Je ne peux vivre sans ma fille ! » confie Geneviève Chinasami, 62 ans, maman de Natacha, sa cadette âgée de 28 ans, née aveugle et atteinte de surdité. Bénévole pendant de nombreuses années au centre, Geneviève Chinasami a tout fait pour l’épanouissement de sa cadette et lui offrir tout l’amour dont elle avait besoin. « Le médecin ne m’avait rien dit à l’époque. Nous l’avons su lorsque Natacha ne réagissait pas aux bruits, pourtant assourdissants », confie-t-elle. Deux ans après, la petite fille sera prise de convulsions et aura un retard psychomoteur depuis. « Natacha ne parle pas, n’entend pas et réagit comme une petite fille. Elle est souvent dans sa bulle et est sujette à des crises de nerfs. Dans son précédent centre, elle passait ses journées sur un matelas. Et puis, un jour, une personne m’a parlé du Centre de la Trinité, auparavant Nazareth, en des termes des plus élogieux et j’ai décidé d’y inscrire ma fille. À ma grande surprise, c’était Marie-France Violette, que je connaissais déjà, qui le dirigeait », ajoute Geneviève Chinasami. « Je n’oublierai jamais les paroles bienveillantes de Marie-France à ce moment-là : Donnons-lui sa chance. Et c’est une réelle chance qu’elle a donnée à mon enfant, mais aussi à ma famille, puisque Natacha n’est plus la même. Elle est plus épanouie, se mêle aux autres, elle qui était souvent dans son monde, participe à certaines activités, même si c’est juste en tant que spectatrice. Je ne remercierai jamais suffisamment la directrice pour cela », dit-elle

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -